Le succès de la tomate marocaine s'explique par le déficit de production de sa rivale espagnole. La tomate marocaine s'arrache sur les étals européens, mais sous une autre appellation. Pour pallier le manque de production actuel, des importateurs espagnols font appel à la tomate marocaine. Toutefois, la production nationale est commercialisée en étant présentée comme tomate d'Almeria, région agricole par excellence en Espagne et potager de l'Europe. Ce coup de gueule a été poussé par l'association des producteurs de fruits et légumes à Almeria, Coexphal. Celle-ci a dénoncé ce qu'elle dénomme une «mauvaise pratique», voire de la «contrebande de tomate». De fait, certains producteurs espagnols recourent à la tomate marocaine pour l'expédier vers les marchés européens sous l'appellation tomate d'Almeria. Une pratique qui semblerait de mise depuis plusieurs années. Concrètement, la production de tomate baisse à partir de juin à Almeria quand les producteurs commencent à préparer les terres pour la prochaine campagne. La «baisse de régime» constatée dans cette région intervient à un moment où la tomate est très sollicitée, été oblige. De même, les prix de vente flambent durant cette saison à cause de la rareté de la production. Sentant le bon filon, les exportateurs espagnols font appel au produit national pour réaliser d'importants bénéfices. Il s'agit, en effet, des mêmes professionnels qui dénigrent la production nationale, la qualifiant de non-respectueuse de la législation européenne concernant les produits phytosanitaires. Dans un communiqué repris par les médias, l'association a appelé à l'intensification des contrôles et à la mise en place d'un plan d'inspection, «afin d'éviter que la tomate marocaine soit commercialisée comme étant originaire d'Almeria». En avril dernier, l'association a mis en garde ses 83 entreprises agricoles affiliées contre la commercialisation du produit national sous cette appellation. L'association, qui accapare 70% des exportations de fruits et légumes, a menacé d'expulser les adhérents ne respectant pas cette consigne et recourant au produit national sans en mentionner l'origine. À souligner que le Maroc a réalisé son contingent de tomates prévu pour la campagne agricole 2018-2019, selon les données fournies par la Direction générale de la fiscalité et des douanes relevant de la Commission européenne. Le royaume en a exportées 285.000 tonnes entre le 1er octobre et le 31 mai. De son côté, l'Espagne a importé, en 2017, 48.428 tonnes de tomates contre 63.338 tonnes en 2018.