La toile part dans tous les sens: irrespect des institutions, diffamation de la vie privée des gens, incitation à la violence... Il est temps d'y mettre de l'ordre. Bien sûr, oui à la liberté d'expression, mais à une liberté responsable qui n'empiète pas sur les droits d'autrui. Or, on est arrivé à un stade où tout le monde s'improvise journaliste d'opinion sans pour autant se plier à la déontologie qui encadre la profession. On se permet de tout dire, d'insulter et de diffamer au grand jour et, cerise sur le gâteau, de se faire de l'argent grâce à ces dépassements pourtant sous le coup du Code pénal. Donc non à l'anarchie, non au désordre causé dans la société marocaine, non à la dictature du buzz. Si d'aucuns ont librement choisi de partager les détails de leur quotidien avec les «accros» de la toile, moyennant les émoluments des GAFA, ils enfreignent en revanche la loi en ne s'acquittant pas de leurs impôts comme tout bon citoyen. En résumé, une majorité écrasante de ces gens, qui ont fait de YouTube un employeur, sont hors-la-loi soit par un contenu s'inscrivant en porte-à-faux avec les lois et la Constitution, soit en ne réglant pas leurs impôts. Sur un tout autre registre, force est de constater que la crise de valeurs à laquelle la société marocaine est confrontée depuis une dizaine d'années au moins revient à cette déferlante de médiocrité que déversent ces «youtubers», aidés en cela par un pôle de médias publics qui leur a totalement cédé le terrain. Pourtant, la solution se trouve au bout des doigts. Encourager les espaces de débat en faveur des citoyens, ouvrir les médias publics aux différentes voix, y compris les plus virulentes, briser les tabous et permettre aux intellectuels de s'y mettre. En deux mots, tirer le niveau vers le haut de façon à ce que la médiocrité soit chassée de fait par un public attiré par la qualité, car las de la médiocrité et du bad buzz. Ce n'est qu'ainsi que l'on pourra recadrer la toile.