C'est parti pour le nouveau partenariat Maroc-USA. Les négociations entrant dans le cadre du dialogue stratégique, devant définir les nouveaux axes majeurs et prioritaires de la coopération, ont démarré hier à Washington, entre les deux parties conduites par des responsables de haut niveau, notamment les deux chefs de la diplomatie marocaine et américaine, Saad Eddine El Othmani et Hillary Clinton. À l'heure où nous mettions sous presse, les travaux de la première session se poursuivaient encore. Deux commissions se sont réunies le matin et deux autres dans la soirée. Leurs travaux devront être sanctionnés par un communiqué final, qui confirmera la teneur des discussions, de même que l'agenda et le programme des prochaines rencontres. L'objectif assigné à cette première du dialogue stratégique, converge vers la recherche des voies et moyens permettant aux deux pays de saisir pleinement les opportunités d'une coopération plus étroite dans quatre domaines clairement identifiés : politique, sécurité, économie et affaires culturelles et éducatives, apprend-on auprès des participants. Déjà, les deux parties misent sur cette rencontre en vue de renforcer leur coopération dans tous les domaines, particulièrement en matière économique et sécuritaire et à coordonner leur vision pour apporter des réponses efficaces aux défis socioéconomiques et sécuritaires, tant sur le plan régional qu'international. Notons que c'est surtout sur les aspects liés à la coopération économique que la délégation marocaine s'attend à tirer profit de ce nouveau partenariat, comme en témoignent les points inscrits dans le cadre des discussions. D'ores et déjà, plusieurs initiatives et programmes que les USA financent au Maroc et qui, pour certains arrivent à échéance, sont en bonne voie pour être reconduits. C'est le cas du second Compact Millénium Challenge Corporation, adossé à un financement de plus de 600 MUSD et mis en œuvre au Maroc par l'Agence de partenariat pour le progrès. Les USA se sont engagés à poursuivre leur coopération avec le Maroc pour une seconde phase de ce programme, qui a enregistré des progrès satisfaisants dans ses zones d'intervention, à l'issue de la première phase d'exécution comme l'a récemment confirmé son directeur, Morad Abid (www.lesechos.ma). Soutien économique Le développement humain et économique devrait également être abordé dans le cadre de ce nouveau partenariat. Voué à devenir «le» modèle de sa région, le Maroc a plusieurs défis socioéconomiques à relever. C'est pourquoi, l'apport des USA est on ne peut plus bénéfique pour le royaume. Le pays de l'Oncle Sam pourrait en effet soutenir le Maroc sur ce registre, notamment sur les aspects de la sécurité économique et de la création d'emplois. D'où l'intérêt de la création du groupe de travail économique qui sera mis en place pour identifier les moyens de parvenir à réaliser ses objectifs socioéconomiques, à travers la sécurité alimentaire, le développement de l'énergie dans les secteurs renouvelables et du carbone. « Il a été jugé utile, dans le cadre de la définition d'une nouvelle feuille de route pour renforcer le partenariat entre les deux pays, que des commissions seront mises en place sur le plan politique, économique et culturel», expliquait d'ailleurs aux Echos quotidien, le professeur universitaire en relations internationales, Tajeddine El Houssaini ( voir édition du 13 septembre). Dans ce cadre, les intérêts qui y seront visés convergent, puisqu'il s'agira pour le Maroc de subvenir aux besoins de ses consommateurs et pour les USA de satisfaire leurs objectifs nationaux en matière d'énergie. Ceci constitue donc une opportunité réelle pour le programme sectoriel marocain des énergies renouvelables, domaine sur lequel le Maroc compte beaucoup pour réduire sa dépendance mais aussi engranger des dividendes à travers l'export. Déjà, les investisseurs américains ont manifesté leurs intérêts pour cette stratégie, comme en témoigne la visite de plusieurs délégations d'hommes d'affaires américains au Maroc, à l'issue des missions de promotion conduites par le Maroc au pays de l'Oncle Sam. Intérêts mutuels Dans l'ensemble, ce qui est attendu de cette première rencontre, est de permettre un engagement clair des deux côtés pour une convergence mutuelle des efforts des deux pays, afin de relever les défis nationaux et communs. D'ailleurs, un accent particulier sera mis sur la réalisation plus aboutie des relations commerciales et en matière d'investissements à travers les mécanismes qu'offre l'accord de libre-échange qui lie depuis 2006, le Maroc et les USA. En attendant que les parties accordent leur violon sur ces différents aspects, ce qui constitue la piste la plus plausible au vu du travail qui a été fait en amont, le Maroc peut compter sur le soutien des Etats-Unis pour une totale inclusion dans les programmes déjà en place ou à venir, afin d'accompagner le progrès économique et démocratique du Maroc. Néanmoins, les deux parties jouent gros sur ce «new deal», car son succès dépend pour une large part de celui de la stabilité et de la prospérité régionale, but commun aux deux pays. Leadership royal L'ouverture des travaux du dialogue stratégique a été marquée par la mise en relief des avancées démocratiques et socio-économiques enregistrées par le Maroc sous la houlette du roi Mohammed VI. En tout cas, les officiels américains n'ont pas caché leur admiration pour le leadership royal et ont mis en avant la sérénité avec laquelle le Maroc a traversé les soubresauts du printemps arabe, ce qui constitue, selon leurs propres aveux, une preuve du succès de cette approche. «J'admire ce que le roi Mohammed VI n'a eu de cesse d'initier en matière de réformes, depuis son accession au trône, cela illustre toute la différence qu'engendre un leadership avisé sur la vie des peuples. C'est pour cette raison que le souverain figure parmi les leaders les plus admirés au monde», a déclaré en ce sens Mario Diaz-Balart, membre de la Chambre basse du Congrès des Etats-Unis. Pour le congressman républicain de Floride, le Maroc est aujourd'hui «un modèle de réformes pour la région grâce à la vision du roi» mettant en exergue le fait que son leadership a rendu le Maroc «un pays meilleur, dans un contexte de liberté, de prospérité et d'opportunités». Ces propos rejoignent ceux de son collègue démocrate, Albio Sires qui a souligné, que «nous devons être reconnaissants au roi qui, grâce à son leadership, a rendu possible ce dialogue stratégique, qui a maturé durant les treize dernières années». Ce qui témoigne du fait que le dialogue stratégique Maroc-Etats-Unis est le fruit d'un long processus initié depuis des années et qui n'a jamais pâti d'un changement d'administration, même au plus haut sommet du pouvoir politique américain. «Depuis son accession au trône, le roi Mohammed VI a œuvré à la consolidation des relations maroco-américaines avec les différentes administrations US», a reconnu Ileana Ros-Lehtinen, présidente de la commission des Affaires étrangères à la Chambre des représentants du Congrès américain. Ces propos élogieux, à l'avantage du Maroc, constituent, à n'en point douter le gage que le royaume est en bonne voie pour réussir son modèle et jouer un rôle majeur au sein de la scène internationale.