Reda El Haddaj : Directeur général du Salon international de la finance éthique et participative (SIFEP) Les Inspirations ECO : Concrètement, quelle est l'idée derrière l'organisation d'un Salon international de la finance éthique et participative du 20 au 22 octobre prochains ? Reda El Haddaj : L'idée derrière ce Salon est notamment d'accompagner le lancement officiel des banques participatives au Maroc. À ce jour, Bank Al-Maghrib, a reçu onze demandes d'agréments de la part des banques pour le lancement des «banques participatives». Bank Al-Maghrib prévoit de donner ces agréments en septembre. Nous avons voulu faire coïncider la date de l'événement du Salon international de la finance éthique et participative, prévue à partir du 20 octobre, avec la date d'octroi des agréments, afin d'accompagner ce lancement et permettre aux visiteurs et au grand public de rencontrer ces banques et de découvrir éventuellement les nouveaux produits et services qui seront proposés. Comment devrait être organisé ce salon ? Pour cet évènement, nous avons prévu une partie salon et une partie exposition, en plus d'une partie forum. Pour le salon et l'exposition, il y aura différentes parties, dont les banques participatives, les assurances Takaful, les fonds d'investissements islamiques, les banques internationales qui partageront leurs expériences ainsi que les cabinets de conseil et de formation. Nous avons aussi invité plusieurs universités qui proposent des formations en finance islamique, et bien évidemment la presse et les médias qui auront un grand rôle à jouer dans ce domaine. L'objectif à travers ledit forum que nous mettrons en place est de nous adresser au grand public, alors que la plupart des forums et différents colloques organisés au Maroc s'adressent aux experts et aux professionnels. Ce sont souvent des conférences assez techniques et scientifiques. Nous essayons de faire une présentation simplifiée afin que tout le monde puisse saisir les enjeux de la finance participative, et comprendre les différents rouages de cette finance. Ainsi, le but est de vulgariser le débat sur la finance participative au Maroc. D'après-vous comment le marché de la finance participative pourrait évoluer au Maroc ? Vu l'engouement actuel pour cette finance, ainsi que le grand intérêt porté aux différentes manifestations qui traitent du sujet de la finance participative, que ce soit à travers les conférences, tables rondes, ou encore le Salon international de la finance éthique et participative pour lequel nous avons reçu beaucoup de demandes déjà, je pense personnellement qu'il y a un grand attentisme par rapport aux produits participatifs. Maintenant, c'est aux banques d'assurer une bonne communication pour attirer la clientèle potentielle, et de proposer aussi des produits adéquats à des prix abordables. Si cela est fait correctement, je pense que le marché de la finance participative connaîtra une bonne croissance pour les années à venir. Plusieurs experts ont indiqué que les prix des produits participatifs seront éventuellement plus chers que ceux proposés par la finance conventionnelle... Je pense que, pour l'instant, seules les banques ont une réponse à cette question. Toutefois, je peux vous dire qu'il est sûr qu'il y aura un benchmark entre les banques conventionnelles et participatives, car nous savons tous qu'un produit très cher n'aura pas l'intérêt de la clientèle. Si les produits ne sont pas accessibles au public, il n'y aurait donc aucun intérêt pour la création de ces banques, sachant que la finance islamique s'adresse au grand public et à toutes les franges de la population. Avec la mise en place des banques participatives, est ce qu'on peut s'attendre à ce que le taux de bancarisation progresse un peu plus ? En effet, c'est aussi le but recherché avec la création des banques islamiques, car il y a beaucoup de personnes qui sont réticentes vis-à-vis des banques classiques. Ces nouvelles banques participatives pourraient attirer ses personnes là. Ainsi, il y a du potentiel en termes de collecte et cela contribuerait sûrement à la hausse du taux de bancarisation au niveau du royaume. Cela se fera bien sûr progressivement au fur et à mesure que les banques se seront installées sur le marché. Il faut aussi attirer l'attention sur le fait que les banques participatives ne seront pas destinées à une tranche sociale spécifique, comme la plupart peuvent le penser, mais elles proposeront leurs produits et services à toutes les clientèles intéressées. Quel est l'enjeu derrière les joint-ventures entre les banques marocaines et étrangères ? Je sais qu'il y a eu plusieurs partenariats dans le cadre des demandes de visas déposées chez Bank-Al Maghrib, notamment des joint-ventures entre des banques marocaines et des banques étrangères. L'avantage ici est que les banques étrangères ont beaucoup d'expériences dans ce domaine par rapport aux banques nationales. Elles pourront donc accompagner le tissu bancaire marocain dans la promotion de la finance participative, le lancement de nouveaux produits ainsi que le développement de ce marché.