Le succès fulgurant des fruits et légumes marocains sur les étals européens dérange les concurrents européens. Les producteurs de fruits et légumes communautaires de France et d'Italie, menés par l'Espagne, ont adressé une lettre à la Commissaire européenne à l'Agriculture et au développement rural. Dans leur missive, ils réclament la révision du prix d'entrée de la tomate marocaine, estimant qu'il est trop bas et pénalise de facto les producteurs européens. De surcroît, les producteurs considèrent que l'actuelle méthodologie de calcul ne permet pas un suivi rigoureux du marché de la tomate. De la sorte, ils ont appelé à l'adoption du prix de la tomate ronde comme référence, laquelle étant la variété la plus répandue sur le marché. Selon la Fédération espagnole des producteurs-exportateurs de fruits et légumes, FEPEX, l'actuelle méthode de calcul ne reflète pas la réalité du marché européen. «Le prix établi pour le paiement des droits de douane n'est pas efficace et permet aux exportateurs marocains de réaliser des marges intéressantes au détriment de la filière espagnole», se plaignent, comme à l'accoutumée, les opérateurs agricoles ibériques. De même, ils estiment que la procédure actuelle de calcul permet au Maroc de booster ses exportations de tomates tout en portant préjudice au secteur agricole européen, crient à l'unisson les producteurs espagnols, français et italiens. Cette attaque semble s'inscrire dans une nouvelle campagne contre la production agricole marocaine qui se porte à merveille alors que sa rivale européenne, principalement l'espagnole et la française, peinent à trouver des bras dans le secteur agricole. De fait, cette nouvelle sortie coïncide avec la montée en puissance des expéditions marocaines de tomates durant ce premier trimestre. En effet, le Maroc a exporté 151.592 tonnes de tomates entre janvier et février, en hausse de 14% en comparaison avec la même période de l'exercice précédent. La filière estime que la hausse de 30% des envois de tomates marocaines, durant le moins de mars, a fait chuter le cours de ce fruit sur le marché européen, prétend le secteur. En somme, la filière fait preuve d'agressivité chaque fois que la courbe des exportations marocaines de ce fruit affiche un trend haussier. En cette période de déblocage d'aides et de plans spéciaux de sauvetage des économies européennes pour faire face aux conséquences du Covid-19, la filière agricole espagnole ne veut pas être en reste. Elle espère à travers ce coup de gueule s'attirer les largesses des caisses communautaires et décrocher une part de ce gâteau. Or, les maux de l'activité agricole espagnole n'ont rien à voir avec les expéditions agricoles marocaines. La période de mars a coïncidé avec l'arrivée sur les étals européens de la tomate originaire des Pays-Bas, à un prix qui défie celui de sa rivale espagnole. Une chose est sûre : la commercialisation de la tomate néerlandaise à un prix inférieur à celui pratiqué par les producteurs espagnols met à nu les allégations des producteurs espagnols sur le supposé dumping dont profite l'agriculture nationale destinée à l'export.