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«J'évite de tomber dans la banalité»: Rachid El Ouali, Acteur et réalisateur
Publié dans Les ECO le 28 - 08 - 2011

Les Echos quotidien : Vous êtes en tête d'affiche du film «Nhar tzad tfa dow» de Mohamed Karrat. Parlez-nous de cette nouvelle expérience ?
Rachid El Ouali : Ce film, qui sera dans les salles à partir du 7 septembre prochain, me présentera différemment au grand public. J'y joue en effet deux rôles complètement différents. Celui de Saïd, qui a bien réussi sa vie, mais qui a d'énormes problèmes avec son entourage, vu qu'il a une personnalité complètement effacée. C'est là où Saïd 2 surgira, pour essayer de remettre les pendules à l'heure. C'est un rôle composé dans une comédie jouée notamment par Houda Rayhani, Hassan Foulane et Asmaâ El Khamlichi.
Peut-on dire qu'à travers ce rôle, vous entamez une nouvelle page de votre carrière ?
L'idée était de faire une rupture avec les rôles que j'ai déjà présentés. Quand j'étais plus jeune, on m'imposait les rôles du «jeune premier». À l'époque, je ne pouvais pas refuser. Au fil des ans, j'ai commencé à choisir mes rôles et c'est là où j'ai interprété «Allal Al Kalda», ou encore le rôle du père dans «Les ailes brisées». Chaque étape de ma vie d'acteur est marquée par un certain type de jeu. L'essentiel est de plaire au public et de ne pas tomber dans la banalité.
Vous co-produisez ce long métrage avec Mohamed Karrat. Pourquoi se lancer dans la production ?
Ce film n'a reçu aucune aide financière. Karrat et moi avons passé plus de trois ans à le préparer. Le cinéaste a passé plus de deux ans pour le montage, vu qu'il y a beaucoup d'effets visuels et spéciaux. C'est un film qui a nécessité un budget de 7 MDH et qui est fait avec beaucoup d'amour. On aurait pu le finaliser il y a longtemps, mais le manque de moyens financiers et humains nous a un peu bloqués. Je précise par ailleurs, que nous ne voulions en aucun cas bâcler le travail. Notre objectif dès le départ était de rendre une copie «propre» destinée à la famille marocaine.
D'ailleurs, le CCM nous a beaucoup aidés pour que les copies du film soient prêtes à temps. En me lançant dans la production, j'espère encourager toute personne qui a les moyens financiers de s'investir dans la production cinématographique.
Cela veut dire que vous allez réitérer l'expérience dans le futur...
Pourquoi pas ? Je suis avant tout un acteur, mais je me sens capable de faire aussi de la réalisation, d'écrire des scénarios et de produire des films. Après 26 ans d'expérience dans ce domaine et surtout après avoir été encouragé par des professionnels d'ici et d'ailleurs, qui ont apprécie mes courts métrages par exemple, je peux me permettre de me lancer dans l'écriture ou la réalisation, tout en étant convaincu que la meilleure façon qui me permet de m'exprimer pour le moment est de jouer des rôles très différents les uns des autres.
Ce film marque aussi votre retour sur le grand écran...
Si vous voulez ! Mon absence s'explique par le fait que je suis en pleine préparation du tournage de mon premier long métrage, «Yma» qui débutera en novembre prochain. Il s'agit en effet d'un «road movie» entre le Maroc et la Corse, qui sera interprété notamment par Hassan El Fed, Abdou El Mesnaoui, Marc Samuel et Nadia El Alami.
Avez-vous rencontré des problèmes avant le démarrage du tournage ?
Vous savez, j'ai reçu l'avance sur recettes du CCM il y a un an (ndlr : 4 MDH), mais j'ai tardé à entamer le tournage, parce que je cherche toujours d'autres moyens pour financer mon film. Sinon, j'ai eu énormément de difficultés à trouver un scénariste. Heureusement, que je suis tombé après tant d'années d'attente sur Hicham Lasri, avec qui j'ai co-écrit le scénario de «Yma».
Pour vous, la crise du scénario existe bel et bien au Maroc ?
Je pense que la plupart des réalisateurs en souffrent.
Les bons scénaristes se comptent sur le bout des doigts. Je pense que nous n'avons pas encore cette culture du scénario au Maroc. La preuve en est que parfois, les acteurs arrivent sur le plateau de tournage sans que les dialogues ne soient totalement prêts. On leur demande donc d'improviser. C'est ce qui explique la faiblesse de la plupart de nos productions, surtout celles programmées pendant le mois de ramadan.
Justement, quel regard portez-vous sur ces productions «ramadanesques» ?
Malheureusement, il n'y a pas de corrélation entre la quantité et la qualité. J'insiste toutefois sur le problème du scénario, parce qu'il est très important. Je rejoins la liste des personnes qui demandent que la programmation de nos chaînes durant le mois sacré soit complètement revue. Sinon, je pense que les taux d'audience qu'on communique n'ont rien à voir avec le niveau de satisfaction du public marocain.
Quel est à votre avis, la solution à ce problème de scénario qui persiste depuis des années ?
Au lieu de se contenter de lire le pitch, les responsables des chaînes nationales doivent aider les producteurs à mettre en place des ateliers d'écriture, bien avant la validation du projet. Avoir une idée sur les scénarios de tous les épisodes d'une sitcom et d'un feuilleton est le seul moyen d'éviter les dérapages.
Allez-vous assister à la prochaine édition du festival international du film de Marrakech, après l'avoir «boycottée» l'année dernière ?
J'ai quitté Marrakech l'année dernière parce que je n'avais pas apprécié certains comportements qui dénigraient l'artiste marocain et devant lesquels je ne pouvais pas rester les bras croisés. Mais cela ne veut pas dire que je vais boycotter la prochaine édition, même si je ne pense pas que je pourrai y assister parce que je serai en plein tournage.


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