Rare cinéaste français parvenu à s'imposer Outre-Atlantique, Luc Besson qui présentera son nouvel opus « The Lady » au Festival de Toronto, pourrait bien poser le regard du côté du cinéma marocain. Eclairage. Réalisateur, scénariste et producteur qui fascine autant qu'il irrite la grande famille du cinéma français, Luc Besson, autodidacte venu au septième art à 18 ans par la petite porte, sans diplômes, ni relations, ni argent, mais pétri du déterminisme propre aux Américains qui lanceraient tout de go «Yes we can !» au «je crois que ça va pas être possible» frileux de l'Hexagone, pourrait bien se tourner vers le cinéma marocain. Si sa société de production et de distribution EuropaCorp distribue La Source des femmes en France, film réalisé par Radu Mihaileanu, tourné à Warielte en quatre mois à quelques kilomètres de Marrakech et présenté sous drapeau marocain au 64e Festival de Cannes, Luc Besson avait assisté à la projection cannoise du film, en présence du réalisateur et des comédiens, et nourrissait également le projet de produire le prochain long-métrage de Nabil Ayouch, Les étoiles de Sidi Moumen, ce qu'il ne fera finalement pas. Le jeune réalisateur qui signait du haut de ses 21 ans en 1981 Le Dernier Combat, un premier film récompensé par douze prix internationaux et nominé aux Césars, et dont on se souvient de l'effet Grand Bleu, présentera en avant-première mondiale son nouvel opus, «The Lady», au 36e Festival de Toronto, du 8 au 18 septembre prochains. «The Lady», tourné dans le plus grand secret en Thaïlande, retrace le destin de la célèbre opposante birmane Aung San Suu Kyi, figure de l'opposition non-violente dans son pays et prix Nobel de la paix, placée sous résidence surveillée pendant vingt ans par le gouvernement Birman. Elle incarne, de fait, une icône de la résistance démocratique à la junte. C'est la comédienne Michelle Yeoh, grâce malaisienne et actrice de James Bond (Demain ne meurt jamais et de Tigre et Dragon), qui l'incarne. On sait le goût de Besson pour les héroïnes sombres, à la marge depuis Nikita et Jeanne d'Arc. Certains cinéastes ne sont pas que des faiseurs d'histoires, ils sont également des faiseurs d'acteurs et d'actrices. Pour Besson, on retiendra ces propos évoqués au fil d'un livre qui fait la lumière sur la genèse de Nikita et dont il est l'auteur. (Aventure et découverte d'un film, L'Histoire de Nikita, éd. Pierre Bordas & Fils). «A l'époque, je vivais avec Anne Parillaud. Je sentais en elle des capacités à jouer certaines choses, alors que dans tous les films qu'elle avait tournés jusque-là, je ne la trouvais pas bonne. Il y avait un paradoxe entre ce que je connaissais d'elle, indépendamment de l'affection que je lui portais, et le résultat à l'écran (…) Je trouvais qu'il y avait comme une erreur, une «erreur judiciaire» : elle n'était pas bonne dans ses films mais elle n'était pas coupable. Et comme j'ai toujours été sensible à l'injustice, ça m'ennuyait beaucoup qu'elle ne puisse pas faire son métier dans de bonnes conditions».