Au sortir des tensions commerciales entre les producteurs de tomates du Maroc et de France, un accord bilatéral devrait être paraphé à la mi-mars afin de réguler la saisonnalité des exportations et de garantir des conditions équitables de concurrence. Cet accord, fruit de négociations laborieuses, vise à éviter un chevauchement des mises sur le marché des tomates cerises marocaines et françaises, notamment lors de la saison de production hexagonale. Selon le site spécialisé « Réussir », qui a révélé l'information vendredi, l'entente repose sur un consensus entre les deux parties pour ajuster les calendriers de commercialisation. L'objectif est d'atténuer les frictions récurrentes entre producteurs et distributeurs, alors que de nombreux agriculteurs français dénoncent une concurrence qu'ils jugent inéquitable face aux prix attractifs des tomates marocaines. Depuis plusieurs saisons, les exploitants français ont exprimé leur exaspération face à l'arrivée massive des tomates marocaines sur les étals dès le début de leur propre période de production. « Ces tomates sont présentes sur le marché français à des tarifs auxquels nos producteurs ne peuvent simplement pas faire face », souligne le site « Réussir », qui note toutefois une atténuation progressive des crispations grâce aux discussions engagées. En effet, quatre réunions ont été organisées entre les représentants des filières marocaines et françaises au cours de l'année écoulée, permettant d'aboutir à un compromis sur l'aménagement des volumes et des périodes d'exportation. L'accord prévoit ainsi que les tomates cerises en provenance du Maroc ne soient pas introduites sur le marché français au début de la saison locale. Des tensions qui dépassent le cadre commercial Au-delà des revendications économiques, la pression exercée sur les produits marocains en Europe a pris une tournure plus violente ces derniers mois. Plusieurs incidents de vandalisme et d'agressions contre des camions de transport de légumes ont été signalés en Espagne et en France, certains étant documentés par des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Des agriculteurs européens, en colère face à ce qu'ils considèrent comme une concurrence déloyale, ont ainsi détruit des chargements de tomates marocaines et incendié des véhicules de transport. Face à cette escalade, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a pris la parole en février dernier pour dénoncer ces actes. « Des produits agricoles en provenance du Sud sont systématiquement interceptés », a-t-il déclaré, soulignant que ces attaques interviennent alors que l'Union européenne présente un excédent commercial d'environ 600 millions d'euros avec le Maroc. Le chef de la diplomatie marocaine a également rappelé que l'UE exporte massivement vers le Maroc des produits agricoles, notamment des céréales, tout en bénéficiant d'un excédent commercial global de près de 10 milliards d'euros. « Les accords commerciaux entre le Maroc et l'Union européenne reposent sur des normes strictes, soigneusement négociées afin d'assurer un équilibre des intérêts », a-t-il martelé, appelant au respect des engagements mutuels. Si l'accord bilatéral attendu constitue une avancée pour apaiser les tensions, son application effective reste à surveiller. En effet, la dépendance du marché européen aux importations marocaines demeure forte, notamment en raison de la compétitivité-coût des exploitations du Royaume et de la préférence des distributeurs pour ces produits. Les acteurs du secteur agricole s'interrogent dès lors sur la capacité des autorités à réguler efficacement le respect de cet accord et sur les conséquences qu'il pourrait engendrer pour les producteurs marocains, dont l'accès au marché européen est crucial. Par ailleurs, les tensions protectionnistes et le contexte social tendu dans certains pays européens pourraient continuer à alimenter des frictions commerciales.