Les participants à un colloque tenu vendredi soir à Casablanca ont mis l'accent sur la nécessité urgente de constitutionaliser le sport en tant que droit reconnu à tout citoyen et son intégration au sein du projet de la régionalisation élargie comme levier du développement humain. Ce colloque, initié sous le thème "Le sport au centre de la régionalisation élargie", a pour but d'enrichir le débat national autour de la constitutionnalisation du sport et de mettre la famille sportive au cÂœur de la gestation politique déclenchée par le discours royal historique du 9 mars dernier. Dans ce contexte, le président de l'Association marocaine de la presse sportive (AMPS), M. Badreddine Idrissi a estimé que la consécration constitutionnelle du droit au sport n'est pas une fin en soi, mais plutôt un prélude d'une action nationale profonde". Ce droit, a-t-il poursuivi, doit devenir l'un des fondamentaux de la structure générale de l'Etat, appelant à faire renaître de ses cendres le Conseil supérieur du sport et à créer des conseils régionaux, qui sont parmi les défis de la régionalisation élargie escomptée. Il a, à cet égard, mis en exergue la nécessité de la présence du sport dans la conception actuelle de la régionalisation afin de faire face aux défis actuels et futurs de cette activité sociale, qui influence considérablement le secteur économique ainsi que le développement national, régional et provincial. "L'accent doit être focalisé sur la mise en Âœuvre du droit au sport et son rapprochement du citoyen, à travers la mise en place des installations sportives de base, la mise en valeur de leur rôle dans les plans de développement et l'adoption d'une stratégie pour la prise en charge des élites sportives au Maroc, l'objectif étant la confection d'une pyramide équilibrée du sport national, dont les régions constituent la base", a-t-il conclu. De son côté, l'ex-joueur du Raja de Casablanca, Dr Mustapha Behlioui, membre des conseils de la ville et de la région du Grand Casablanca, a passé en revue les efforts consentis afin de palier au manque constaté au niveau des installations sportives de base et des terrains de proximité dans la capitale économique du Royaume, mettant l'accent sur l'obligation d'accorder à ce secteur vital tous les fonds nécessaires. Pour sa part, le chercheur universitaire Moncef El Yazghi a rappelé l'urgence de faire renaitre le Conseil supérieur du sport et de créer des conseils régionaux avec l'adoption d'une stratégie sportive à long terme, notant que le nombre des licenciés ne dépasse guère les 290.565, pour une population de 32.104.000 habitants (0,91 pc). Dans ce cadre, il noté le recensement d'une seule unité sportive pour 28.000 habitants au niveau national et pour 50.000 habitants au niveau régional. M. El Yazghi a attiré l'attention sur la marginalisation du sport dans les budgets des collectivités locales, ne lui consacrant qu'un investissement minime de 10 milliards de dirhams (sur un total de 214 milliards DH). Le sport n'est pas représenté au sein du conseil économique et social ni inséré dans le projet de régionalisation élargie, a noté, de son côté, M. Mohamed Belmahi, président de la Fédération royale marocaine de cyclisme, estimant que le sport a toujours été enraciné dans le projet sociétal marocain. Ainsi, le projet de loi organique du conseil économique et social ne doit pas perdre de vue ce secteur vital, a-t-il ajouté. A cet effet, M. Belmahi a rappelé que le collectif des fédérations sportives nationales a présenté un mémorandum à la commission consultative chargée de la révision de la constitution, reflétant l'intégration totale du mouvement sportif marocain dans le processus de consécration constitutionnelle du droit au sport, comme secteur contribuant au développement humain et social.
Cette initiative vise l'élaboration d'une nouvelle vision devant garantir les droits fondamentaux (économiques, sociaux et sportifs) de toutes les composantes de la société, l'adhésion à la dynamique enclenchée par la révision de la constitution et l'investissement dans ce projet capital pour le devenir du Maroc. Intervenant à cette occasion, Mohamed El-Amrani, président du Conseil régional de développement sportif de la région Tadla-Azilal, s'est arrêté sur l'expérience de cette institution, unique au Maroc, mettant en exergue les programmes sportifs élaborés sur la scène régionale, inspirés, a-t-il dit, des recommandations des assises nationale sur le sport et qui insistent sur le rôle de la région en tant que levier essentiel de la stratégie nationale du sport. A court terme, l'action de la wilaya et du conseil s'articule, a-t-il ajouté, autour de l'activation des contenus des 12 conventions signées, en mai 2009, avec le ministère de la Jeunesse et des sports pour un budget d'environ 10 milliards de centimes et le projet de réalisation d'un village olympique à Béni Mellal et deux stations, l'une pour l'entraînement et la préparation des sportifs à Tamda (à 2.400m d'altitude) et l'autre pour le patinage sur glace à Azerki (Azilal). Il s'agit également du projet d'une convention relative à la création d'un établissement réservé aux jeunes sportifs (collège et lycée) et qui devra être consacré, dans un premier temps, à trois disciplines seulement (athlétisme, football et tennis de table). Pour sa part, le professeur universitaire Abderrahim Gharib a mis l'accent sur l'importance de la constitutionnalisation du sport, rappelant le contenu du message royal adressé aux participants aux assises nationales sur le sport à Skhirat, dans lequel le Souverain a consacré la pratique sportive comme un des droits fondamentaux du citoyen. Insistant sur le rôle qui revient aux collectivités locales dans le domaine des infrastructures sportives, il a fait part des résultats d'un sondage effectué auprès de 1.000 élèves, âgés de 16 à 23 ans sur le territoire de la province d'Anfa à Casablanca. Cette étude a révélé que 56 pc des sondés sont privés de terrain de foot, 71 pc n'ont pas accès à des salles de basketball et 86 pc manquent de circuits d'athlétisme. Il a également constaté l'absence de programmes sportifs chez la plupart des partis politiques, appelant à la diffusion des valeurs du sport. Ce colloque a également été marqué par la présentation du contenu de la note soumise par l'AMPS, avec les recommandations de la journée d'étude, organisée le 15 avril, sur la constitutionnalisation du droit au sport, à la commission consultative en charge de la révision de la Constitution. Cette note insiste, entre autres, sur la nécessité de séparer les départements de la jeunesse et du sport, d'assurer le sport d'une certaine indépendance, de créer un conseil supérieur aux sports, de conseils régionaux et d'un fonds national de soutien au sport, d'activer les nouvelles règles de la loi sur l'éducation physique et le sport et d'opter pour des processus sport-étude au sein d'académies sportives créés spécialement à cet effet.