La télévision marocaine vit depuis plus de 9 mois au ralenti. Une situation qui perdure depuis l'adoption polémique des cahiers des charges du ministre de la communication. Ainsi les rediffusions meublent les grilles d'Al Oula et de 2M. Les téléspectateurs marocains doivent se contenter du réchauffé: séries et feuilletons low-cost doublés en darija, anciens programmes et téléfilms nationaux, quelques documentaires, en plus des habituels débats politiques marathoniens. Pourquoi donc les couleurs de nos télévisions palissent-elles chaque jour un peu plus ? Et surtout où sont les producteurs nationaux ? Du côté de ces derniers, c'est la confusion, l'activité gelée, plusieurs sociétés vivent une situation tendue financièrement, a confirmé à ALM Farid Benyakhlef, président de l'Association des producteurs de l'audiovisuel qui regroupe 35 entreprises détenant 80% de la production télévisée nationale. Pour M. Benyakhlef, la cause réside dans le fait que «depuis l'annonce du chantier de restructuration de l'audiovisuel, les responsables des deux chaînes n'ont plus signé de nouveaux contrats pour de nouvelles émissions, n'ont pas reconduit les anciens et ont annulé tous les projets prévus». Cet arrêt a fait que l'attente est devenue le maître mot chez les professionnels mais aussi chez les chaînes de télévision. Attente aggravée par les retards dans le déblocage des fonds inscrits dans la loi de Finances pour les chaînes, explique M. Benyakhlef. Sauf que l'attente d'une quelconque application des cahiers des charges de l'audiovisuel n'a que trop duré, estiment les producteurs marocains de l'audiovisuel qui s'inquiètent pour leurs entreprises et dénoncent une mauvaise gestion de la phase transitoire de la réforme. Et dans cette situation confuse, le secteur subit plusieurs maux. Des sociétés de production ont mis la clé sous la porte, une télé qui perd ses plumes, des téléspectateurs marocains qui désertent les chaînes et une perte d'audience qui influe négativement sur le marché des annonceurs. Dans un tel contexte quand est-ce que donc la réforme de l'audiovisuel portera-t-elle réellement ses fruits sur le secteur et impactera favorablement le contenu des chaînes ? Selon un responsable à 2M, il faudra attendre septembre 2013, le temps que les commissions de sélection des programmes nouvellement nommées entament leurs travaux et reçoivent un nombre assez important de projets via entre autres le site qui a été mis en place. Entre-temps, c'est le manque de visibilité qui règne au sein de la deuxième chaîne. La préparation des programmes de Ramadan prend beaucoup de retard, alors qu'elle aurait dû être entamée. Aussi aucune décision officielle du ministère de tutelle n'a été entreprise pour la gestion de cette phase transitoire et permettre la reconduction de quelques contrats, afin de pallier la pénurie de programmes. «Une telle décision équivaut à reconnaître une faille dans la gestion de la réforme, et constitue pour les islamistes un pas en arrière dans l'application du cahier des charges qui est une affaire hautement politique», confie notre source à 2M.