Radu Mihaileanu réalisateur de La Source des femmes, tourné à Warielte, un village de la région de Marrakech, sera présenté en compétition officielle au 64e Festival de Cannes où il représentera le Maroc grâce à la ténacité de Souad Lamriki et de Bénédicte Bellocq, productrices d'Agora Films. Eclairage. Le cinéma français s'enrichit et innove. Radu Mihaileanu, réalisateur et scénariste d'origine roumaine, incarne précisément une nouvelle génération de cinéastes porteurs d'un autre souffle. Pétri de détermination, il explore avec la fougue d'un défricheur des territoires inconnus. Son dernier film, La Source des femmes a manifestement créé la surprise, puisqu'il concourt en compétition officielle lors du 64e Festival de Cannes, sous drapeau marocain. Co-production entre le Maroc (Agora Films) et la France (Elzévir Films et Oïe Oïe Oïe Productions), tourné dans la région de Marrakech pendant plusieurs mois, ce film aborde la vie de femmes aux prises avec les difficultés quotidiennes. La tradition leur impose d'aller chercher de l'eau à la source. Lasses d'assumer seules les besoins de leur village, elles décident de ne plus remplir leurs devoirs conjugaux face à l'apathie de leurs époux qui ne les aident pas dans leurs tâches en déclarant, ainsi, la grève du sexe. «Grève de l'amour» Le haut de l'affiche réunit Mohamed Majd, Amel El Atrache, Hiam Abbas, figure fétiche du réalisateur Eran Riklis qui lui a offert deux magnifiques rôles dans Les citronniers et La Fiancée syrienne, son époux, le comédien Zinedine Soualem, (Le nom des gens, Opération Casablanca), Leïla Bekhti, meilleur espoir féminin césar 2011 pour son interprétation dans Tout ce qui brille, Hafzia Herzi meilleur espoir féminin césar 2008 dans La graine et le mulet, l'acteur marocain caméléon, Malek Akhmiss, également présent dans The End de Hicham Lasri et Sabrina Ouazani. «J'ai énormément appris sur le tournage de ce film. Radu Mihaileanu est un grand metteur en scène». Malek Akhmiss, acteur marocain. Hafzia Herzi, dirigée par Radu Mihaileanu pendant près de quatre mois dans la Cité ocre, confie sans ambages au sujet de La Source des femmes : «Le propos est féminin et évoque l'histoire de femmes issues d'un village, décidées à faire la grève de l'amour : elles refusent de faire l'amour avec leurs maris, car ils ne s'impliquent pas suffisamment dans les difficiles tâches quotidiennes». Du fond de ses grands yeux sombres, elle poursuit : «J'y interprète la plus jeune fille de ce village, Esmeralda, âgée de dix-huit ans. J'espère que je ne suis pas trop vieille, ça m'a semblé étrange d'incarner quelqu'un de cet âge. Je suis la seule à n'être pas encore mariée. Je rêve d'un mariage d'amour, de quitter cet endroit, d'une vie différente, je revendique le droit à la pilule et j'aimerais n'avoir que deux enfants plutôt que dix. Je tiens un discours qui est très éloigné de celui des autres femmes qui m'entourent». Des séquences jouées en berbère Travailler sous la direction de Mihaileanu est, selon Malek Akhmiss, une expérience formidable : «J'ai énormément appris sur le tournage de ce film. Radu Mihaileanu est un grand metteur en scène, il accorde une vraie liberté aux acteurs tout en les poussant à exprimer des émotions avec justesse. Mon personnage est chargé d'une densité émotionnelle forte, fou amoureux d'une femme aux côtés de laquelle il ne peut vivre»Pour Souad Lamriki et Bénédicte Bellocq, productrices d'Agora Films : «Le sujet nous a plus d'emblée : une histoire de femmes dans un monde régi par des hommes où le seul moyen de rétablir un équilibre va être l'abstinence de rapports sexuels. Nous retrouvons, dans cette histoire, l'histoire universelle du rapport humain ; car les hommes et les femmes sont faits pour s'unir dans l'harmonie consentante. Nous avons tenu à le produire par amour pour le scénario, et parce que ce film était pour Agora Films une histoire de femmes, une histoire d'amour entre les hommes et les femmes. Nous avions deux rêves : accompagner ce projet et le présenter à Cannes !» Mihaileanu, tombé sous le charme du Maroc, a tenu à faire participer les habitants du village qui jouent leurs propres rôles. Tourné entièrement en berbère, le film a nécessité des coaches de langues, de danse et de chant. Gageons que «La Source des femmes» séduira le public cannois.