Médias, réseaux sociaux et presse façonnent, chacun à leur manière, la société marocaine. Les derniers mois ont aussi bien mis la communication virtuelle que les médias classiques sur le devant de la scène. «Fake news», diffamation, mensonges et contre-vérités, tout y passe dans un seul objectif : la recherche du «bad buzz». Dans ce contexte, les meilleurs «clients» sont bien évidemment les personnalités publiques. Ainsi, politiciens, hommes d'affaires, ministres, hommes d'Etat, célébrités de divers horizons sont quotidiennement jetés en pâture sans que personne ne trouve rien à y redire ! D'aucuns le font à des fins commerciales en essayant de générer un trafic rémunéré. D'autres y voient l'occasion de se livrer à des règlements de comptes politiques, économiques ou autres. Ce phénomène a atteint des niveaux inquiétants depuis les élections de 2016, devant la passivité inexpliquée des pouvoirs publics malgré les dispositions de la Constitution. Celle-ci stipule pourtant, dans l'article 22, que «nul ne doit infliger à autrui, sous quelque prétexte que ce soit, des traitements dégradants ou portant atteinte à la dignité humaine». Or, c'est tout le contraire que l'on retrouve sur la toile, dans l'impunité totale. Il est anormal d'encadrer la liberté de la presse (chose au demeurant légitime), avec ce que cela suppose comme strict respect de la dignité des personnes, tout en restant inactif devant un florilège d'insultes, à visage découvert, dirigées vers des personnalités publiques ou de simples citoyens. On ne peut feindre de regarder ailleurs quand les victimes de la vindicte populaire sont des hommes politiques «non grata», car le revers de la médaille est le risque de contagion à toutes les échelles de l'Etat. Il est temps de mettre de l'ordre et d'actionner les principes de l'Etat de droit.