Un groupe de députés istiqlaliens au Parlement a déposé, mercredi, une question orale sous le numéro 1944, portant sur les droits des familles des soldats marocains portés disparus lors de la guerre civile espagnole. La question était adressée directement à Taieb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères et de la coopération. Parmi les représentants initiateurs de ce débat parlementaire, on retrouve Hamid Chabat, qui porte aussi la casquette de Secrétaire général de l'Union générale des travailleurs marocains (UGTM). Selon Abdeslam Boutayeb, président du Centre marocain de la mémoire commune et de l'avenir (CMCA), «cette question est très importante et mérite d'être posée devant les élus au Parlement marocain. Néanmoins, c'est une réaction tardive des partis politiques par rapport à nos revendications, puisque cette question avait déjà fait l'objet d'une correspondance au Premier ministre, Abbas El Fassi. Malheureusement, elle est resté lettre morte, alors des parlementaires de l'Istiqlal la posent aujourd'hui». En effet, au cours du mois d'octobre 2008, le CMCA avait appelé à rétablir la vérité sur des dizaines de milliers de Marocains disparus pendant la guerre civile espagnole (1936-1939). C'est un des grands problèmes qui restent en suspens entre le Maroc et l'Espagne. «Je pense que les deux pays doivent réfléchir calmement à résoudre ce problème», affirme Boutayeb. Une question réduite au cas des «regulares» Selon le CMCA, il existerait plusieurs catégories de Marocains victimes de la guerre civile espagnole: les engagés volontaires, les engagés de force, les enfants enrôlés ainsi que les victimes du régime franquiste lors de la présence coloniale espagnole dans le Nord marocain. Selon une source parlementaire, la question des députés istiqlaliens ne concerne que les soldats «regulares» (Forces régulières indigènes), portés disparus dans les combats, car ils étaient considérés comme des soldats réguliers et donc fonctionnaires de l'Etat espagnol. L'interrogation soulevée par les parlementaires marocains mercredi, n'est pas une simple affaire. Cette question est d'une extrême importance en Espagne, même aujourd'hui. L'image négative des Marocains dans l'imaginaire collectif espagnol est toujours omniprésente, suite à leur participation à la guerre civile. Pour l'historienne espagnole María Rosa de Madariaga, «le nombre de recrutés au cours de ces trois années de guerre est évalué à environ 80.000 personnes». Ces chiffres sont puisés dans les archives de la Délégation des affaires indigènes à Tétouan.