Bachir Baddou Directeur général de la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurance (FMSAR) Les ECO : La Direction des assurances et de la prévoyance sociale (DAPS) vient de rendre publique une note sur la situation du secteur marocain des assurances en 2013. Il en ressort que l'activité du secteur affiche toujours un essoufflement qui s'accentue en 2013. Selon vous, quelles en sont les raisons ? Bachir Baddou : Vos propos sont à nuancer car si la croissance en «assurance vie et capitalisation» n'est pas au rendez-vous, la non vie continue pour sa part à afficher une croissance nettement supérieure au taux de croissance de l'économie nationale. Le taux de croissance pour cette branche a été de 5,5% en 2013 et 6,3% en 2012. Certaines sous catégories ont connu des croissances très fortes. Je peux citer les cas de l'assurance automobile avec +6%, les risques techniques avec +11,7%, «l'assistance crédit caution» avec +15,3% ou encore la responsabilité civile générale avec +6,8%. La croissance en assurance vie est pour sa part tributaire de l'épargne canalisée à travers les réseaux bancaires et des stratégies de différentes banques de la place dans le choix des produits à commercialiser durant l'année avec une contrainte très forte sur ceux qui entrent directement dans leur cœur de métier. Il est vrai qu'en 2012 les banques ont été très actives dans la vente des produits vie et capitalisation puisque l'année s'était clôturée sur un taux de croissance de 14,5%, mais force est de constater qu'en 2013 ces mêmes acteurs ont eu des stratégies différentes. Les entreprises d'assurances ont dégagé au titre de l'exercice 2013 un résultat net en baisse à 3 MMDH contre 3,1 MMDH en 2012. Comment expliquez-vous ce recul de 2,7% ? Comme vous le savez, les compagnies d'assurances ont deux activités qui contribuent à la formation de leur résultat. La première est l'activité liée à leur cœur de métier «l'assurance» et la deuxième est leur activité financière à travers la gestion de leurs actifs qui à fin 2013 s'élevaient à 114 MMDH. La contribution de l'activité assurantielle dans la formation du résultat net des acteurs du marché n'a pas connu de baisse en 2013. Par contre, l'activité financière a dégagé une rentabilité moindre due à la baisse des rendements des actifs. Il ne faut pas oublier qu'en 2013, nous avons subi la baisse de rendement des actions cotées à la bourse de Casablanca conjuguée à un rendement très faible des obligations du fait de la hausse de la courbe des taux. Le taux de sinistralité reste élevé sur la non vie : une situation qui fait que la rentabilité du secteur est souvent dépendante de la performance des placements sur les marchés financiers. Quelle est votre appréciation de la situation ? Les sociétés d'assurances ont pris conscience avec la baisse du marché financier de l'importance de leur rentabilité technique de sorte que l'ensemble des acteurs a mis en place des mesures visant à atteindre cet objectif. Aujourd'hui je pense que l'ensemble des sociétés d'assurances dégage des résultats techniques positifs. Quels sont aujourd'hui les relais de croissance du secteur et quelles sont les perspectives ? À quand une croissance plus soutenue du secteur dans son ensemble ? Sur les dix dernières années, notre secteur a affiché un taux de croissance annuel moyen de l'ordre de 8%. Nous restons un secteur vigoureux qui va continuer à croître de manière significative puisque le taux de pénétration qui est aujourd'hui de 3,1% du PIB demeure très faible bien qu'il nous place au premier rang du monde arabe. Il y a un rattrapage à faire de sorte que nous ne pouvons qu'aller de l'avant. Par ailleurs, l'économie marocaine change et se transforme. Les grandes stratégies sectorielles commencent à donner leurs fruits. Il suffit de voir des secteurs tels que l'automobile, l'aéronautique, l'électronique ou encore l'agriculture à travers le Plan Maroc vert. Ces évolutions vont entraîner une hausse du PIB par habitant favorisant ainsi la consommation et donc la croissance. La matière assurable est en train de s'élargir, ce qui donnera inéluctablement plus de profondeur à notre secteur lui permettant de jouer pleinement son rôle de protection des biens et des individus.