Affaire CIH C'est avec un double intérêt que la Cour spéciale de justice a retardé l'examen de l'affaire du CIH. D'une part, à cause du sous-effectif des magistrats dont souffre la juridiction, et d'autre part, pour laisser le temps nécessaire aux avocats de préparer leur défense. Prochaine audience, le 2 juin 2004. Second report du procès du scandale du CIH. Présentée à la Justice au début du mois de janvier 2004, l'affaire a été ajournée au 2 juin 2004. Décidément, la Cour Spéciale de Justice ( CSJ ) n'a pas suffisamment de moyens et d'effectifs pour instruire et examiner plusieurs dossiers à la fois. C'est au coup par coup que cette juridiction d'exception traite les dernières affaires avant sa dissolution. Les quelques magistrats que compte la CSJ sont débordés et préfèrent se focaliser sur l'affaire Erramach & Co, en cours, qui entame sa dernière ligne droite. Une fois achevée, confie une source judiciaire, la CSJ se consacrera au dossier CIH et à l'audition des 18 accusés en liberté provisoire. En effet, ajoute la même source, le procès a été également reporté par la CSJ qui tenait une deuxième audience le mardi 16 mars dernier, en réponse à la requête de la défense des accusés qui avait demandé à pouvoir disposer d'assez de temps pour étudier l'ordonnance de renvoi du juge d'instruction établie au sujet de l'affaire. C'est donc avec un double intérêt que la CSJ a retardé l'examen de l'affaire du CIH. D'une part, à cause du sous effectif dont souffre la juridiction, et d'autre part, pour laisser le temps nécessaire aux avocats de préparer leur défense. Au jour de la deuxième audience, la majorité des accusés avaient d'ailleurs répondu présents à l'exception de trois, en fuite à l'étranger, qui se verront appliquer une procédure par contumace. Il s'agit de Moulay Zine Zahidi l'ex-Pdg du C.I.H, Ahmed Skalli et Naïma Houyam. Un quatrième accusé, Othmane Slimani, ex-Pdg de la banque, est inscrit également aux abonnés absents pour des raisons de santé déficiente. Le reste, soit 14 prévenus, ont comparu, en liberté provisoire, devant les juges qui leur ont fixé la date de la prochaine audience pour se présenter et répondre de leurs chefs d'inculpation. En tout et pour tout, c'est la bagatelle de 14 milliards de Dhs qui a été dérobée des caisses de la banque publique. Pour rappel, l'affaire C.I.H avait éclaté au grand jour sous le premier gouvernement d'alternance avec la constitution d'une commission d'enquête parlementaire présidée par le chef du groupe FFD Rahou El Hilaa à la première Chambre du Parlement. Ses conclusions sont accablantes, à la fois pour l'organisme et pour la politique des différentes directions qui se sont succédé à la tête de cet organisme. Pendant six mois d'enquête, cette commission a pu entendre plus de 340 témoins liés d'une manière ou d'une autre à la catastrophique gestion du CIH. Ses membres ont tenu au moins 50 réunions et épluché des milliers de documents relatant notamment les péripéties de condamnables pratiques entre 1985 et 1997. Le rapport de cette commission a été finalement remis au Parlement en janvier 2001 suscitant une grande indignation au sein de l'opinion publique. Les résultats de ce rapport sont des plus édifiants : le CIH, conclut la commission, accuse à l'époque un déficit de 14 milliards de dirhams. L'établissement bancaire est arrivé à cette situation à cause de longues années de falsifications des écritures bancaires, de crédits accordés sans la moindre garantie. Des crédits auraient aussi été consentis à des projets fictifs ou qui n'auraient rien à voir avec l'activité du C.I.H, entre autres. Gravement déficitaire, le CIH aurait continué à distribuer des bénéfices fictifs jusqu'en 1997... Les investigations judiciaires dans le cadre de cette affaire, après un rapport de l'Inspection générale des finances, ont été déclenchées en juillet 2002. À l'origine, les poursuites concernaient 37 personnes dont 19 ont finalement été "blanchies" alors que 18 feront l'objet du procès qui démarrera en début du mois de juin prochain.