Les producteurs audiovisuels montent au créneau pour dénoncer les mesures contenues dans les cahiers des charges. Celles-ci bloquent le paiement des émissions télé réalisées et mènent tout le secteur au bord de la faillite. Le ministère n'a pas la même appréciation de la situation. 45 minutes, Akhtar Almojrimine, Nehar Tbedlat Hyati, Jarab ou Hekam (photo)… autant d'émissions télé qui risquent de disparaître de nos petits écrans en 2013. Et pour cause, les producteurs audiovisuels se disent en mort clinique depuis février dernier. Il s'agit de la date d'élaboration des nouveaux cahiers des charges destinés aux télévisions publiques. En effet, deux raisons sont à l'origine de cette situation. La première réside dans les nouvelles mesures apportées par ce cahier des charges. À ce niveau, il est important de préciser que désormais, les concepts sélectionnés doivent remplir les conditions techniques, artistiques et financières imposées par les appels d'offres. Encore faudrait-il que les projets aient l'aval de la commission mixte en charge du choix des programmes. En clair, ce nouveau mode de passation des marchés audiovisuels n'arrange pas les opérateurs du secteur. Car «le prix ne peut pas constituer un critère de sélection dans ce genre de produit», explique Mouad Rhandi directeur associé de Connexion Média. Le deuxième facteur qui provoque l'ire des opérateurs, consiste dans le retard accusé au niveau de la constitution de la commission mixte chargée du choix des émissions. «Actuellement, tous les nouveaux concepts sont en standby en attendant la nomination de ladite commission», s'alarme Rhandi. Même les émissions plus anciennes sont dans ce cas. Pour le moment «le ministre de la Communication refuse de signer le PV regroupant la liste des émissions qui seront reconduites au titre de l'année 2013», nous confie le producteur. Résultat des courses: Les producteurs vont se retrouver dans quelques jours en arrêt d'activité. D'autant plus qu'ils n'ont pas assez de liquidités pour pouvoir travailler avec d'autres donneurs d'ordre, vu que «les délais de paiement des chaines publics ont été prolongés à 9 mois», s'alarme le directeur associé de Connexion Média. Il renchérit : «toute notre trésorerie est chez les chaines publiques. A ce rythme, nous ne pouvons tenir le coup, et nous seront obligés de licencier tous nos salariés d'ici la fin d'année». Le ministère de tutelle se désengage Il faut dire que la carte du plan social a été le premier argument figurant dans la lettre déposée au Cabinet du Chef du gouvernement, le mercredi 26 décembre 2012. Ce dernier fait figure de dernier recours dans la conjoncture actuelle. En effet, les négociations avec le ministre de la Communication, El Khalfi, sont dans l'impasse. Contacté à ce sujet, une source au ministère rejette en bloc les doléances des producteurs. «il s'agit d'un faux problème», déclare-t-elle. Pour elle, le prix n'est qu'un critère facultatif, le choix des projets d'émission sera basé principalement sur la qualité. Et d'ajouter, «le ministère de la Communication, est un département parmi les sept qui interviennent dans le processus de validation des cahiers des charges proposés par les chaines publiques. Du coup, ce n'est pas à nous seul de régler les problèmes des producteurs». 2M quant à elle adopte la même position de son ministère de tutelle. «Cette polémique n'est nourrie que de l'inquiétude qui accompagne toute période transitoire», confirme une source au sein de le 2ème chaine nationale, avant d'ajouter, que «ce cahier des charges représente même une opportunité pour les producteurs, vu qu'il permettra d'augmenter le taux des émissions externalisées de 30% à 40%». Les explications se veulent rassurantes, mais la situation reste critique pour les opérateurs de l'audiovisuel. Pour ce qui est des quelques 5000 salariés du secteur, leurs emplois sont loin d'être sauvés. Le chiffre 40 % Avec le nouveau cahier des charges, le taux des émissions externalisées passeront de 30% à 40%.