Il fût un temps où même aux pires heures des débâcles boursières, une poignée de valeurs cotées à la Bourse de Casablanca se permettaient de ne pas courber l'échine. Communément appelées Blue Ships ou valeurs phares de la cote, ces dernières ont pour points communs d'avoir changé la face de la Bourse à leur introduction, en tout cas pour les plus récentes et de faire le marché boursier depuis. Maroc Telecom, Addoha et les trois principales valeurs bancaires, représentent en effet une bonne partie de la capitalisation de la place et faisaient de ce fait, la majeure partie des volumes traités quotidiennement. Si côté volume, elles continuent de dominer la cote, ce n'est plus forcément le cas au niveau de l'évolution de leurs cours. En effet, depuis quelques mois la descente aux enfers de la place, les touche aussi et peut-être même plus que les autres valeurs d'ailleurs. Ces valeurs sont sur un trend baissier depuis quelques mois et les milliards de capitalisation partis en fumée depuis le début de l'année, provenaient en grande partie de leur capitalisation - Alors que naguère, elles représentaient de véritables valeurs refuges . En fait, cette résilience face aux déconvenues boursières émanait, entre autres, de la capacité de ces Blue Ships à animer leurs cours. Ainsi, étaient-elles les plus promptes à engager des programmes de rachats par exemple. Les limites des programmes de rachat Ces fameux programmes qui s'étaient multipliés lors des dernières années, permettaient à ces sociétés de soutenir leurs titres dès qu'ils descendaient en dessous d'un plancher fixé à l'avance. Toutefois, ces programmes ont leurs limites, surtout que au-delà d'un certain niveau, les sociétés ne sont plus sûres de pouvoir s'y retrouver à terme. Plus encore, elles ne veulent plus se risquer à inscrire le différentiel potentiel de cours en tant que pertes réelles en fin d'année. En effet, ce faisant, elles impacteraient leurs réalisations durant l'exercice et nourriraient ainsi une sorte de spirale négative. In fine, la déconvenue des valeurs phares est un élément qui s'ajoute à la crise de confiance actuelle de la bourse casablancaise. C'est surtout un mauvais indice qui renseigne sur le manque de visibilité, dont souffrent les acteurs de la place. Sur un autre registre, il faut rappeler que l'introduction de la BCP et de Maroc Telecom en 2004, puis celle d'Addoha en 2006, avaient clairement boosté la place boursière. À tel point que cela avait donné lieu à des années d'euphorie qui ne se sont estompées que bien après le déclenchement de la crise financière internationale. Aujourd'hui, on serait tenté de dire que seule l'introduction d'une autre Blue Ship pourrait remettre les autres sur les bons rails - Car la déconvenue boursière n'est pas directement corrélée à des mauvaises réalisations durant le précédent exercice. Même s'il faut noter que ces réalisations ne sont pas ressorties d'aussi bonne facture que les années précédentes. Toujours est-il que ces sociétés se prévalent encore de bonnes perspectives dues à l'aubaine du social pour l'immobilier, au développement africain pour les bancaires et à Maroc Telecom. Rien d'inquiétant donc pour l'activité, ce qui renvoie leurs contre-performance boursière actuelle à des éléments plus symptomatiques de la place, qu'à ces valeurs elles mêmes. Elles rebondiront donc sûrement quand la Bourse dans son ensemble retrouvera ses couleurs. En attendant, les Blue Ships cuvent leur blues en attendant des jours meilleurs.