C'est une soirée cinématographique haute en couleurs, que celle qui a eu lieu lundi soir au complexe Megarama à Casablanca. Artistes, producteurs, diplomates, journalistes...sont tous venus découvrir en avant-première le film «La source des femmes» de Radu Mihaileaunu. Un joli conte sur les conditions des femmes dans le monde arabe. Sélectionné à la compétition officielle du dernier festival de Cannes, «La source des femmes», est un plaidoyer féministe à la fois touchant et drôle. Il raconte la souffrance des femmes d'un petit village, qui vont, tous les jours, chercher l'eau à la source en haut de la montagne, une situation qui a causé plusieurs morts in utéro. Elles décident donc d'entamer une grève du sexe afin de bousculer l'ordre établi. Leur démarche ne sera point acceptée par les hommes qui, au lieu de les aider, se mettent à les battre et menacent de les répudier. Résolues à aller de l'avant, les femmes du village menées par la jeune Leila (Leila Bekhti) saisissent cette occasion pour faire le point sur leurs conditions de femmes: mariées très jeunes contre leur gré, maltraitées, voire violées par leurs maris, obligées de quitter l'école... Des personnages exceptionnels Tout au long du film, Radu Mihaileaunu a tenté de ne pas réduire la thématique abordée à une simple opposition hommes/femmes. Le cinéaste montre que certains hommes (le mari de Leila, son beau père, son ancien fiancé et par la suite le fquih du village) sont prêts à défendre la cause des femmes. Au delà de la thématique houleuse abordée par le réalisateur, le film tourné au Maroc en 2010, tient sa force de l'originalité, du courage des personnages et du talent des comédiens. Leila Bekhti, Hafsia Herzi, Sabrina Ouazani, Mohamed Majd, Saleh Bakri, Hiam Abbas, Malek Akhmiss... étaient tout simplement extraordinaires. Toutefois, «La source des femmes» est surtout dopée par les répliques aiguisées de Biyouna. La célèbre chanteuse algérienne y interprète Vieux fusil, une veuve à la langue bien pendue respectée par les femmes du village. «Biyouna était une fantastique surprise ! Je me demandais au départ si elle arriverait à tenir de longs monologues, puisqu'elle est essentiellement chanteuse, et moins actrice, mais dès les essais, je me suis rendu compte qu'elle avait tout ce je recherchais : l'autorité naturelle, l'humour, la voix et l'ironie ! », explique le réalisateur. Dans les salles marocaines à partir du 9 novembre, «La sources des femmes» se veut donc comme un joli conte sur la femme arabe, même s'il véhicule certaines idées galvaudées. À voir !