Avec le désastre économique subi par les entreprises marocaines en raison de la crise sanitaire liée à la pandémie du nouveau coronavirus (covid-19), la problématique des délais de paiement interentreprises refait surface alors que l'on se prépare pour une relance tant attendue par l'ensemble des agents économiques. Les premières victimes de la prolongation de ces délais sont bien évidemment les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), dont la santé financière s'est dégradée après l'arrêt brutal de l'activité au cours des premiers mois du confinement imposé par la propagation de la pandémie. Le délai moyen de paiement supplémentaire a d'ailleurs augmenté pour atteindre 52 jours à fin mai 2020, selon les résultats de la 2ème édition de l'enquête du baromètre de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). La dégradation des délais de paiement vraie selon les secteurs. Elle atteint 72 jours dans l'enseignement, 66 dans les industries culturelle et créative, 58 dans le bâtiment et travaux public (BTP) et immobilier, 58 dans le commerce, 56 dans le transport et l'entreposage, 54 dans le tourisme et la restauration, 52 dans l'artisanat, 50 dans l'agriculture, la sylviculture et la pêche, 50 dans les services, 49 dans la santé et 45 dans les industries manufacturières et extractives, d'après cette enquête qui a connu la participation de 3.304 entreprises (88,7% de très petites, petites et moyennes entreprises et 28,3% opérant à l'export). Face à cette situation critique, une série de mesures ont été prises dans un cadre de concertation entre les secteurs public et privé en vue de pouvoir sauver ces entreprises considérées, au regard de leur poids dans le tissu économique, comme un moteur de création de la richesse et de l'emploi. Le lancement, en mai dernier, du produit « Damane Relance », qui est une garantie de l'Etat variant entre 80% et 90% en fonction de la taille de l'entreprise, constitue un exemple phare de ces mesures. Dans le cadre de cette garantie, 50% du crédit doit servir au règlement des fournisseurs et ce, dans l'objectif de contribuer à réduire les délais de paiement. Le pacte pour la relance économique et l'emploi, signé il y a presque un mois entre le ministère de l'Economie, des finances et de la réforme de l'administration, la CGEM et le groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), prévoit un engagement de l'Etat pour activer l'adoption de l'amendement de la loi sur les délais de paiement et des décrets y afférents. La Confédération a également mis à la disposition des entreprises des liens permettant de saisir leurs clients, qu'ils soient étatiques ou privés, afin de soumettre leur requête de paiement. Le chef de l'entreprise remplit ainsi un formulaire et la CGEM, sur la base des renseignements fournis, prend attache avec l'entreprise débitrice et tente de négocier pour un règlement rapide de la créance. Toutefois, le Patronat note qu'il ne peut s'engager sur un dénouement, le règlement restant avant tout dépendant de la volonté du client de l'entreprise. Des initiatives pour évaluer les risques en vue de les atténuer Le rallongement de délais des paiement dans le secteur privé suite à la montée des risques de défaillances et de solvabilité des entreprises en ces temps du coronavirus a incité notamment le cabinet Inforisk à proposer « Impact Score Covid-19 », une solution qui consiste à évaluer l'impact du virus sur le niveau de risque « Business » et à mesurer l'effet d'entrainement de l'entreprise évaluée sur son réseau de fournisseurs et de clients locaux. « Cette nouveauté permet de mieux gérer le risque clients, en cette période de crise, en identifiant les comptes les plus impactés dans le portefeuille de l'entreprise, et en proposant une nouvelle stratégie de segmentation clients adaptée à la crise », explique-t-on sur le site web de ce cabinet. Bien avant cette solution, Inforisk a lancé son programme « Dun Trade » qui la première initiative privée de mutualisation des comportements de paiement au Maroc. Ce programme vise en effet à collecter et à mutualiser des expériences de paiement inter-entreprises afin de mesurer le comportement de paiement des clients des entreprises partenaires. Quid des délais de paiement des EEP ? S'agissant des établissements et entreprises publics (EEP), un effort colossal a été déployé pour améliorer les délais de paiement et ce, malgré les lourdes répercussions de la pandémie. A en croire les chiffre de la Direction des entreprises publiques et de la privatisation (DEPP), la moyenne des délais de paiement déclarés par l'ensemble des EEP a atteint 40,5 jours au terme des sept premiers mois de cette année contre 42 jours à fin décembre 2019. Cette situation confirme, globalement, la tendance positive constatée depuis décembre 2018 et ce, après le lancement par le ministère de l'Economie, des finances et de la réforme de l'administration d'une plateforme électronique, baptisée « Ajal » et consacrée à la réception et au traitement des réclamations des fournisseurs concernant les délais de paiement de leurs prestations par les EEP.