Une journée d'étude sur l'importance de la constitutionnalisation du sport, en tant que droit reconnu à tout citoyen et son intégration dans le projet de régionalisation avancée, a eu lieu vendredi dernier au siège du ministère de la Jeunesse et des sports à Rabat, au cours de laquelle les fédérations sportives ont tout fait pour faire entendre leur voix auprès du Conseil économique et social (CES), avec comme soutien leur ministère de tutelle. «En tant que mouvement sportif, nous sommes plus ou moins surpris d'avoir été exclus de cette dynamique. Pourquoi les différentes commissions ayant en charge et la révision de la Constitution et celle de la régionalisation n'ont fait appel ni au mouvement sportif ni aux différentes fédérations sportives qui sont en charge directe de la gestion du sport ?», déplore Mohamed Belmahi, président de la Fédération royale marocaine de cyclisme et coordonnateur du comité de préparation de cette journée d'étude. Pour le mouvement sportif, c'est l'occasion ou jamais d'introduire le sport dans la Constitution et dans le projet de régionalisation avancée. Pour faire vite, une lettre devrait être adressée au CES dans les jours qui viennent, une fois les recommandations arrêtées. Peu de fédérations Parmi les points soulevés par les différents intervenants, figurent également la mise en place d'un conseil supérieur ou d'un observatoire national du sport et la représentativité au sein du Parlement. Seulement voilà, pour plaider leur cause, les fédérations ne sont pas venues nombreuses. «Le bateau est là et il va naviguer. Nous sommes obligés de prendre ce bateau à condition que tout le monde rame dans le même sens de manière à ce que notre but soit la Constitution. Si une partie rame dans un sens et l'autre rame dans l'autre sens, on ne va pas avancer», explique pour sa part Saïd Bouhajeb, président de la Fédération royale marocaine de rugby, pour qui l'essentiel c'est de s'imposer. S'imposer passe par la création d'un lobby sportif. «Je crois qu'il est en train de se créer. À chaque fois il était bloqué par les responsables du sport parce qu'ils avaient peur», ajoute ce dernier. «Il y a une dynamique et il faut l'encourager» : Mohamed Belmahi : Président de la Fédération royale marocaine de cyclisme. Les Echos quotidien : La journée d'étude sur l'importance de la constitutionnalisation du sport a mobilisé plusieurs fédérations. Quels en sont les contours ? Mohamed Belmahi : Cette journée a été organisée par les différentes fédérations afin de discuter de la constitutionnalité du droit au sport. Un des droits de l'homme auquel a appelé le Roi Mohammed VI dans sa lettre royale lors des assises de Skhirate 2008. Ajouter à cela la charte de l'Unesco, dont le Maroc est l'un des pays signataires. Une charte qui rappelle bel et bien que tout être humain a le droit au sport et les Etats ont l'obligation de faciliter la pratique sportive dans les différents pays qui sont membres. Plus encore, un certain nombre de Constitutions dans le monde stipulent que le sport est l'un des droits de l'homme. Vous réagissez aujourd'hui en tant que force de proposition, le but étant de s'aligner sur les pays développés. Croyez-vous que les fédérations soient prêtes ? Les fédérations sont prêtes. Notre réaction est motivée par notre souci d'améliorer cette ascension et à ce que le sport trouve sa place. C'est quand même aberrant que le budget du ministère de la Jeunesse et des sports ne dépasse pas 0,7%, même pas 1% du budget national ! Notre réaction est, donc, motivée par notre souci de modernisation et de reconnaissance envers nos élites, envers ceux qui ont donné et qui peuvent encore donner. Il faut reconnaître leur apport au développement durable et continu de la population marocaine, notamment celui des sportifs. Nous avons l'impression que tout cela s'est fait dans la précipitation... C'est vrai que les commissions désignées pour la révision de la Constitution et de la régionalisation se sont faites dans la précipitation, mais le mouvement sportif est prêt. Nous avons notre mémoire. Elle est déjà écrite. Depuis belle lurette, nous demandons à ce que le mouvement sportif soit impliqué dans cette dynamique. Et si cette journée est là, c'est pour marteler et dire que nous existons en tant que sportifs de pratique. Il y a 250.00 Marocains qui pratiquent le sport, mais la majorité ne sont que des spectateurs attentifs. Et nous ne voulons pas que les Marocains regardent uniquement les équipes étrangères, il faut qu'ils suivent aussi les élites marocaines. Depuis 1965, aucun Marocain n'a remporté le Tour du Maroc. Cette année, le Maroc a gagné son tour. Cela veut dire qu'il y a un travail en profondeur, nous avons gagné en tennis, en hand, en basket, nous avons même une qualification olympique, en la personne de Sara El Bekri. Donc, il y a une dynamique et il faut l'encourager, ne serait-ce que par la mise en place d'un conseil national du sport, la représentativité au sein du Parlement en plus de la constitutionnalisation du sport, à l'instar des autres pays qui nous ont devancés, la Suisse, la France, la Roumanie, la Corée du Sud, les Etats-Unis...