Les sociétés ayant établi un programme de rachat ne sont pas réellement actives sur le marché. Un effet de mode plus qu'un besoin de régulariser le cours. Les sociétés cotées au premier compartiment ont recours à cette pratique plus que les autres. Rachat d'actions. Régulariser le cours. Améliorer la liquidité du titre. De plus en plus mis en pratique et de moins en moins médiatisé, le programme de rachat d'actions est devenu un procédé fréquent sur le marché financier marocain, utilisé, reconduit, modifié, interrompu… L'objectif communément connu est la régularisation du cours du titre pour limiter les variations excessives et, surtout, inexpliquées de ce dernier, et aussi pour le ramener à ses niveaux habituels. Le régulateur du marché a publié dans ce sens une nouvelle circulaire pour professionnaliser le cadre de l'opération et combler ainsi les lacunes que comporte la circulaire précédente. L'indépendance de la société de Bourse est d'une importance capitale. Les dirigeants de la société émettrice sont obligés de ne pas émettre d'ordres d'achat ou de vente et de ne pas juger l'opportunité d'intervention de la société de Bourse. Cela s'explique par le fait que ces dirigeants peuvent détenir des informations sur l'état actuel de la société et sur ses perspectives d'avenir, plus que le marché dans son ensemble. Ils peuvent ainsi en profiter pour surévaluer la valeur. D'un point de vue déontologique, cela est correct, mais sur le plan opérationnel, les donneurs d'ordre se conforment-ils réellement à la réglementation ? Les conditions de limitation des prix des ordres à l'achat et à la vente, ainsi que l'obligation de respect du volume d'intervention, sont également des nouveautés introduites par la circulaire. Ces modalités d'intervention sur le marché boursier sont imposées par le gendarme du marché financier, dans le but essentiellement d'empêcher la réalisation de transactions abusives sur le titre et de limiter ainsi l'effet mimétisme de la part d'autres investisseurs qualifiés de suiveurs. Malgré tous les efforts fournis par le CDVM pour cadrer la profession et lui donner un élan, certains professionnels du marché ne manquent pas d'annoncer que les programmes de rachat sont une aberration financière. C'est une pratique qui est appliquée dans les pays étrangers et qui vise plusieurs objectifs autres que celui de la régularisation des cours, au moment où le CDVM se limite à un objectif unique. Elle peut conduire, dans des cas extrêmes, à des manipulations de cours, difficiles, voire impossibles à prouver. Pour Hassan Asrar, contrôleur interne au sein de la société de Bourse Sogecapital Bourse «les sociétés cotées annoncent explicitement dans la notice d'information l'objectif ultime de régulariser le cours, mais certaines, pour éviter de généraliser, comptent atteindre d'autres buts implicites qui dépassent de loin le cadre général de l'opération. Ceux-ci peuvent aller du rachat d'actions pour le placement des excédents de trésorerie, jusqu'à la réalisation d'opérations stratégiques après détention des titres». A rappeler que le maximum du capital à détenir peut aller jusqu'à 10%. Phénomène de mode pour redorer l'image de l'émetteur, ou besoin effectif de régulariser le cours ? La question s'impose. Etabli généralement par les small ou mid caps qui connaissent un niveau de cours boursiers qui ne suit pas les fondamentaux de la société, ce phénomène s'est récemment étendu même aux valeurs phares de la place, notamment celles du premier compartiment telles que l'opérateur historique des télécommunications, Maroc Telecom, le promoteur immobilier Addoha ou même la BMCE. Dans ce cadre, Hassan Asrar croit fort en la théorie du signal. Il déclare que ces sociétés dites «Blue Chips» ayant senti qu'elles ont perdu un peu d'intérêt sur le marché vis-à-vis des investisseurs, décident d'annoncer un programme de rachat d'actions. Selon lui «rien que l'annonce de la mise en place d'un programme de rachat peut impacter le cours. Elles peuvent par la suite ne pas intervenir pour effectuer des transactions dans le cadre de ce programme». «La réglementation n'oblige pas la société de Bourse à intervenir d'une façon régulière sur le titre», conclut-il. Actuellement, douze sociétés cotées ont mis en place un programme de rachat de leurs propres titres. Neuf d'entre elles appartiennent au marché principal, deux au marché développement et une seule au marché de croissance. Les sociétés du premier compartiment, qui réalisent les deux tiers du volume de la place, ont-elles besoin d'un programme de rachat plus que celles du deuxième ou du troisième compartiment ?