Biyouna, Artiste algérienne. Les Echos quotidien : Le rôle que vous avez interprété dans le film «La source des femmes» a été très bien accueilli par le public et les critiques. Quel effet cela vous fait-il ? Biyouna : Lorsque le film a été projeté pour la première fois à Cannes, le public a commencé à applaudir les scènes où je jouais. Ce sont les autres membres de l'équipe du film qui ont attiré mon intention sur ce fait. Je ne m'attendais pas à un tel succès, d'autant plus que les conditions du tournage étaient très difficiles. Le rôle qu'on m'a confié est en quelque sorte la colonne vertébrale du film. En plus, je l'ai beaucoup aimé et je l'ai joué avec beaucoup de sincérité. Justement, comment s'est passé le tournage de ce long métrage ? Les conditions étaient difficiles, vu que le tournage a eu lieu dans un petit village de l'Atlas. On a passé presque un mois là bas, pour pouvoir découvrir le mode de vie des villageoises. Grâce à ce film, j'ai découvert en effet la souffrance de la femme qui fait presque toutes les tâches ménagères alors que les hommes du village passent leurs journées à siroter du thé au café du coin. C'est vraiment injuste. Sinon, et pour revenir à votre question, le problème de la langue s'est également posé. Lorsque j'ai lu le scénario, je pensais que le tournage allait se passer en langue française. Ce n'est qu'après qu'on m'a confirmé qu'on allait tourner en dialecte marocain. Il fallait donc me coacher pour que je puisse prononcer bien comme il faut mes répliques. À travers vos rôles, défendez-vous souvent la cause féminine ? Peut-on dire que vous êtes une féministe ? Quand j'avais huit ans, j'ai dit à ma mère que je ne serai jamais comme elle. Le fait qu'elle soit soumise, battue me révoltait. Depuis, je ne cesse de dénoncer toute forme d'injustice à l'égard des femmes. Je ne suis point féministe, je suis contre l'injustice à l'égard des femmes et des hommes. Concrètement, sur quels critères vous basez-vous pour choisir vos rôles ? J'ai certaines règles que je n'enfreins jamais. Je suis quelqu'un de pudique au cinéma. Mon public est familial, c'est pourquoi je fais très attention à ce que je dis. Il y a une scène dans «La source des femmes» où je parle du voile. Avant le début du tournage, je me suis renseignée auprès de plusieurs imams pour vérifier l'authenticité des phrases que j'allais dire. Je pense qu'il ne faut pas mentir aux gens même au cinéma. Sinon, plusieurs acteurs du film, notamment Leila Bekhti, ont entamé la même démarche. Quel est le rôle dont vous rêvez et que vous n'avez pas encore interprété ? J'aimerai bien jouer le rôle d'une policière. L'idée me tente depuis pas mal de temps. Sinon, mon rêve est de participer dans une production historique comme «Rissala». Ce film m'a d'ailleurs marquée. Jouer en arabe classique dans une super production historique est l'un des mes rêves. Après «La source des femmes», avez-vous eu des offres dans le cinéma ? C'est grâce à «La source des femmes» que je vais participer dans un film américain. J'y interprète le rôle d'une professeur française à New York. Le tournage aura lieu en octobre 2012 à New York et en Inde. J'ai eu une autre proposition d'un autre film américain que je suis toujours en train d'étudier. Parallèlement au cinéma, je présenterai le 24 janvier 2012, à Paris, mon spectacle. Une tournée est programmée et croyez-moi, je ferai de mon mieux pour pouvoir le présenter ici au Maroc.