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Le Maroc des régions : Sites archéologiques de la région de Tanger-Tétouan
Publié dans Albayane le 25 - 08 - 2010

Le mois sacré du Ramadan est toujours l'occasion pour toutes les publications, indépendamment de leur périodicité, de se mettre au goût de cette période propice au recueillement et à la spiritualité. La lecture est généralement l'activité la plus prisée.
Dans ce sens, nous avons choisi de faire un voyage à travers l'histoire des régions du Royaume en dressant le profil à travers le temps d'un certain nombre de villes marocaines. L'histoire du Maroc qui remonte à plus de douze siècles se révèle être l'une des plus riches et des plus fécondes que l'humanité ait connues. Nous commencerons durant ce mois sacré par le circuit des villes impériales en évoquant certaines de leurs particularités historiques, architecturales et urbanistiques. Il en sera ainsi des principales étapes qui ont marqué l'itinéraire à travers le temps des villes des seize régions du royaume.
Les sites archéologiques de la région de Tanger-Tétouan représentent les différentes époques qui ont marqué l'histoire de cette partie du Royaume, à savoir la préhistoire, l'antiquité et l'époque islamique. Cette diversité permet d'apprécier l'importance de la contrée Nord-Ouest du pays. De par leur situation dans des zones périurbaines, balnéaires et rurales, ces sites confèrent une originalité architecturale, historique et paysagère à la région tout entière.
La nécropole de Marchan
Il s'agit d'une nécropole punico-romaine située au Nord-est de la ville de Tanger, à 450 m des remparts de la ville ancienne sur un plateau rocheux formant un à pic de 15 m sur la mer. Quatre-vingt-dix-huit tombes ont été exhumées, dont plus de cinquante taillées en caisson dans le roc du plateau de Marchan. Des objets de tradition punique ou néo-punique avec un matériel romain de plusieurs époques y furent trouvés. La nécropole s'étend vers le Sud, sur la rue Ibn al-Abbar (ex-paseo Cenaro) où ont été exhumées vingt-huit tombes toujours dans le roc.
Les Grottes d'Elkhil
A Achekkar, à environ 200m au Nord de la grotte d'Hercule, se situe un ensemble de trois grottes surplombant la rive droite de Oued Zitoun. La présence de l'homme au Néolithique y est attestée par l'archéologie : céramique cardiale, ossements humains, statuette féminine.
La Grotte d'Hercule
Traces de découpes de meules dans la paroi rocheuse, ayant servi de carrière depuis la préhistoire jusqu'à des époques récentes. A 15 Km à l'Ouest de Tanger, logent les Grottes d'Hercule à portail ouvert sur le grand Océan. La présence humaine dans cette grotte remonte à environ 7000 ans avant notre ère. Dans ce site, en 1930, furent découvertes les fameuses statuettes en terre cuite témoignant du culte de l'Homme néolithique tangérois. La légende raconte que c'est là qu'Hercule aurait résidé après avoir séparé l'Europe de l'Afrique. Il y sommeillait dans l'attente d'accomplir une de ses douze tâches, à savoir la cueillette des pommes d'or du jardin des Hespérides.
La Cité de Cotta
Sise près des grottes d'Hercule sur la côte atlantique. Ce site représente un point stratégique pour une navigation de cabotage. Il abrite une usine de salaison de poisson, une huilerie, un petit temple, une maison et des thermes privés. Cet établissement industriel de salaison faisait partie d'un vaste consortium qui formait le «circuit du Détroit» et regroupait plusieurs usines du Sud de l'Espagne et du Nord du Maroc. C'est l'un des établissements les mieux conservés de toute la Méditerranée occidentale.
La Iulia Constantia Zilil
Situé à 40 km environ, au Sud-ouest de Tanger, à 13 km au Nord-est d'Asila. Cette importante ville fut occupée depuis le IVème siècle avant J.-C. jusqu'à son abandon définitif au cours des années 410-430 après J.-C. Le temple antérieur est réaménagé et doublé d'un édifice sur podium, de tradition romaine. Pendant le Haut-empire (Ier-IIIème siècles après J.-C.), les temples sont agrandis prenant un aspect monumental. Dans la seconde moitié du IIème siècle après J.-C., la ville s'est entourée d'une enceinte.
Hors la ville, vers 80 après J.-C, fut construit un ensemble thermal de plan original qui atteste de la prospérité des habitants. La création la plus spectaculaire est celle d'une église paléochrétienne, à trois nefs, pourvue d'un baptistère et de diverses annexes, près de la porte ouest de l'enceinte, unique monument de cette catégorie dégagé en Maurétanie Tingitane. La ville fut détruite au début du Vème siècle après J.-C.
Le Tertre de M'zora (ou Cromlech de M'Soura) d'Asilah
L'un des plus célèbres monuments funéraires du Nord-ouest marocain. Son gigantisme rappelle les monuments mégalithiques de la Péninsule ibérique. Selon la légende, il serait la tombe du géant d'Antée, fils de Neptune et de la Terre, après qu'Hercule l'eut terrassé. Les textes anciens ne précisent pas sa date de construction.
Dchar Jdid d'Asilah
Entre 33 et 25 avant J.-C., l'empereur Auguste y installa une des trois colonies romaines de la Maurétanie occidentale : Iulia, Constantia et Zilil. Les fouilles archéologiques ont permis de dégager des quartiers d'habitation, un grand temple et un ensemble thermal.
Tamuda
Le site de Tamuda se situe à 5 km au Sud de Tétouan sur la route de Chefchaouen. L'occupation phénico-punique n'y est pas suffisamment documentée et pose toujours problème. Au IIème siècle avant J.-C., la ville de Tamuda était très florissante et largement ouverte sur son espace méditerranéen, auquel elle était rattachée par le fleuve de Tamuda (flumen tamudae des sources antiques). Vers la fin du 1er siècle avant J.-C, la ville de Tamuda subit une destruction à cause d'un incendie. Vers 40 après J.-C., lors de l'occupation romaine de la Maurétanie et la révolte d'Aedemon, Tamuda fut détruite définitivement. Au IIème siècle après. J.-C. un camp militaire défendu de tours fut construit par les romains. A la fin du IIIème siècle, ce camp fut remanié ; on y a rajouté des tours semi-circulaires aux angles et aux courtines.
Belyounech
Ce site est situé à 7 Km à l'Ouest de la ville de Sebta, sur les versants de Jbel Moussa. Il correspondait aux vestiges d'une occupation sub-urbaine liée à la ville médiévale de Sebta. Son port naturel et la richesse de son arrière pays en eau et produit naturels ont en fait une ville prospère souvent sujette aux convoitises expansionnistes ibériques. Son corpus archéologique se compose de vestiges de maisons, Hammams, mosquées, bastions et d'une al-munya mérinide, unique au Maroc, forme d'architecture palatine et de plaisance, très connu en Andalousie.
Ksar Sghir
La ville de Ksar Sghir fait partie du «cercle du détroit du Gibraltar», à mi-chemin entre Tanger et Sebta. L'archéologie confirme son importance depuis l'antiquité. Une occupation fut attestée dans la zone du site dès le 1er siècle avant J.-C. et, pendant la période romaine, une usine de salaison y fut construite. En 708-709, une forteresse portant le nom de Ksar Mesmouda existait à l'emplacement actuel du site.
Sous les Idrissides, l'établissement faisait partie de la principauté d'al-Kacem Ibn Idriss II. En 971, les Omeyyades de Cordoue tentèrent de s'en emparer après une expédition ordonnée par le Calife al-Hakam al-Moustansir.
Ksar al-Majaz est l'une des appellations ultérieures attribuées au site. Elle évoque sa fonction de port de traversée vers l'Andalousie aux temps des Almoravides (Yousouf Ibn Tachfin en 1088), des Almohades (Abu Yousouf Yaakub en 1184, al-Nasir en 1211 et al-Adil en 1225).
Sous le règne des Mérinides, Ksar Sghir se transforma en une ville-forteresse dotée d'importantes structures urbaines : enceinte circulaire, portes monumentales (Bab al Bahr, Bab Sebta, Bab Fas), mosquée, hammam, ruelles, maisons et puits. A partir de la deuxième moitié du XVème siècle, les Portugais y débarquèrent et s'emparèrent de la place fortifiée. Au début du XVIIème siècle, le site servit de port pour le débarquement des Morisques refoulés d'Andalousie. Actuellement, la ville de Ksar Sghir se compose de deux unités monumentales et urbaines : la ville marocaine et la forteresse portugaise.
Kaf Taht El Ghar de Tétouan
Grotte découverte et explorée en 1955 par Tarradell. Les sondages entrepris dans ce site, en 1984, et les compagnes de fouilles effectuées de 1989 et 1994 ont montré qu'il a été occupée durant l'époque pré et protohistorique. Elle est surtout réputée pour ses diverses occupations rattachées au Néolithique ancien cardial, au Néolithique récent, au campaniforme, à l'âge du bronze et à la période Historique.
Le Musée archéologique de Tétouan
Le matériel archéologique est riche et diversifié : céramique, amphores, mosaïques, inscriptions, stèles, éléments d'architecture, monnaies antiques, outils préhistoriques en pierre et en os, restes fauniques etc. Il renseigne sur la préhistoire comme l'histoire préislamique (phénicienne punico-maurétanienne et romaine) et islamique.
Le Musée archéologique de Larache
Inauguré, en 1973, dans un Borj construit par le Sultan mérinide Youssouf Ben Abdelhaq vers 1279. La collection présentée couvre une longue période de l'histoire du Maroc, englobant les époques phénicienne, carthaginoise, maurétanienne, romaine et islamique. L'héritage punique au Maroc jalonnera toute l'époque maurétanienne, comme l'attestent les pièces de monnaies portant l'écriture néopunique, pour se retrouver même sous les Romains. Le Maroc islamique y est aussi représenté à travers les pièces de monnaie des dynasties des Almohades et des Mérinides.
Chefchaoun : «Petite Grenade»
La médina de Chefchaouen porte une empreinte rustique des temps médiévaux. Son nom signifie en berbère «les cornes de la montagne». La cité a été ainsi nommée en raison des sommets montagneux qui la dominent.
La fondation de Chefchaouen fut instiguée en 1415 par Ali Ibn Rachid, plus connu sous le nom d'Ibn Joumaa. Son projet s'inscrivait dans un contexte de résistance locale à la conquête ibérique.
Assassiné par les Portugais, Ibn Joumaa n'a pu mener à terme son projet.
Son cousin, Abou Al-Hassan Ali Ibn Rachid, de retour de Grenade, conduisit les travaux de construction, à partir de 1471, d'une Kasbah sur les flancs du Jbel Tissouka à proximité des sources d'eau les plus abondantes de la région.
La ville fut construite, au fil du temps, dans un style architectural maroco-andalous. L'arrivée massive et successive de familles andalouses, à partir de 1492, contribua au développement démographique et architectural de la médina et lui conféra une empreinte typiquement grenadine.
Ainsi, furent dressés cinq nouveaux quartiers : al-Kharrazine, Rif al-Andalous qui a reçu les immigrés arabes venus après la chute de Grenade (1492), Rif al-Sabbanin, réputé pour ses huileries, Hawmat al Ansar et Hawmat al-Souk.
La ville de Chefchaouen demeura longtemps fermée aux Européens. Charles de Foucauld y pénétra lors de son voyage au Maroc, de 1883 à 1884, en se faisant passer pour un juif. Mais, il n'y dépassera pas une nuit.
En 1920, les Espagnoles prirent Chefchaouen qu'ils restituèrent au Maroc avec l'indépendance. L'arrivée massive de familles andalouses durant la période de la Reconquista Espagnole joua un rôle déterminant dans le développement architectural de la ville et lui conféra un cachet typiquement grenadin.
Conçue dès le départ comme une place forte, la ville de Chefchaouen se caractérise par ses sept portes qui constituaient de véritables obstacles contre l'invasion étrangère (Bab al-Suk, Bab al-Ayne, Bab al-Harmoune, Bab al-Himar, Bab al-Mahrouq, Bab Lamqaddam et Bab al-Ansar).
Au-delà de son rôle militaire, la ville de Chefchaouen a été à travers son histoire un pôle spirituel et religieux qui exerçait une influence mobilisatrice contre le danger ibérique. La ville dispose d'un important patrimoine architectural religieux ; 20 mosquées et oratoires, 11 zawiyas et 17 mausolées :
La Grande Mosquée : elle fut construite par Mohammed Ibn Ali Ibi Rachid, puis agrandie au XVIIème siècle sur l'initiative du cadi de Chefchaouen, Abou al-Abbas Ahmed Ibn al-Cherif al-Alami. Son minaret octogonal représente le style architectural typique du Nord du Maroc.
La Zaouïa Raissounia : cette confrérie a marqué la mémoire collective des populations de la région de Chefchaouen. Ali Raissouni, descendant d'une grande famille soufie, est le leader charismatique de la zaouïa.
La Zaouia al-Alamia : le leader de cette confrérie, Moulay Abdeslam Ben M'chich Alami, est considéré comme l'un des plus grands saints soufis. Ses enseignements ont formé les bases de plusieurs voies de soufisme.
L'emplacement géographique et climatique de la ville de Chefchaoun – avec ses paysages contrastés, son isolement et sa biodiversité – incite à la méditation et à la spiritualité. L'important patrimoine religieux de la ville lui a, d'ailleurs, valu le toponyme d' «El Madina Essaliha» (ou «ville sainte»). Qui plus est, ce milieu naturel très riche a favorisé une activité humaine aussi dense que variée. Plusieurs villages s'y sont fixés à diverses périodes de l'histoire du Royaume.
La Province de Chefchaouen comprend les tribus suivantes : El Akhmas, Ghomara, Sanhaja, Ghzaoua, Bni Msara et Arhouna. Son histoire est étroitement liée à celle de ses tribus qui ont marqué la région tout entière.
Larache, l'antique Lexus
Larache fut fondée par les conquérants musulmans venus d'Arabie au VIIème siècle et fortifiée à la fin du XVème siècle par les souverains de Fès.
La médina de Larache se situe à l'embouchure d'Oued Loukkos, l'un des plus importants fleuves de la Région Nord-Ouest qui se jette dans l'Atlantique. Elle présente avec le site de Lexus, un bipôle urbain qui témoigne d'une occupation humaine très ancienne.
Pendant l'époque médiévale, Larache formait déjà une grande agglomération rurale à habitat dispersé et peuplé par des résidents qui exploitaient un territoire très fertile. Depuis lors, sa fonction fut le commerce et la résistance. Le pouvoir wattaside, réalisant l'importance stratégique du site et l'absence d'une organisation défensive, y fonda une Kasbah à partir de 1491.
C'était la première manifestation architecturale qui a formé le noyau urbain de la médina de Larache. Nonobstant une dimension réduite, elle était dotée des structures nécessaires (portes, Mosquée, palais du gouverneur, quartiers résidentiels, un port, un bastion, des fontaines et des jardins) pour jouer le rôle d'une ville-forteresse assurant la résistance et le commerce.
En 1610, la ville fut occupée par les Espagnols qui la dotèrent d'une enceinte et de plusieurs ouvrages militaires pour lui assurer toutes les conditions de sécurité. En 1618, les Espagnols commémorent la fin des travaux par une inscription de fondation, aujourd'hui plaquée sur le mur du réduit La Morena.
Suite à la bataille d'Oued al-Makhazin, la configuration de la médina subira des changements grâce à l'édification de deux forteresses construites par le Sultan Sadien Ahmad al-Mansur al-Dahbi entre 1579 et 1589. Elles étaient remarquables par leur disposition architecturale et par leur emplacement.
En 1689, le Sultan Moulay Ismail récupéra Larache et la dota d'importantes structures urbaines afin de lui restituer sa fonction civile. Il la repeupla de Jbalas et de Rifains. La ville fut fortement menacée par les flottes européennes. L'attaque menée par la flotte française en 1756 est des plus célèbres. En vue de contrecarrer les dangers extérieurs, le Sultan Sidi Mohamed Ben Abd Allah renforça le système défensif en construisant un certains nombre de batteries dont les plus importantes sont celle de Bouknadel et de Sidi Allal al-Asri. Il la dota également de structures urbaines et civiles pour en faire un des ports principaux sur la façade atlantique.
Larache a vu s'accroître son activité commerciale avec l'Europe, ce qui lui a permis de loger les sièges des consulats européens. De nouveaux quartiers sont nés (quartiers Rmat et Lakbibat) et la médina posséda, dès lors, sa Grande Mosquée, son Souk Sghir, sa medersa, ses zawiyas et ses saints.
Larache possède un patrimoine architectural riche et varié qui diffère d'un quartier à l'autre : la configuration de la ville ancienne est de type arabe, tandis que les habitations de la ville moderne adoptent le style andalou, couleurs blanches et ciel azur.
Larache compte aussi de grands sites historiques, dont on peut citer notamment les ruines de Lexus.
La ville antique de Lexus est bâtie sur une colline connue chez les habitants de la région sous le toponyme de « Tchemich ». Elle se situe à environ 4 km au Nord-est de la ville de Larache, sur la rive droite d'Oued Loukkos.
Pline l'Ancien (mort en 79 après J.-C.) présente Lexus comme la plus ancienne colonie phénicienne de l'Occident méditerranéen (XIIème siècle avant J.-C.) et y place l'un des exploits d'Hercule (la cueillette des pommes d'or des jardins des Hespérides). A Lexus, les écrits anciens placent également le Palais d'Antée et son combat avec Hercule, ainsi que les jardins des Hespérides.
Vers la fin du 1er siècle avant J.-C., Lexus a connu une grande prospérité urbaine ; en témoigne la riche décoration des maisons. L'épanouissement économique permit à la ville de se doter d'un théâtre-amphithéâtre, d'une basilique judiciaire, de thermes, de temples et de demeures privées somptueusement ornées de mosaïques (mosaïque de Mars et Rhéa, mosaïque des trois Grâces, mosaïque d'Hélios, des Trois Grâces, du Cortège de Bacchus), actuellement exposées au Musée Archéologique de Tétouan.
Les récentes découvertes archéologiques effectuées dans le sondage du caroubier à Larache ont permis de repérer, pour la première fois, des structures d'époque phénicienne. La diversité et la richesse du matériel exhumé à Lexus révèle l'importance du rôle qu'a joué la ville en tant que métropole et port ouvert aux circuits commerciaux de la Méditerranée.
Vers la fin du premier siècle avant J.-C., Lexus va assister à une phase de « prospérité » urbaine attestée par des restes d'enduit peint découverts sur plusieurs murs et dans les remblais. Sous le règne de Juba II et de son fils Ptolémée, Lexus a connu une période de prospérité et un développement urbain sans précédent qui se reflète dans le complexe du quartier des temples.
A partir de 42 de l'ère chrétienne, sous le règne de l'empereur Claude, Lexus devient une colonie romaine. La pêche et les industries de salaisons en ont fait une métropole économique en Méditerranée occidentale. La ville se dote à cette époque de plusieurs monuments publics (théâtre-amphithéâtre, thermes, temples) et de demeures privées ornées de fresques et de mosaïques (mosaïque de Mars et Rhéa, mosaïque des trois Grâces, mosaïque d'Hélios).
Ibn Batouta : le «prince des voyageurs»
Mohamed Ben Abdellah Ben Mohamed Ben Ibrahim Ben Mohamed Ben Ibrahim Ben Youssef Abou Abdellah Ibn Battouta Al-Luwati At-Tanji, dit Ibn Batouta, est né à Tanger le 17 rajab 703, soit le 24 février 1304, et la date de sa mort est située vers 1369.
Curieux et ouvert sur le monde, Ibn Batouta s'est rendu célèbre par ses voyages, de 1325 à 1353, qui l'amènent de Tombouctou au Sud à Bulghar (en actuelle Russie) au Nord ; de Tanger à l'Ouest à Quanzhou en Extrême-Orient. Il a visité «Dar el Islam» sur trois continents ; Asie, Afrique et Europe (Constantinople et Grenade), parcourant 120.000 km en 28 ans de voyages.
Ibn Batouta s'est rendu en pèlerinage à la Mecque à quatre reprises entre 1326 et 1349. Il a séjourné en qualité de cadi huit ans à Delhi, dix-huit mois aux Iles Maldives et deux ans en Afrique Noire.
La figure d'Ibn Batouta est souvent comparée à celle du commerçant vénitien, Marco Polo, qui explora la Chine et la Mongolie au XIIIème siècle. Toutefois, il faut préciser que, tandis que Marco Polo explora des contrées inconnues pour des raisons commerciales, les voyages d'Ibn Batouta étaient mus par une volonté de découverte, de connaissance et de compréhension du monde.
L'expansion de l'Islam et de la langue arabe facilitèrent les déplacements d'Ibn Batouta. Il en va de même du développement du commerce ; en effet, le voyageur tangérois se joignait souvent à des caravanes ou embarquait sur des vaisseaux de marchands musulmans. Il exerçait souvent la fonction de conseiller auprès des personnalités qu'il rencontrait au cours de ses périples.
Sur ordre du Sultan mérinide Abou Inan à Fès, Ibn Batouta a dicté le récit de ses voyages au lettré andalou Aboû Abd Allah Mohammed. L'ouvrage ainsi rédigé a pour titre : «Cadeau précieux pour ceux qui considèrent les choses étranges des grandes villes et les merveilles des voyages» (Tuhfat al-nuzzar fi ghara'ib al amsar wa-‘adja'ib al-asfar). Par l'ampleur du champ parcouru et les qualités du récit, il constitue une des œuvres de la littérature universelle.
Le 08 juin 2004, au siège de l'UNESCO à Paris, se sont réunis académiciens, historiens, géographes, économistes et experts internationaux pour célébrer le 7ème centenaire d'Ibn Batouta. Cette commémoration, qui a bénéficié du Haut Patronage de SA Majesté le Roi Mohammed VI, a été l'occasion de marquer la reconnaissance de la dimension internationale de ce grand voyageur marocain.


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