Alors que le Maroc s'attèle à éradiquer le commerce de contrebande, les commerçants de Melilla craignent pour la pérennité de leur business et pour l'économie locale. C'est la panique auprès des commerçants de Melilla. L'Association des commerçants de la frontière de Melilla redoute la fin du commerce transfrontalier, sur décision du Maroc. Selon le pure-player www.elfarodemelilla, qui a recueilli la déclaration d'Abdeselam Mohamed, président de ladite association, les autorités marocaines envisageraient de mettre fin à ce commerce à partir de février prochain. D'après ce représentant des entrepreneurs opérant dans le commerce transfrontalier, l'information a été donnée par la douane marocaine à une association de commerçants. Les patrons des entrepôts de Melilla qui commercent avec le Maroc estiment qu'il existe de solides indices qui confortent cette thèse. Pour les commerçants de l'enclave, la fermeture de la douane commerciale, survenue en août dernier unilatéralement, était précédée d'un chapelet de rumeurs qui se sont ébruitées de l'autre côté de la frontière. Le président de l'association a reconnu toutefois que peu de chose peuvent être faites pour dissuader le Maroc, un pays souverain a-t-il rappelé, pour revenir sur cette décision, au cas où elle se confirme. Cependant, les commerçants ont appelé le gouvernement central à intervenir auprès de Rabat. À ce propos, une réunion devrait avoir lieu le 15 décembre entre le Maroc et l'Espagne autour de cette question. En tout cas, le spectre de cette fermeture effraie déjà le préside. «Pourquoi le Maroc veut-il progresser aux dépens de Melilla ?», s'interroge l'éditorialiste du média local www.elfarodemelilla.com. De ce fait, en cas de l'arrêt du commerce de contrebande, quelque 200 porteurs et 1.500 travailleurs seront directement ou indirectement affectés par cette mesure. «La décision pourrait avoir des conséquences catastrophiques», a mis en garde le président de l'association. Celui-ci situe à 1,2 million d'euros le chiffre d'affaires de cette activité. D'autant plus que la décision de fermer la douane de Béni Ansar a frappé de plein fouet le trafic des conteneurs, déviés à présent à Tanger, voire à Casablanca. De même, le port de Nador a été vivement sollicité pour recevoir les conteneurs en provenance du port d'Almeria, assénant de la sorte un sérieux coup au terminal de Melilla. Celui-ci a vu son activité de conteneurs interocéaniques chuter de 50% et celle du cabotage maritime avec la Péninsule décroître de 20%. Et les tensions n'en finissent pas à Melilla. À son tour, l'Union fédérale de la police (UFP) un syndicat des agents de police en poste aux frontières, a accusé les douaniers marocains de «perturber le commerce transfrontalier». Dans un communiqué, l'organisme syndical indique que les douaniers marocains empêchent le passage des porteurs marocains transportant des fardeaux, au-delà de 22h00. Le syndicat a estimé que cette pratique laisse entrevoir les intentions du royaume d'en finir avec cette activité, croit savoir l'UFP. De même, les agents de Melilla ont dénoncé ce qu'ils ont dénommé une «atteinte à la législation internationale», vu que les agents marocains interdissent le passage à des citoyens marocains, selon ce syndicat. Les forces de l'ordre en poste à Melilla ont même saisi les instances européennes, les appelant à intervenir auprès des autorités marocaines afin que celles-ci «collaborent davantage au niveau des passages-frontaliers».