Le retour du Parti populaire (PP) espagnol au pouvoir serait-il aussi celui de toutes les craintes dans le processus actuel de validation de l'accord agricole entre l'Union européenne et le Maroc ? Tout semble en tout cas le montrer. Hier, au lendemain de l'annonce des résultats des élections législatives espagnoles, le patronat agricole de ce pays ibérique annonçait les couleurs d'une contestation anti-accord qui devraient gagner en vivacité sous la houlette de ce nouveau gouvernement. En effet, par voie de presse, plusieurs représentants de fédérations agricoles sont montés au créneau pour exprimer leur souhait que «le nouveau gouvernement de Mariano Rajoy puisse modifier la tendance conciliatrice observée avec les socialistes». Les avis divergent Les agriculteurs espagnols veulent donc manifestement plus de sévérité, s'agissant particulièrement du dossier des importations de tomates marocaines qui constituent à leurs yeux une menace certaine au secteur local, dans le contexte général d'une économie espagnole déjà ternie par la crise de la dette. Si, en Espagne, les armes du lobbying semblent plus affutées que jamais pour bloquer le vote de l'accord agricole, de ce côté-ci du détroit, la prise de pouvoir du PP est accueillie avec une prudence relativement marquée auprès des différents acteurs sondés. A l'heure où nous mettions sous presse, la réaction du ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime se faisait toujours attendre. Les diplomates européens à Rabat ont été plus réactifs: «L'accord agricole devra être voté prochainement au niveau du Parlement européen. Je ne pense donc pas qu'il y ait quelques craintes de blocage que ce soit liées directement à l'avènement de ce nouveau gouvernement espagnol», commentait ainsi Nadia Dupuis, la responsable de communication de la délégation de l'Union européenne. Chez les producteurs agricoles marocains, les avis divergent, même si la majorité d'entre eux sont un peu plus dans l'expectative. «De toute façon, ce ne pourra pas être pire que la situation actuelle. Les agriculteurs espagnols ont depuis toujours manifesté leur opposition à nos produits agricoles, même sous le régime de Zapatero», explique ce membre du bureau exécutif de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (COMADER). Une opinion qui semble rejoindre la position de l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX), quant à cette même question. «Les syndicats agricoles espagnols voient en l'agriculture marocaine le responsable de toutes leurs difficultés et ils le disent parfois d'une façon peu honorable. C'est contre cette coalition que les représentants de toutes les filières agricoles marocaines se sont récemment mobilisés», indiquait Younès Zrikem, le désormais ex-président de l'ASMEX, lors d'une interview accordée (Voir Les Echos quotidien du lundi 3 octobre 2011). Pour rappel, cette entité patronale est depuis quelque temps sous l'emprise d'un sursaut subit de contre-lobbying. Le pire reste-t-il à venir ?