Allez ! C'est le week-end, vous avez bossé toute la semaine et je ne vais pas vous embêter encore, ou bien, au contraire, vous n'avez pas travaillé une seule heure, parce que, tout simplement, vous êtes de valeureux chômeurs, et donc, je ne vais pas vous en rajouter, bref, aujourd'hui, j'ai envie d'être sympa avec tout le monde, et je vais essayer, je dis bien «essayer», de vous livrer un billet plutôt ... léger. En fait, quand j'ai eu cette idée si généreuse, je n'ai pas eu beaucoup à chercher. Les pleines pages du journal, les ouvertures de journaux télé, les émissions radio, les affiches et banderoles partout, tout, tout, tout ne parle que de «ça». On nous promet chants et merveilles, des stars jeunes ou vieilles, parfois à prix «raisonnables», mais souvent à l'œil. Tout «ça», «on» le fait pour nous, car «on» nous aime, «on» veut qu'on s'amuse, «on» veut qu'on oublie les petits soucis de la vie, qu'on zappe nos grands ennuis, et qu'on ne pense plus qu'à une seule chose : faire la fête ! Parce qu'on a beau dire, on a beau réfléchir, on a beau se casser la tête, il n'y a que «ça» de vrai : la fête ! Pourquoi chercher puisque «ça», c'est tout trouvé. «Ça», ça ne demande vraiment rien. Pas besoin de «briefing», ni de «brainstorming», ni de «business plan», ni de «job description», ni de «challenge», Rien de tout ça pour réaliser «ça». Je le répète, vraiment, on n'a besoin de rien. Oui, bien sûr, il faut un peu d'argent, même beaucoup d'argent, et quelques fois même, énormément d'argent, mais, pour «ça», comme par miracle, l'argent est, «hamdoullah», toujours là. Il suffit juste de vouloir, et, d'ailleurs, ça tombe bien, «on» ne veut que «ça». Je suis sûr que le jour où «on» a découvert «ça», «on» a fait la fête jusqu'au petit matin. Parce que «ça», il n'y a pas mieux. Bon, c'est vrai, ce n'est pas une potion magique, «ça» ne règle aucun problème, ça ne guérit aucun mal, mais «ça» fait beaucoup plus et beaucoup mieux : ça fait oublier, et ne serait-ce que pour ça, «ça» n'a pas de prix. Je crois que je n'ai pas besoin de vous faire un dessin, vous avez sûrement déjà deviné que «ça», c'est bien sûr, la super grande trouvaille du siècle : les festivals ! Vous allez me dire que ce n'est pas nouveau, que les festivals, ça existe partout depuis toujours, que chez nous, déjà, avant les festivals, il y avait la version folklorique locale, «les moussems», et qu'après tout, c'est une formule qui a toujours bien fonctionné, pourquoi donc changer une recette qui marche ? Objection, votre honneur ! Certes, les festivals, les «moussems» et autres «afrah achaâb» ( «Les joies du peuple» !), ça a toujours existé, mais ce qui est absolument nouveau, inédit, original dans cette nouvelle version des festivals, ce sont d'abord les moyens qu'on mobilise désormais pour «ça» et qui sont, il faut le dire, parfois, bien au-dessus de nos moyens, ensuite les têtes d'affiche et les super vedettes auxquelles on fait de plus en plus appel, et, enfin, le nouveau public ciblé. En effet, le fait absolument révolutionnaire, c'est que, depuis un certain temps, on ne vise plus seulement les pauvres bougres des bourgs lointains, qui vont venir se bousculer, le ventre vide, mais la tête pleine de rêves et le cœur débordant d'espoir, l'espoir... d'oublier le temps de l'instant, toutes les préoccupations du moment, mais on invite désormais le beau monde, «l'autre» monde, «l'autre» Maroc : les «Marocains d'en haut». Oui, on peut être fiers de notre pays aujourd'hui : «on» a réussi à tout démocratiser ici, même l'oubli ! Au fait, «eux», ils veulent oublier quoi ? Bon week-end et.... joyeux festivals.