* Les programmes de rachats d'actions connaissent un intérêt grandissant de la part des sociétés cotées marocaines au vu de leur portée créatrice de valeur pour les actionnaires. * Les rachats en vue de la régulation des cours de Bourse sont les plus prisés. Avec la faiblesse des taux d'intérêt observée ces derniers temps sur les marchés internationaux, les sociétés cotées en Bourse qui disposent d'une trésorerie abondante placée en produits monétaires ou autres ne tirent plus une rentabilité suffisante de ce poste. Pour mieux rémunérer leurs actionnaires et en l'absence d'opportunités d'investissement probantes, elles préfèrent racheter leurs propres actions et les annuler. Ces rachats permettent de restituer aux actionnaires une partie des richesses qui leur reviennent. Ce type d'intervention des sociétés cotées en Bourse a d'ailleurs été beaucoup critiqué au départ, parce que d'aucuns l'assimilaient à une volonté de repli des sociétés cotées qui étaient suspectées de ramasser les actions détenues en dehors du noyau dur de leurs actionnaires. Mais il a ensuite pu s'affirmer comme une technique, généralisée dans les marchés développés, de revalorisation des titres des sociétés cotées pour leurs actionnaires par un programme de rachat, soit pour une régularisation du marché ou pour aboutir à une réduction de capital. Au Maroc, cette pratique est encore à ses balbutiements et la quasi-majorité des programmes de rachats d'actions en cours n'ont pour objectif que la régulation du marché. Parmi les programmes de rachats par les sociétés cotées de leurs propres actions déjà opérés à la Bourse de Casablanca, seul celui de CIMAR visait l'annulation de titres. Il avait été décidé par une Assemblée Générale Extraordinaire le 9 avril 2002 et s'était déroulé entre le 20 mai et le 18 juin 2002. Cette offre publique de rachat portait sur 757.690 actions, soit 9,5 % du capital au prix de 770 dirhams l'action. L'offre s'adressait à tous les actionnaires du cimentier à hauteur de 9,5 % du nombre total d'actions détenues par chacun. Le montant du programme était de 583 millions de dirhams, autant donc de réduction du capital de CIMAR et de trésorerie excédentaire épongée. Deux principaux objectifs Un programme de rachat en vue d'une régulation du cours de la valeur concernée est décidé par une simple Assemblée Générale Ordinaire de la société anonyme. C'est donc considéré comme une décision courante. Par contre, le programme de rachat en vue d'une réduction de capital n'est mis en uvre qu'à la suite d'une résolution votée par une Assemblée Générale Extraordinaire de la société anonyme. La grande différence est que le premier consiste en une intervention de l'émetteur sur le marché afin d'améliorer la liquidité de sa valeur en procédant, soit à des rachats, soit à des cessions de titres, et ce dans une fourchette de prix établie en fonction des besoins du marché et de l'orientation du cours de la valeur concernée. «Quand le marché est acheteur, la société concernée se positionne en vendeur. L'intérêt donc est donc de venir se positionner d'un côté ou de l'autre pour éviter des fluctuations excessives du cours de la valeur», précise un analyste de la place. Le second consiste en une opération de restructuration de capital. Les actionnaires sont ainsi invités à apporter une partie de leurs actions proportionnellement à leur participation au capital en vue de les détruire. «Un tel programme de destruction d'une partie des actions d'une société se justifie bien souvent par un excédent structurel de trésorerie, lequel est distribué aux actionnaires au prorata de l'engagement de chacun ou il leur est tout simplement retourné du fait de sa non-utilisation par l'entreprise dans l'absence d'opportunités d'investissement», rajoute notre analyste. Et de poursuivre qu' «en rachetant ses propres actions et en les annulant, la société réduit le nombre de titres en circulation et augmente ainsi le bénéfice net par action (BNPA) et l'actif net par action», d'où l'intérêt de ce type d'opérations. Toutefois, et malgré leur popularité grandissante sur la place casablancaise, les véritables motivations des sociétés concernant les opérations de rachats d'actions ou leurs comportements en terme d'intervention sont encore controversés, surtout pour celles visant la régulation du marché des titres... autant quil est difficile de prouver la mauvaise foi des émetteurs, sachant bien qu'il n'existe aucune limite tangible, juridique ou technique, entre régulation de cours et sa manipulation. Somme toute, le rachat d'actions entraîne généralement une revalorisation du titre, car il permet une augmentation du bénéfice par action estimé, que les analystes calculent sur le nombre d'actions en circulation plus faible. À PER égal, l'action s'apprécie, car le BPA augmente. Cette revalorisation est automatique si les titres rachetés sont annulés. Ça se passe ailleurs ! Une société peut décider aussi de racheter ses propres actions et, plutôt que de les annuler, d'utiliser ces titres pour régler une acquisition. Cette pratique très répandue dans les marchés internationaux est toujours absente chez nous, malgré ses grandes vertus pour les entreprises nationales en quête d'opportunités de croissance externe. Le rachat d'actions peut également être utilisé par les sociétés qui souhaitent se prémunir contre une prise de contrôle inamicale. En renchérissant le prix de leurs titres à court terme, celles-ci augmentent en effet le coût des offres publiques lancées contre elles. En outre, les programmes de rachat d'actions ont permis le développement de nouveaux instruments financiers : les obligations convertibles en actions. Les sociétés ayant émis de tels produits peuvent en effet choisir d'attribuer aux porteurs de ces obligations (lorsqu'ils décident de procéder à la conversion) des titres qu'elles auront préalablement rachetés sur le marché. Cela leur permet de ne pas diluer leur capital en émettant de nouvelles actions.