Entre split et rachat d'actions, les grosses capitalisations s'en donnent à cœur joie dans l'animation de cours. En ligne de mire le maintien de la capitalisation et de la liquidité à des niveaux convenables. « L'animation est une activité exercée par une société de bourse qui vise à faciliter la cotation et maintenir la liquidité du titre de l'émetteur», explique un analyste de la place en se basant sur la circulaire n° 01/06 du CDVM. Toutefois, l'animation peut avoir aussi d'autres buts plus ou moins déclarés par les émetteurs, notamment le soutien du cours et le maintien du niveau de valorisation à un niveau qui satisfait le top management des sociétés cotées. En outre, c'est une obligation pour les sociétés fraîchement cotées dans le deuxième et le troisième compartiment, avec un contrat d'au moins un an pour les premières et de trois ans pour les secondes. Passée cette période, l'obligation est déchue, mais les sociétés cotées ont intérêt à maintenir leur effort à ce niveau. Toutefois, le niveau de cet effort diffère d'une société à une autre et peut même représenter un réel obstacle pour les structures à la taille modeste. En effet, cette animation de cours a un prix et il peut paraître exorbitant pour certaines entreprises cotées. C'est le cas notamment de La Marocaine Vie qui, il y a de cela quelques semaines, a préféré se retirer de la cote plutôt que de supporter les frais d'animation pour soutenir un cours sévèrement corrigé. D'autres plus prompts et surtout plus volumineux sont plus enclins à animer leurs cours de manière assidue et peut-être parfois exagérée. Les valeurs phares s'inscrivent dans ce registre, car l'enjeu est tout autre et le niveau de valorisation est déterminant dans leurs cas. Addoha, qui tire la couverture médiatique tout autant que les volumes de transactions, a réitéré cette semaine son expérience de l'année passée en lançant un nouveau programme de rachat d'actions. Racheter ses propres actions Le but de cette manœuvre est d'avoir la possibilité, après visa du CDVM, de racheter ses propres actions et de maintenir par ce biais la valorisation de la valeur à un niveau adéquat. Cela lui permet aussi de jouer à plein l'effet psychologique en envoyant un signal aux investisseurs boursiers. Ces derniers prennent note de la conviction du top management de la société cotée que la valeur est sous-évaluée et qu'ils passent de la conviction à l'action en ramassant leurs propres titres. D'autres techniques peuvent être utilisées pour atteindre des objectifs similaires. La même immobilière a ainsi lancé, l'année dernière, ce que l'on nomme dans le jargon financier un split. Cette technique consiste à diviser le nominal de la valeur, multipliant ainsi le nombre de titres échangés sur la place tout en gardant la même valorisation globale. L'image de la boîte de fromage en portions est la meilleure manière d'illustrer ce procédé. Ainsi, les titres Addoha étaient échangés par boîte et ils sont désormais échangés par portion. Ce procédé vise à soutenir la liquidité de la valeur en multipliant les titres. «Le split vise aussi à casser les barrières de valorisation psychologique», explique Ghassen Belhadj Jrad, directeur général d'Integra Bourse. En effet, le marché a beaucoup pris ces dernières années pour atteindre des niveaux de valorisation très élevés, en milliers de dirhams. Diviser le ticket devient donc salutaire pour pouvoir continuer à attirer une épargne certes fragmentée mais tout aussi massive. L'enjeu de l'animation peut aussi avoir attrait à l'image, car les blues ships, ou valeurs phares, aiment à se présenter dans le plus bel apparat et ne veulent pas souffrir d'une baisse de notoriété en subissant une baisse de volume ou une correction sévère du cours. Ainsi, outre Addoha, BMCE ou encore Maroc Telecom ont eu recours à des programmes de rachat d'actions dans le contexte de correction de 2008. Les petites capitalisations, quant à elles, suivent une autre logique et veulent s'en sortir à moindres frais. Microdata, qui a été introduite fin 2007, a ainsi mis fin au contrat d'animation qu'elle avait avec la BMCI. Désormais, elle animera son cours par ses propres soins. C'est un moindre mal pour une Small Cap, puisque d'autres se dirigent tout simplement vers la sortie. C'est à se demander si les travées de la bourse sont faites pour les PME…