La première édition du Salon international de la finance éthique et participative s'est tenue du 26 au 28 janvier. Ayant pour objectif d'être un carrefour entre les professionnels et le grand public, le salon a tenu ses promesses. La finance participative a désormais son salon grand public. La première édition du SIFEP (Salon international de la finance éthique et participative) s'est tenue du 26 au 28 janvier, avec pour objectif de rapprocher le citoyen du financement solidaire. Au rendez-vous, des universités publiques et privées, des cabinets de conseil et de formation en finance participative, des cabinets de recrutement, des promoteurs immobiliers, des notaires, des experts comptables, des avocats, des éditeurs de livres, des associations professionnelles (AMFP et APSB, pour ne citer que ces deux), même la Société maghrébine de monétique S2M et bien évidement des banques. Sur place, on pouvait d'ailleurs retrouver les stands de Crédit du Maroc, de SG Dar Al Amane et de QMB Company (filiale de CIH). Si les représentants de ces trois banques ne peuvent pas commercialiser des contrats, ils profitent de l'occasion pour approcher la clientèle potentielle. D'ailleurs, des bornes électroniques ont été mises en place dans ces stands avec à la carte une présentation de la banque, de ce que c'est que la finance participative et un questionnaire à choix multiple pour connaître les visiteurs et leur degré de connaissance des sujets qui ont trait à la finance et à la banque participative. Structurée dans un format global et cohérent, cette première édition s'est ainsi adressée, à la fois aux experts et au grand public, permettant aux premiers de s'enquérir des nouvelles avancées du secteur et aux seconds de se familiariser avec. Un forum de vulgarisation Le salon organisé par Urbacom, avec le soutien de deux partenaires stratégiques, Abwab Consultants et Cabinet Seddik & Associés, arrive dans un contexte marqué par l'émergence des nouvelles entités de cette industrie naissante. Le début de cette année a été, en effet, marqué par l'octroi des agréments aux premiers opérateurs bancaires. L'année devrait aussi connaître l'émission des premiers sukuk souverains (www.leseco.ma). Ce forum, qui s'est tenu sous le thème de «La Finance participative Marocaine : contexte, genèse et spécificités», fut «l'occasion d'approcher la finance éthique et participative dans tous ses volets, tout en défrichant les aspects opérationnels de l'offre marocaine, tant dans sa particularité qu'à travers les produits proposés par les opérateurs institutionnels concernés», estime Réda El Haddaj, directeur du SIFEP. Le salon a été, d'ailleurs, ponctué de conférences plénières et d'ateliers de travail permettant aux participants de s'enquérir, grâce aux conférences, de la cartographie de la finance islamique dans le monde (banques, assurances, marché des capitaux), du développement de la finance éthique dans le monde, des pratiques de la banque parallèle dans le monde, de marketing de la finance islamique et particularité du marché, des modèles et techniques de la régulation de la banque islamique, des réalisations des banques islamiques et institutions financières dans le monde. Il était aussi question de la genèse de la finance participative au Maroc et principales réalisations, des règles de la charia en matière d'économie et de finance, de l'impact réel et impact potentiel de la finance islamique sur l'économie, du financement des infrastructures publiques par les sukuk, du financement de l'investissement et de l'exploitation par les produits bancaires participatifs et produits de marché ou encore de l'épargne, placement des fonds et gestion islamique du patrimoine ainsi que des produits de l'assurance Takaful en islam. Quant aux ateliers, ils se sont focalisés sur le financement des projets d'infrastructure par les sukuk, la formation en finance islamique : un levier de performance pour l'écosystème et le financement participatif de l'immobilier : des produits pour le promoteur et pour l'acquéreur. Rapprochement entre les différentes parties prenantes En marge du salon et du forum (conférences et ateliers), les organisateurs ont prévu deux sessions d'approche directe, en l'occurrence des rencontres B to B et B to C. La session B to B a permis aux différents exposants au SIFEP (banquiers, assureurs, opérateurs du marché des capitaux, universités et instituts de formation, cabinets de conseil et de recrutement, membres de la commission participative CSO...) d'organiser des rencontres professionnelles pour se rapprocher les uns des autres et mieux cerner leurs offres mutuelles. La session B to C est venue compléter le paysage promotionnel de la finance éthique et participative marocaine sous forme de rencontres et rendez-vous entre les différents exposants présents au salon et le consommateur final. Cette session a offert l'opportunité aux opérateurs financiers intéressés d'expliquer et de vulgariser l'offre de financement participatif mise sur le marché financier national. Les objectifs du salon ont été ainsi doubles : analyser les opportunités d'affaires et apprécier, à sa juste valeur, le comportement global commercial que peut produire cette nouvelle offre de produits financiers participatifs. Abdelilah Benkirane, Chef de gouvernement La problématique sur laquelle nous devons nous attarder est l'essence de nos échanges commerciaux. S'agit-il de la justice, l'honnêteté, l'équilibre entre l'annonceur et les organismes contrôleurs, ou bien s'agira-t-il de produits qui se disent islamiques alors qu'il n'en est rien ou n'assoie pas le principe de la justice. Dans ce deuxième cas de figure, il est clair que nous n'aurions rien réalisé. La force de l'islam réside dans ses valeurs» ! Jamila Moussali, Ministre déléguée auprès du ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres Le défi pour proposer des produits de finance participative de qualité recouvre deux aspects. Le premier a trait à la nature de l'industrie de la finance participative qui connaît un développement accru dépassant même la capacité à former des experts et des cadres. Le second aspect est rattaché à la spécificité et la nature de cette formation qui requiert de préparer des compétences non seulement en finance mais aussi aux aspects de la sharia, qu'on appelle aujourd'hui les sharia scholar». Cheikh Saleh Kamel, Président du Groupe Al Baraka Bank (Bahreïn) L'économie islamique dispose de moyens lui permettant de booster le système de production et réaliser le développement durable escompté à travers le monde. Chaque modèle économique requiert un ensemble de règles déontologiques à même de contribuer à la consécration des principes de justice, de participation et de développement équilibré. Je suis très optimiste pour l'avenir des banques participatives au Maroc». Réda El Haddaj Directeur du SIFEP Les Inspirations ECO : Vous avez organisé la première édition du Salon international de la finance éthique et participative. Quelle est la portée de ce salon ? Réda El Haddaj : C'est dans le but de promouvoir la finance participative au Maroc que nous avons organisé le Salon international de la finance éthique et participative SIFEP. Accessible gratuitement au grand public, le SIFEP a pour objectif premier de permettre à ce dernier de mieux comprendre la finance participative. Il doit permettre aussi aux institutions exposantes de sonder le marché et de tisser les premières relations d'affaires. C'est aussi l'occasion d'accompagner le lancement officiel de la finance participative au Maroc. Combien de participants/exposants y ont pris place ? Cinquante exposants ont pris part à cette première édition. Les visiteurs ont rencontré, lors du SIFEP, des banques, des universités publiques et privées, des cabinets de conseil et de formation en finance participative, des cabinets de recrutement, des promoteurs immobiliers, des notaires, des experts comptables, des avocats, des éditeurs de livres, des associations professionnelles, même la société maghrébine de monétique S2M a tenu a être présente. Les visiteurs ont donc pu rencontrer lors de ce salon, des représentants de tous les secteurs d'activité liés à la finance participative. Le salon se veut une plateforme de rencontre avec le grand public. Sur quel volume de visiteurs avez-vous tablé ? Partant du principe que cette première édition arrive à point nommé, par rapport au lancement officiel de la finance participative au Maroc, et compte tenu de l'engouement suscité par le public pour ce salon, nous nous attendions à accueillir cinquante mille (50.000) visiteurs. Comment croyez-vous que le grand public accueillera cette branche de finance ? Depuis l'annonce du lancement de la finance participative au Maroc, le public a manifesté un intérêt certain pour ce nouveau type de financement. Si les banques participatives sont en mesure de répondre favorablement aux attentes du public et de présenter des offres adéquates aux futurs clients et notamment aux plus sceptiques, nul doute que la finance participative aura un avenir radieux au Maroc. Quel serait l'impact de la finance participative sur l'économie ? Outre le fait d'augmenter considérablement le taux de bancarisation au Maroc, la finance participative permettra par exemple à des franges de la population en attente de financement compatible avec la Chariaa d'acquérir des biens. Aussi, la finance participative permettra, à travers les sukuk, de financer de grands projets d'infrastructure et donc d'accueillir des investisseurs, ce qui aura forcément un grand impact sur l'économie marocaine. Qu'est-ce qui reste encore à faire pour garantir l'essor de la finance participative ? En offrant à la finance participative un cadre législatif et réglementaire très solide, l'Etat a largement rempli sa partie du contrat. Désormais, c'est au tour des professionnels du secteur, à savoir les banques participatives, en premier lieu, mais aussi les assurances Takaful, le marché de capitaux, les cabinets de formation et plus généralement tous les secteurs d'activités présents au SIFEP d'être à la hauteur des attentes. La communication, le recrutement et la formation des cadres et futurs commerciaux, la gestion des risques sont les prochains défis à relever.