L'ONE (Office national d'électricité) ne fait pas dans le social pour étendre son réseau électrique. C'est la conclusion de Karima Chekkouri, une jeune femme qui a monté une petite entreprise de poterie à la sortie de la ville Safi. Elle utilise des générateurs pour son unité «Safi Artisanat» à quelques 700 mètres des poteaux électriques. La croisade perdure depuis bientôt 2 ans. L'activité assure pourtant de l'emploi permanent à 9 personnes et jusqu'à 14 lors d'une grosse commande. L'Office exige 300.000 DH pour le raccordement au réseau national. «C'est presque le montant de mon investissement», dit Karima. Cette dernière est passionnée de céramique depuis sa tendre enfance. «Travailler l'argile est une création artistique», note-t-elle. Agée aujourd'hui de 27 ans, elle semble déjà maîtriser toutes les ficelles de son métier en comparaison avec l'âge de ses ouvriers. Elle connaît les secrets du travail de la pâte d'argile qui est ensuite confiée à un tourneur. Elle explique avec détails les différentes cuissons, les conceptions, l'émaillage et autres. Enfant, elle assistait son grand-père maternel et sa mère dans des ateliers familiaux et dans une petite boutique à la Colline des potiers. Pourtant, ses études et son baccalauréat TGC (Techniques de gestion comptable) au lycée El Khaouarizmi de Safi, ne la prédisposaient pas à un tel métier. D'autant plus qu'elle est aussi titulaire d'un diplôme d'hôtesse d'accueil de l'école hôtelière d'El Jadida. Elle a fait un bref passage au Riad Al Madina à Essaouira. Mais, Karima a tout abandonné pour retourner à Safi et faire ce qui lui tenait le plus à cœur: la céramique. «J'étais loin de penser que ce serait aussi difficile de monter sa propre affaire», dit-elle. Elle s'est installée sur un terrain de 640 m2, depuis janvier dernier. L'espace est un héritage de son grand-père maternel, sur le territoire de la commune rurale de Saadla, à quelques kilomètres de Safi près du lac du barrage Sidi Abderrahmane Ben Massaoud. Pour monter son affaire, elle a été encadrée par le CRI Doukkala-Abda dans le cadre du programme Moukawalati, ce qui lui a permis d'obtenir des fonds auprès d'une banque. Sa plus grande fierté est son four à gaz. «Le four traditionnel consomme beaucoup de bois et n'assure pas un bon produit», fait-elle remarquer. Chekkouri prospecte le marché pour faire de l'export. Mais son ambition pour faire de la grande production est freinée par l'absence d'une installation électrique. Les deux groupes électrogènes occasionnent très souvent des dégâts. «Il faut régulièrement changer des pièces (des plaques réfractaires) d'une valeur unitaire de 1.500 DH», se désole Chekkouri.