Aménager, valoriser, conserver, intégrer, et gérer le site archéologique de Lixus. En ce début d'année 2010, le ministère de la Culture semble déterminé à prendre le taureau par les cornes et à redonner toute sa place historique et touristique au site romain. Lixus est la plus ancienne ville du Royaume, selon des documents officiels. Pour cela, le ministère de la Culture dépensera 8,4 MDH pour nettoyer, clôturer et disposer une signalétique digne de ce nom sur le site romain de Lixus à 3 km au nord Celui-ci s'étend sur 62 hectares. Avec Volubilis, Lixus est le site le plus important et le plus emblématique du Maroc romain. Cet intérêt soudain pour les «vieilles pierres» est notamment motivé par la réalisation du site touristique et balnéaire de Port-Lixus, un projet démarré par la société belge Thomas et Piron et racheté l'an dernier par le promoteur marocain Alliances Développement. La station touristique et balnéaire, qui s'étendra au terme du projet sur plus de 500 hectares, doit livrer ses premières villas en mai 2011, selon de nouvelles dates fournies par les responsables du groupe. Le site de Port-Lixus, qui comprendra une marina, est situé sur la rive Est de l'embouchure du fleuve Loukkos. Il est délimité par la route nationale 1 et la route secondaire qui mène à la plage de Ras Rmel. Ainsi, 95% des travaux de la première tranche sont réalisés et le site a eu droit il y a 5 semaines à une visite du ministre du Tourisme Yassir Znagui. La première partie comptera un hôtel 4 étoiles et 80 villas récemment redimensionnées à des surfaces habitables inférieures à 160 m2. Les premiers 9 trous du golf de Port-Lixus sont ouverts aux amateurs depuis l'été 2009. La gestion du site devra assurer une fréquentation compatible avec sa conservation et mettre en œuvre une démarche marketing de produits du tourisme culturel. Le business de l'histoire et des vieilles pierres est quelque chose qui marche : à Versailles (Paris) comme à l'Alhambra (Grenade) aujourd'hui, il faut réserver sa visite des semaines à l'avance. Un tel projet mérite l'effort à consentir, même s'il faut parfois aller chercher des deniers publics et des sponsors pour boucler les budgets. La démarche écologique est affirmée dans un document officiel du ministère de la Culture. «Tous les aménagements se feront dans le respect de l'environnement naturel. Le site surplombe l'oued Loukkos et ses marais salants», rappelle-t-on. «Le nom même de la colline, Tchoumich, incite à utiliser le solaire comme énergie». Le projet est dirigé par l'architecte-urbaniste Catherine El Mrabet. Bribes d'histoire Le site archéologique de Lixus est réputé pour ses temples qui datent des années 42-43 de l'ère chrétienne, du temps de l'empereur Claude. C'est sous son règne que Lixus, qui s'étend sur un peu moins de 100 hectares au sommet d'une colline, a connu un important développement économique et urbanistique. Lixus domine en effet la vaste plaine du Loukkos et ses champs fertiles d'un côté. De l'autre, elle surplombe les plaines agricoles du littoral, l'embouchure du fleuve et le port. Agriculture et pêche dominent l'économie régionale depuis des millénaires. Les premiers vestiges du site remontent au 8e siècle avant Jésus-Christ. Selon la légende, Lixus était située aux confins du monde connu, là où Hercule cueillait les pommes d'or du jardin des Hespérides. Dans le quartier des temples, des édifices religieux ont été identifiés, en particulier un sanctuaire, de même que des maisons et un quartier d'artisans. Des bains sont également reconnaissables sur place. L'amphithéâtre de Lixus est identique à celui de Fréjus dans le Var, en France. C'est à la suite de la crise du IIIe siècle de l'empire romain et de l'évacuation du sud de la Tingitanie que la ville s'entoure d'une enceinte, construite au IVe siècle. Le site abrite également les vestiges d'une ancienne mosquée et d'un riad datant de l'arrivée des premiers musulmans au sud de Tanger, il y a 15 siècles.