Les avis sont unanimes. Bien que le Royaume soit le pays le plus actif d'Afrique du Nord, ses performances sont bien en deçà de ce qui est réalisé ailleurs sur le continent dans le secteur de la fintech. Le constat a été fait à l'occasion du troisième "Eco Décodages", organisé par Horizon Press group, autour du thème : «Quelles perspectives pour le financement de l'innovation au Maroc ?». Selon la directrice général de Maroc Numeric Fund, Dounia Boumehdi, une vraie dynamique a été opérée au cours des 10 dernières années pour booster le financement des startups au Maroc. Elle cite ici l'exemple du lancement du programme « Innov invest », par le groupe Tamwilcom, qui selon elle, a permis une réelle bouffée d'oxygène au secteur tant sur la partie fonds d'investissement que sur le volet accompagnement. «Ce programme a répondu à une réelle problématique et a permis de servir le maillon faible de toute la chaine d'investissement :le capital amorçage risque », ajoute-elle. De son côté le Directeur général de Tamwilcom, a dressé le bilan de ce fonds Innov invest qui a été lancé en 2019 et est arrivé à échéance en 2022. «Ce fonds a permis de financer plus de 450 startups innovantes au Maroc qui ont généré quelques 300 MDH de chiffre d'affaires dont 10 à 15% réalisé au niveau international », explique Hicham Zanati Serghini ajoutant que 40 nouveaux brevets ont été déposés soit 12% à 16% du total des nouveaux brevets déposés au niveau national et 20 deals enregistrés de 200 MDH qui représentent 50% du nombre total des deals réalisés au Maroc. Beaucoup reste à faire Malgré ces résultats satisfaisants, il reste beaucoup à faire selon les différents intervenants. La responsable Maroc de la société financière internationale, Ghita Hannane, a souligné que « le Maroc comporte 2000 startups actifs soit le plus grand nombre au niveau de l'Afrique du Nord après l'Egypte, mais il peine encore à attirer les investissements ». En effet, sur les 5,2 milliards de dollars de levées en equity, le Maroc n'a attiré que 33 millions de dollars en 2021. En 2022, les start-ups en Afrique du Nord ont levé 1,1 milliard de dollars, ce qui représente 23 % du financement total levé par les start-ups en Afrique. Le Maroc n'a enregistré 38 transactions de plus de 100.000 dollars mais "seulement" 18 millions de dollars de financement, ce qui en fait le seul pays à enregistrer une croissance négative en glissement annuel. Aujourd'hui, les experts estiment il faut mettre le turbo pour permettre à cet écosystème d'évoluer de manière optimale. Dounia Boumehdi préconise ainsi la mise en place de vraies réformes sur l'aspect réglementaire et fiscal. «La startup a le même régime fiscal que les autres entreprises ce qui n'est pas normal. Elle a besoin d'un régime particulier », fait savoir la même source avant d'insister sur la nécessité de synergie entre les différents intervenants de la chaine. Pour sa part, le DG de Tamwilcom recommande l'adoption d'un statut particulier pour les startups. «Il faut aussi œuvrer pour avoir un environnement favorable pour tout l'écosystème des startups », ajoute-t-il. En gros, il pense que la solution réside dans la mise en place d'une vraie feuille de route pour faire sauter les verrous et le développement du secteur sur de bonnes bases permettant le rayonnement des startups tant au niveau national que continental.