Après des mois de doute, la sortie à l'international du Trésor marocain se précise. L'annonce en a été faite par El Hassan Eddez, en marge d'une réunion du fonds monétaire arabe, tenue hier à Abou Dhabi. L'adjoint au directeur, chargé du pôle Dette à la direction du Trésor et des finances extérieures, repris par une agence de presse internationale, annonce une levée de fonds à l'international pour septembre ou au plus tard octobre prochain. Qui plus est, cette sortie devrait s'effectuer en dollars, ce qui représente une première pour le Trésor marocain, habitué à libeller sa dette en euros. «Ce serait notre première levée en dollars et cela nous donnerait la possibilité de diversifier notre dette», a expliqué El Hassan Eddez, avant de signifier que cette levée, si elle se concrétisait, devrait être d'une taille importante, comprise entre 500 millions et 1 milliard de dollars. Il faut rappeler dans ce sens que lors de sa dernière sortie à l'international, le Maroc avait émis un emprunt obligataire d'un milliard d'euros en 2010. Toutefois, le responsable du pôle Dette explique que le choix de procéder par une émission obligataire n'est pas encore entériné pour l'heure. «L'incertitude émane du fait que nous sommes en retard de 5 mois sur notre calendrier. Le budget a été voté seulement récemment, de sorte que nous n'avons pas encore une idée claire», argumente-t-il. Le responsable marocain va encore plus loin, évoquant la possibilité d'un recours à l'émission d'obligations islamiques. Les soukouk pour 2013 Toutefois, le recours à ces soukouk ne sera possible qu'après la mise en place du cadre relatif à la finance islamique. Cette donne renvoie donc l'éventuelle émission d'obligations islamiques à l'année prochaine au plus tôt. Toujours est il que ces annonces viennent redonner du souffle à des finances publiques qui étaient de plus en plus fragilisées ces derniers mois. Il suffit à ce titre de rappeler le déficit budgétaire de 6% qui a sanctionné l'année 2011 et plus encore le creusement qui s'annonçait sur ce même déficit, faute de la mise en oeuvre de la réforme de la Caisse de compensation, qui reste au point mort. Plus encore, si cette opération se concrétise dans les délais annoncés, elle devrait apaiser les tensions croissantes sur les liquidités. D'ailleurs, le fait que le Trésor ait levé 5 milliards de dirhams, en bons du Trésor cette semaine, alors que ces levées tournaient habituellement autour de 2 à 3 MMDH, est un indice édifiant sur le degré critique de ces tensions. Il reste à savoir si cette sortie à l'international va être couronnée de succès, dans un contexte marqué par la crise de la dette en Europe. Sans doute est-ce là la raison qui a poussé les responsables marocains à libeller cet emprunt en dollars et non en euros et surtout à en faire l'annonce dans un pays du Golfe. Les monarchies pétrolières sont quasiment les seules à disposer, actuellement, du cash nécessaire à la souscription d'une levée de fonds d'un telle ampleur...