Les ennuies des boites de production ne sont pas fini. Pire encore, ce n'est pas juste leurs programmes déjà produits qui sont bloqués, mais aussi, leurs scénaristes. Ceux-ci se plaignent en effet du retard qu'a eu la validation de leurs écrits prévus normalement pour la programmation du mois de Ramadan. « J'ai rédigé trois épisodes pilotes pour un programme qui devrait passer sur le petit écran pendant Ramadan, maintenant je dois attendre que les comités de la chaîne valident le projet pour que le producteur passe au tournage, ce qui retarde aussi l'écriture ainsi que ma rémunération », témoigne un scénariste marocain. Un processus nouveau... Après l'adoption douloureuse des cahiers des charges fin 2012, les chaînes nationales ont mis en œuvre tout un mécanisme pour la sélection des produits audiovisuels (sitcom, séries, capsules), à programmer sur les petits écrans. Selon ces cahiers des charges, les chaînes sont obligées de former deux comités. L'un est chargé de la sélection de ces produits, l'autre de «la veille aux règles de l'éthique». Le 21 janvier dernier, le Conseil administratif de Soread 2M a validé la formation des deux comités. Composés de professionnels de la chaîne, de responsables administratifs et financiers et d'experts externes. Le comité de «sélection des programmes», comme son nom l'indique, sélectionne les produits qui vont passer sur le petit écran. «Ce n'est plus le même rapport entre les réalisateurs et les chaînes depuis l'application des cahiers des charges», nous explique une source proche du dossier. «Avant, les réalisateurs ou les scénaristes venaient proposer leurs travaux à la direction de la fiction au sein des chaînes. Maintenant, c'est à elle de rendre publique un appel d'offres auquel les boites de production doivent répondre et proposer des programmes que la commission étudie», explique-t-elle. Cela se fait donc en trois temps. D'abord le comité analyse la validité du projet et sa conformité avec l'appel d'offres. La structuration de la boite est également passée au crible, sa structure, sa situation fiscale et administrative, etc... Tout y passe. Après, c'est au tour de la consultation technico-artistique du projet d'intervenir. Il s'agit là de la lecture et de l'analyse du scénario en soi. Cette étape peut se passer avec le représentant de la boite, le réalisateur et le scénariste du projet. À l'issue de cette étape, la commission a le droit de demander des clarifications ou la réécriture de certains éléments comme la boite peut défendre son projet. Enfin, le choix se porte ensuite sur le meilleur projet et le plus proche de la vision de la chaîne et de l'appel d'offres qu'elle a lancé. C'est à partir de ce moment là que la chaîne fournit les financements pour le début du tournage, s'il s'agit d'une co-production (le cas le plus courant) ou bien la boite entame à elle seule sa production. «L'avantage d'un tel système, c'est que toutes les maisons de production ont accès aux appels d'offres, cela ouvre ainsi de nouveaux horizons aux petites entreprises qui ont vu le jour ces dernières années», éclaire la source. Elle a révélé aussi que ce process a mis en avant un nombre de dysfonctionnements dont souffrent les programmes. «Cela va des problèmes de structuration à l'absence d'écriture scénaristique sérieuse. On a pu constater cela de nos yeux». Concernant le deuxième comité, le mode de fonctionnement de celui-ci reste encore à préciser. Contacté par Les ECO, Abdellatif Bensfia, membre de ce comité pour la SNRT a déclaré que «les rôles sont ceux désignés par le cahier des charges, mais on n'en sait rien de plus. Après la nomination, aucun contact n'a été établi de la part de la chaîne. Cela veut peut être dire qu'il faudra attendre la fin des travaux dudit comité de sélection». Ceci dit, concernant les cahiers des charges, ledit comité a pour rôle d'étudier la conformité des projets avec le code éthique de la chaîne qui est le même que celui appliqué depuis quelques années déjà. Il instaure le respect de la nation et de sa Constitution, des mœurs générales, l'obligation de ne servir aucun parti ou personne et aucune incitation à la violence...Aussi, il doit se réunir tous les deux mois ou au besoin. Instauré mi-janvier, ledit comité n'a encore organisé aucune réunion, sachant qu'en plus, la chaîne est dans l'obligation de lui livrer tous les projets à consulter 15 jours avant cette réunion. Ce qui veut dire qu'aucune activité du comité n'est prévue avant la fin du mois d'avril, retardant ainsi les tournages prévus pour la programmation du mois de Ramadan.