Les délais de paiement interentreprises passeraient à près de 260 jours avec la crise Les retards liés aux délais de paiement ont une conséquence directe sur la trésorerie de l'entreprise. Dans le contexte actuel de crise économique exacerbée par une crise sanitaire féroce, une grande partie des entreprises se trouve dans la difficulté à remplir ses engagements et les défaillances de trésorerie sont de plus en plus présentes, notamment au niveau de la TPE. Parallèlement, certains mauvais comportements liés aux paiements pourraient nuire à l'ensemble du tissu économique. En effet, certaines entreprises par exemple pourraient être tentées de faire en sorte d'obtenir de leurs fournisseurs des délais de paiement plus longs tout en réduisant les délais de paiement qui bénéficient à leurs clients. Sur ce plan, il reste encore du chemin à faire pour mettre en application la loi, valoriser les bons comportements et pénaliser les mauvais payeurs. Constat «Pour les TPE, la situation est très délicate, notamment en termes d'impact. Il faut se rappeler à ce titre que 99% des entreprises défaillantes sont des TPE. Ces entreprises souffraient déjà fortement des délais de paiement et vont souffrir encore plus avec cette crise», précise Amine Diouri, responsable du programme Inforisk Dun Trade, directeur Etudes et Communication chez Inforisk, ajoutant qu'actuellement les délais de paiement ont augmenté en moyenne de 50 jours, et ce quelle que soit la catégorie de l'entreprise. Ainsi, ces échéances se seraient allongées de 50 jours en plus des 212 jours des délais clients initialement constatés à fin 2018 pour les TPE (121 jours pour les PME et 90 jours pour les grandes entreprises). Par conséquent, ce délai est porté à environ 260 jours pour les TPE durant cette période de crise. A titre comparatif, les délais de paiement déclarés par les établissements et entreprises publics (EEP) concernant le mois de juillet 2020 au niveau de l'Observatoire des délais de paiement (ODP) sont de 40, 50 jours à fin juillet 2020 contre 40,58 jours en juin 2020 et 42 jours à fin décembre 2019. Plus de fermeté avec les mauvais payeurs Du côté des mesures prises pour les délais de paiement interentreprises, l'expert estime qu'il reste encore du chemin à faire, y compris au niveau de l'application de la loi. «On parle aujourd'hui de sanctions vis-à-vis des entreprises mais quel type de sanctions ? Est-ce que ce seront des sanctions fiscales type : absence de possibilité de retraitement au niveau comptable pour les dettes qui ne seraient pas payées ? Des sanctions de type name and shame? Des amendes ? Ce sont des mesures qui existent déjà à l'étranger et qui sont déjà appliquées ailleurs mais qui ne se pratiquent pas au Maroc», souligne-t-il expliquant qu'il est nécessaire aujourd'hui d'envoyer un message fort aux mauvais payeurs. «Il est évident que l'Etat doit se montrer plus sévère avec les mauvais payeurs dans le contexte actuel».