Les producteurs espagnols de tomate suivent avec inquiétude la percée de la tomate marocaine sur le marché européen. Incapables de faire face à cette progression, ils articulent leur offensive contre la production nationale de tomate autour du registre de la qualité. La tomate marocaine se porte comme un charme sur le marché européen. La filière espagnole de fruits et légumes l'admet à contrecœur. Selon les producteurs espagnols de la région d'Almeria, potager de l'Europe, la tomate marocaine a évincé sur le marché communautaire sa rivale ibérique. De fait, et selon les statistiques fournies par le secteur, les ventes de tomates marocaines ont significativement progressé, au point de surpasser celles d'Almeria, plus grande région productrice de tomates d'Europe. De plus, la région est préoccupée par la hausse des ventes, mais aussi de la superficie cultivée au Maroc. Car au moment où cette région andalouse assiste au recul de la surface consacrée à la culture de la tomate, celle du Maroc est en nette progression. Cela lui a permis d'assurer une offre abondante et d'asseoir sa position sur le marché communautaire. Toutefois, les producteurs espagnols attribuent le succès de ce produit national aux bas prix pratiqués par la filière marocaine, «ce qui lui permet de gagner du terrain», d'après le secteur espagnol. De fait, la tomate a toujours été au centre des querelles entre les filières marocaine et espagnole. Si, par le passé, les exportateurs espagnols considéraient que la menace marocaine était à prendre au sérieux, ils la voient aujourd'hui comme une «réalité avec laquelle il faut composer pour survivre». Les producteurs espagnols estiment que l'importante offre marocaine porte préjudice à leur négoce et réduit substantiellement leurs gains. Il faut dire que les exportations marocaines se sont renforcées au cours de cette décennie. Selon les calculs des organisations agricoles espagnoles, les expéditions de tomate sont passées de 293.320 tonnes à 449.711 tonnes durant celle-ci, soit une hausse de 53%. À ce sujet, les producteurs se sont récemment réunis avec des responsables du gouvernement espagnol pour examiner la situation du marché, «impacté par la baisse des prix et une offre abondante», selon le secteur ibérique. Ces propos ont été démentis par le ministre de l'Agriculture espagnol Luis Planas. Ce dernier a appelé les producteurs à faire preuve d'innovation et à aller à l'assaut de nouveaux débouchés pour assurer la survie du secteur.