Les produits agricoles marocains, et principalement la tomate, sont à nouveau dans le collimateur des agriculteurs européens. En tête de cette fronde, la Coordination des organisations d'agriculteurs et d'éleveurs d'Espagne, qui cherche un soutien auprès de la Confédération paysanne française pour dénoncer l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Maroc. En ligne de mire, les exportations marocaines de tomates, accusées d'inonder le marché européen et de fragiliser les producteurs locaux. Les produits agricoles marocains continuent de susciter la colère des agriculteurs européens. Après une série d'attaques sur les camions transportant de la marchandise en provenance du Maroc, les agriculteurs montent à nouveau au créneau et pointent du doigt l'accord de libre-échange avec l'Union européenne. En effet, la Coordination des organisations d'agriculteurs et d'éleveurs (COAG), l'une des principales organisations agricoles d'Espagne, poursuit son combat contre ce qu'elle considère comme une concurrence déloyale des tomates marocaines sur le marché européen. Après une première tentative non concluante, la COAG tente de trouver un appui auprès de ses homologues français de la Confédération paysanne afin d'unir leurs forces. Le fait est que l'accord de libre-échange, conjugué à des différences réglementaires en matière de production, a permis au Maroc de renforcer sa présence sur le marché européen. Selon la COAG, le Maroc aurait dépassé le quota d'exportation en franchise de droits de quelque 230.000 tonnes par an depuis 2019, ce qui aurait entraîné un manque à gagner fiscal estimé à 71,7 millions d'euros pour l'Espagne sur les cinq dernières années. Une offensive répétée Face à cette situation, la coordination a déposé plainte en janvier dernier, accusant le Maroc de ne pas respecter les quotas établis et dénonçant un manque de contrôle de la part de la Commission européenne, en vain. L'organisation agricole espagnole affirme que l'excédent de tomates marocaines a provoqué une chute des prix sur le marché, impactant directement les producteurs espagnols, en particulier en Andalousie et dans la région de Murcie, où la filière tomate est un secteur clé. Des allégations réfutées par les producteurs marocains, lesquels attestent que les clauses de l'accord sont parfaitement respectées. Selon un producteur de la place, il se trouve que les Européens sont des producteurs de saison et au moment où ils rentrent en production, les produits marocains sont d'ores et déjà sur les étalages. «Ce sont des agissements pour évincer le Maroc de la scène. Il s'agit également d'un moyen pour mettre la pression sur les gouvernements pour octroyer des aides. De plus, les exportations se déroulent sous forme de contingents, lesquels sont exonérés de droits de douane et contiennent des quantités spécifiques. Si demande il y a, la réglementation permet d'exporter, mais moyennant des droits de douane», précise notre interlocuteur. En outre, les exportateurs marocains soulignent que la compétitivité du pays repose sur une production plus efficace et des coûts moindres, et dénoncent ce qu'ils considèrent comme une tentative de protectionnisme déguisé de la part de certains syndicats agricoles européens. La COAG ne compte pas s'arrêter là et envisage d'intenter une action en justice devant la Cour des comptes de l'UE pour fraude fiscale. Cependant, Bruxelles a déjà répondu que le contrôle des quotas et l'application des droits de douane relèvent de la responsabilité de chaque Etat membre, ce qui signifie que l'Espagne elle-même aurait dû veiller à l'application des taxes sur les surplus de tomates importées. Face à cette réponse jugée insuffisante, les organisations agricoles espagnoles et françaises comptent intensifier leur mobilisation. Maryem Ouazzani / Les Inspirations ECO