Ces derniers temps, ça chauffe partout. Vous allez me dire que c'est l'été, et je vais vous dire que même l'été n'est plus ce qu'il était. En plus du fait que cette année, il tombe en plein ramadan - et aussi en plein ramdam- maître Soleil ne se montre que quand ça lui chante. Oui, c'est vrai, ce n'est pas le moment de bronzer, mais on devrait penser à tous ceux qui ont envie de le faire, même entre deux prières. Non, ce n'est pas interdit, dès lors où... comment dire ... on cache bien son jeu. J'en connais qui, ne voulant déranger personne et, surtout, n'aimant pas être dérangés, ont carrément mis les voiles pour se retrouver là où personne ne risque de les prier de se plier aux us, aux coutumes, voire aux devoirs. Je ne suis pas en train de les critiquer ni de faire de la délation. Après tout, même si la liberté de conscience n'a pas été adoptée, je pense que pour la majorité, y compris celle qui n'a pas voté, chacun a le droit de faire ce qu'il veut et où il veut, ou, plus exactement, où il peut. En effet, St Tropez, Ibiza, ou même Puerto, ce n'est pas la porte à côté, et ce n'est pas donné non plus. Mais, bon, ne jouons pas trop aux jaloux et aux envieux et revenons à nos moutons locaux, qui sont restés sur place et qui, entre nous, n'ont pas tout à fait tort. Parce que, voyez-vous, on a beau dire qu'ailleurs l'herbe est plus verte, la mer plus bleue, et, donc, la vie plus rose, il n'en demeure pas moins qu'en ce moment, ça chauffe beaucoup plus qu'ici. En plus des bourses mondiales qui dégringolent à vue d'œil, et de ces fous furieux qui continuent de flinguer leurs prochains en chantant «Qui aime bien châtie bien», on a aujourd'hui des peuples réputés de sang froid qui commencent aussi à mettre le feu aux poudres, comme s'ils voulaient rendre hommage à nous autres les Arabes. Nous, à part quelques petites virées nocturnes de nos valeureux vingt févriéristes beaucoup moins fiévreux qu'avant et qui défilent parfois à la lueur des bougies en distribuant lait, dattes et voeux aux spectateurs qui n'en croient pas leurs yeux, à part ça, disais-je, il ne se passe pratiquement rien. Ça ronronne le jour, ça cartonne la nuit, et dès que ça «sonne», ça bouffe comme des «ouf». Comme disaient et disent toujours nos valeureux concitoyens : «Pour celui qui veut gagner, l'année est longue». Justement, c'est parce qu'elle est longue, très longue, qu'il va falloir très vite se bouger les... pattes. Je rigole un peu sur la léthargie ramadanienne qui est, somme toute, normale, mais en vérité, en dehors de ce sacré mois de bouffetance et de somnolence, entre temps, ce n'est pas mieux. Je ne voudrais pas trop généraliser, mais nous sommes, chacun à des degrés divers, des tire-au-flanc notoires. Et dire que certains vivent avec ça, c'est-à-dire en ne faisant que dalle. On les appelle - j'y arrive enfin ! - «Les rentiers». Alors, il paraît que cette espèce locale qui profite un max en ne bougeant pas le petit doigt, serait bientôt en voie de disparition. Oui, je suis sceptique et j'ai mes raisons. Ce n'est pas la première fois qu'on nous annonce la fin des privilèges héréditaires offerts et leur super corollaire, le fameux agrément, mais j'ai bien l'impression qu'à chaque fois, on nous ment. Je vais être franc avec vous : plus je trouve ce système exécrable, irrationnel et profondément injuste, plus je me dis que si on le démocratisait (on aurait dû même profiter de la récente refonte pour le constitutionnaliser), je serais le premier preneur. Non, je n'ai pas changé d'étiquette ni retourné ma veste. Je vous explique mon idée : au lieu de limiter ces super cadeaux à quelques énergumènes, fussent-ils ou fussent-elles supermen ou superwomen et créer ainsi, en plus des paresseux et des jaloux, de terribles surenchères qui risquent de mettre notre économie par terre, pourquoi ne pas les distribuer un peu à tout le monde, ou, au moins, à ceux, comme moi, qui le méritent et qui le demandent. Le résultat escompté est simple : plus on est de privilégiés et plus on va s'amuser. Bien sûr que je plaisante et que je me marre, mais, franchement, y en a marre ! Ce système des «grimate» nous fait rester à l'ère des primates. Ça ne rime plus à rien, tout ça ! À force de récompenser les uns et d'en priver d'autres, on va finir par faire de nous un peuple de fumistes doublés de fatalistes. Et, sincèrement, ce n'est pas comme ça qu'on va changer d'ère. En attendant, je vous souhaite un week-end frais et cool, et vous dis vivement le changement et vivement vendredi prochain.