La récolte des résultats des sociétés cotées est contrastée d'un secteur à un autre, et à fortiori d'une valeur à une autre. Contrairement à l'exercice 2007, ce crû a été impacté à la baisse par la conjoncture internationale et le marasme de la place casablancaise. Toutefois, le traitement réservé aux valeurs, aussi bien par les analystes que par les épargnants, est inégale. Les blue-ships, ou valeurs phares, tirent incontestablement la couverture et le volume vers elles. Les présentations des résultats des sociétés cotées au titre de l'exercice 2008 étant achevées, il est temps de dresser un bilan de ce cru pour le moins original. En effet, comme chacun le sait, rien ne s'est passé correctement en 2008 à la BVC. Crise structurelle ou simple correction, les commentaires divergent dans la nuance mais convergent au moins sur un point. Les travées de la bourse casablancaise ont connu un retournement de tendance. Aussi, les traditionnelles présentations de résultats étaient l'occasion de prendre acte de cette baisse et d'en évaluer la teneur. D'emblée, on peut dire que les bulles sectorielles se sont dégonflées significativement. La capitalisation du secteur des BTP est à 70% de sa valeur d'il y a un an et celle des assurances est à 64% de ce qu'elle était à la même date. Mais la palme revient tout de même au secteur des nouvelles technologies, qui revient à moins de la moitié de sa capitalisation en year to date. «Une correction salutaire», selon les dires des analystes. Certains d'entre eux avancent même le terme de «purge», car ils estiment que la bourse a connu une surchauffe dans les dernières années. Cette fonte de la capitalisation est donc une manière pour le marché de remettre les choses à plat, en élaguant la partie artificielle dans la capitalisation. Pour revenir aux résultats eux-mêmes, le cru est fort contrasté d'un secteur à un autre et plus encore d'une valeur à une autre. Des résultats plombés par le contexte Mais en somme, contrairement à l'exercice 2007, l'exercice 2008 a connu plusieurs éléments négatifs qui ont plombé les résultats des sociétés cotées. D'abord, la chute des cours des commodities à l'international a impacté négativement les résultats du secteur minier, et à fortiori la chute du prix du baril a mis la Samir dans une situation périlleuse. Mais au-delà de la chute des cours à l'international, la correction qu'a connue la place a tiré vers le bas les résultats des compagnies d'assurances et des holdings. Toutefois, il n'y a pas que ces secteurs qui sont dans l'œil du cyclone. Certes, l'impact du marasme boursier national et de la crise économique internationale est contrasté d'une entreprise à une autre. Mais toutes ont eu leur lot de péripéties qui les ont obligées à rectifier le tir. D'abord, en revoyant à la baisse leurs prévisions pour le second semestre 2008, et surtout en opérant les démarches d'adaptation nécessaires en temps de crise. Sans épiloguer sur les raisons qui ont conduit au dégonflement de la capitalisation, les analystes s'accordent à dire «qu'il fallait en passer par là». Cette situation à même du bon, puisque cette correction a permis aux épargnants en bourse de faire l'apprentissage de celle-ci. Cela s'est certes fait à la dure, mais il fallait au moins cela pour qu'il prennent conscience que la bourse à un caractère cyclique et qu'elle ne peut être au vert indéfiniment. Cela a aussi eu le mérite de leur faire prendre conscience qu'on ne pouvait faire une Bourse d'une demi-douzaine de valeurs. Quid des blue ships ? Il y a certes 72 sociétés cotées à la BVC, mais le volume est concentré sur celles qu'on nomme dans le jargon financier les blue-ships. Les Maroc Telecom, Addoha, ONA ou autres banquières concentrent le gros du volume des transactions quotidiennes. Elles font donc littéralement le marché. La première raison a trait à leur liquidité, sans commune mesure avec les autres valeurs cotées. Le secteur de l'immobilier, qui abrite deux des valeurs phares de la place, continue à être le principal moteur de croissance bénéficiaire de la bourse casablancaise. Il fût de bon ton d'appeler des PME à faire un appel public à l'épargne pour étoffer la BVC de nouveaux papiers, mais assurément, ce n'est plus d'actualité. Non seulement les valeurs phares tirent la lumière et l'épargne vers elles, mais surtout, le contexte actuel marqué par une animation exacerbée des cours peut être prohibitif pour des structures au coût opérationnel limité. Si Addoha peut se permettre d'enchaîner les programmes de rachat, son top management estime que sa capitalisation ne reflète pas sa vraie valeur. Une petite capitalisation comme la Marocaine Vie préfère se retirer des travées de la bourse, vu que le coût de l'animation de son cours est disproportionné par rapport à sa taille. Cela explique aussi, au moins en partie, la concentration des volumes de transactions sur les grosses capitalisations. La taille devient une assurance en soi, sans oublier le fait que ces valeurs sont généralement très bien couvertes par les analystes de la place. A ce registre, Younes Benjelloun, directeur CFG marchés, avance : «Les notes des analystes remplissent aussi une fonction commerciale, il ne sert à rien de produire une note si elle ne déclenche pas de transactions». Une logique imparable qui tient les Small-caps dans une situation très délicate. Toutefois, la correction de 2008 a ramené ces petites capitalisations à des niveaux de valorisation très attrayants. Il est clair que bon nombre d'entre elles ont atteint un niveau minimal de valorisation, et que se placer sur elle peut s'avérer très fructueux, à condition de ne pas se figer dans une vision court-termiste. Car si les choses semblent de tasser au premier trimestre 2009, les prévisions sont encore approximatives, et tant qu'un papier frais (IPO) n'est pas annoncé, l'expectative régnera.