Entre la photographie et la peinture, Yasmine Tahiri puise son inspiration dans le Maroc qu'elle aime, sa manière à elle de l'immortaliser. Tantôt dans l'abstrait, tantôt dans le figuratif (portraits), l'artiste se ballade dans deux mondes qu'elle fait coexister. Rencontre avec une artiste rêveuse qui expose en ce moment même son travail, intitulé «Casa sur chêne», au Chester's de Casablanca. Une sensibilité à fleur de peau au service d'un passé jamais oublié, même sans avoir vécu celui-ci. Yasmine Tahiri, peintre et photographe, recherche le concret dans l'abstrait pour répondre à ses questions existentielles. Elle choisit donc de combiner la peinture, chose qui lui permet l'abstraction totale, avant de compléter son travail par la photographie qui saisit des moments réels. Un combat perpétuel entre le réel et l'imaginaire. «Dans ma peinture (l'abstrait) je m'échappe complètement et totalement, je laisse libre cours à mon imagination même si peins principalement des carrées. Pour moi, le carré est une forme parfaite, et je pense que je suis inconsciemment en perpétuelle recherche de perfection», explique l'artiste qui avoue n'avoir aucun attrait pour les études, elle qui préférait «griffonner des dessins dans mes cahiers de cours en classe». Elle décide donc d'opter pour une école d'arts plastiques en France, à Grenoble, afin de s'orienter vers l'infographie. Le destin en décide autrement. «En revenant au Maroc, je voulais plutôt travailler dans la créa' «infographique», mais le destin m'a fait rencontrer un photographe après mes études, et j'ai su à ce moment-là que je voulais faire de la photo mon métier». J'ai fais mes premiers pas dans la presse en tant que photographe, ensuite j'ai commence à peindre et à exposer. Aujourd'hui, je travaille à mon compte, je continue à peindre, mais il s'agit plus de commandes et, depuis un an, je me suis associée à un ami avec qui je fais de la décoration d'intérieur». Aujourd'hui, elle expose sont travail, intitulé «Casa sur chêne» au Chester's de Casablanca, une manière d'immortaliser les racines de la ville blanche. «Il en va de notre conscience de maintenir en l'état ce patrimoine qui parfois s'éteint dans l'indifférence. Casablanca est un arbre centenaire, et «Casa sur chêne» est l'expression à la fois de sa fragilité et de sa puissance». Inspirée par l'humain et les regards qui en disent long, elle explore ses passions. «Ce qui m'inspire le plus, c'est la nature humaine (le regard) et j'aime travailler sur les portraits, surtout les personnes âgées qui ont un vécu qu'on peut lire entre les lignes de leurs rides, sur leur visage et surtout dans le regard. La femme marocaine m'inspire beaucoup, de par sa force et sa détermination». Une force et une détermination dont elle joue dans des formes de collages et dans sa méthode de travail en général : «Mes travaux collage photo sur toile/peinture sont un mélange de mes deux passions, et pouvoir travailler les deux est une façon de les faire coexister sur un même support. Une façon de donner vie à un portrait en noir et blanc avec un fond de peinture qui reprend souvent les couleurs du Maroc, «le cuivre [sa couleur préférée], l'or et l'argent». Un voyage entre le réel et l'irréel à entreprendre de toute urgence...