Le tissu entrepreneurial digital a nettement évolué à travers la mise en place de programmes d'appui et d'accompagnement pour stimuler cet élan qui a fini par démontrer que le Maroc foisonne d'idées innovantes. Toutefois, le cadre réglementaire encore rigide et le régime fiscal doivent suivre cet engouement qui promet. Elle est considérée comme étant un catalyseur majeur du développement socioéconomique. Il s'agit de l'activité entrepreneuriale. Un écosystème que le Maroc a toujours voulu propulser depuis belle lurette. Maints programmes ont vu le jour pour soutenir les porteurs de projets, mais sans pour autant atteindre l'objectif escompté. Pour n'en citer qu'eux, le programme Moukawalati et Jeunes entrepreneurs ont été un véritable fiasco. Toutefois, la donne a changé lorsque le développement technologique a fait son entrée, ce qui a laissé le champ ouvert à des opportunités pour de nouvelles activités entrepreneuriales innovantes, et, par ricochet, à la prolifération de startups, lesquelles apportent des solutions en phase avec l'évolution du marché. Une dynamique sans précédent Une démarche que le Maroc a adoptée à bras le corps en mettant à disposition des porteurs de projet des programmes d'amorçage susceptibles de les accompagner avant même le lancement. Une étape cruciale qui n'était pas prodiguée auparavant et qui s'avère être un des facteurs d'échec des programmes antécédents. L'approche s'est démocratisée, et bien des incubateurs et des fonds d'amorçage, notamment publics, se sont ralliés à la cause et c'est la mise en place du fonds Innov Invest, lancé en 2017, par Tamwilcom (ex-Caisse centrale de garantie), qui a ouvert la brèche. Un tournant dans l'écosystème de startups qui a insufflé une véritable dynamique, eu égard aux difficultés d'accéder au financement. «Tamwilcom a fait énormément pour cet environnement, que ce soit en termes de financement ou de finding des structures d'accompagnement. C'est elle qui a permis de disposer d'un écosystème assez structuré avec trois fonds actifs sur le capital amorçage risque et avec également 16 structures d'accompagnement labélisées. Il faut retenir que l'on revient de très loin. Le Maroc n'était pas présent sur l'échiquier mondial alors qu'aujourd'hui on parle de la place marocaine. Des investisseurs étrangers viennent au Maroc pour s'intéresser à des startups. On commence à être remarqué par l'expertise de gestion des fonds d'investissement, mais également par le talent de nos entrepreneurs», témoigne Dounia Boumehdi, directrice général de Maroc Numeric Fund. En effet, des startups marocaines se sont illustrées et ont bien réussi leur internationalisation. Des entraves persistent Néanmoins, en dépit des efforts, le Maroc traîne encore les pieds comparativement à nos voisins africains en matière de montants levés par l'écosystème de startups. Des indicateurs internationaux montrent que le pays occupe la 6e place à l'échelle continentale, en 2022. Cependant, de 2021 à 2022, l'écosystème entrepreneurial marocain a connu une baisse des financements. Les levées de fonds des startups se sont chiffrées à 18 millions de dollars, en retrait de 36% durant ladite période. Des données plus récentes affichent une dynamique plus importante. D'après les données de la plateforme opérant dans l'accélération de l'entrepreneuriat dans la région MENA, WAMDA, le Maroc s'est positionné 5e en termes de valeur des investissements à fin février 2023 avec des levées à hauteur de 5 millions. Et c'est l'Egypte qui se classe en tête de peloton en termes de valeur d'investissements avec un total de 422 milliards de dollars levés, suivie de l'Arabie Saoudite avec 316 milliards de dollars. Pour ce qui est du nombre d'investissements attirés, 5 startups marocaines ont réussi à lever des fonds, sur un total de 48 projets, plaçant le Royaume au 4e rang sur ce volet. L'Egypte vient en tête à ce niveau, avec 16 startups. En somme, les statistiques indiquent que l'écosystème entrepreneurial de la région Mena s'est valorisé à 760 millions de dollars à fin février. Mais en dépit des avancées réalisées, des freins entravent le développement de l'écosystème. Les professionnels du secteur attestent à l'unanimité que l'absence de cadre réglementaire pour les startups reste prohibitive. Comme le business model et le montage financier n'est pas commun à une entreprise classique, une startup ne devrait pas subir le même cadre légal, d'où la nécessité d'adopter une réglementation plus souple et agile. Dans le lot des critiques figurent, également, l'accès au financement. A noter qu'une startup a besoin de lever des fonds pratiquement tous les ans pour accélérer son déploiement. Le volet fiscal est une autre paire de manches. «Il reste encore beaucoup à faire. On note des revendications sur le volet légal. Il est important également de mettre en place des incitations fiscales de façon urgente aussi bien pour les investisseurs que les fondateurs, mais également pour les structures d'accompagnement. Il n'est pas commun qu'une startup ait les mêmes charges sociales qu'une société anonyme du moment qu'elle n'a pas les mêmes spécificités, les mêmes attentes ni la même assise financière. Les réformes doivent être menées de façon transversale et rapidement parce que le temps presse. Il faut travailler en syndication et de façon collective avec les briques de cet écosystème», suggère Dounia Boumehdi. Dans la même perspective, le directeur général de Tamwilcom, Hicham Serghini, nous a déclaré que la deuxième phase d'Innov Invest prendra en compte les phases les plus risquées car le taux de mortalité demeure élevé les premières années. Maryem Ouazzani / Les Inspirations ECO