Amine Kabbaj, architecte de métier, et restaurateur du Riad El Fen, a organisé une exposition de brassage artistique, en marge de la Biennale de Marrakech. Des œuvres d'expressions diverses, en bois, en fer, en os, en métal, ont fleuri l'enceinte du Club House Al Maaden, au cœur de Marrakech. Une exposition collective de totems de 60 cm de large et 2m de haut, fruit d'une expression libre, et de la spontanéité des sept artistes, et de leurs artisans-binômes. Yasmina Alaoui, artiste marocaine résidant à New York, a signé un travail inspiré des motifs abstraits de mosaïque, où dorures et sensibilité artisanale épousent des techniques pointues. Emulsion photographique, dessin, peinture, photo, collage ornent ses créations d'une extrême élégance. Marco Guerra, photographe chilien, a réalisé une centaine de polaroids imprimés sur toile, dégainant des portraits de femmes portant des objets divers, en un manifeste visuel contre l'intolérance et l'inégalité. Leila Alaoui, photographe marocaine résidant à Paris, a imprimé des photographies sobres et élégantes, aux motifs noir et argenté, sur toiles, signant des créations d'une infinie délicatesse. Christophe Ronel, inconditionnel des peintures composites imprégnées d'éléments ethniques, a développé des créations de figuration narrative à dimension gestuelle, où le vécu transgressé et les dérives de l'imaginaire sont imbriqués l'un dans l'autre. Des stèles en bois et en zellige, réalisées par des artisans locaux de Marrakech, ont ponctué ses déambulations historiques. Le graffiti en toile Trois artistes issus du monde du graffiti on signé un langage hybride, à mi-chemin entre la toile et la rue. Jonas « Sun 7 », grapheur français et habitué de la galerie David Bloch, a déployé des écritures en formes de calligraphies arabes, sortes d'arabesques ponctuées de totems et de symboles, en une pure projection graphique de l'univers oriental, tel perçu par l'artiste. Yassine Mekhnache ou Yaze, artiste graffiti marocain résidant à Paris, est fidèle à son travail graphique sur le visage, qu'il effectue depuis 15 ans. Pétri de rêveries et de vibrations pop art, il signe des enchevêtrements colorés de lignes et de formes. Le travail de l'artiste n'est que l'équilibre des œuvres en os réalisées par son artisan-binôme, agrémentant des textes lyriques et poignants de Yacine Kateb en français, et Haj Ali Bin Idriss en arabe. L'onirique et le lancinant. Tanc Vao, un autre habitué de David Bloch Galerie, a signé des toiles rythmées, inspirées de sa musique, et des œuvres en métal sublimées par l'expertise locale. Maîtrise graphique, unité esthétique et liberté artisanale, tels sont les maître-mots de cette exposition. A découvrir jusqu'au 11 mars. Maître et artisans Amine Kabbaj, commissaire de l'exposition « Biennale Off » est un architecte marocain et un grand féru d'art. Il est le rénovateur de riad El Fen, l'établissement acquis en 2002 par l'organistatrice de la Biennale Vanessa Branson, et qui a accueilli une grande partie des débats et rencontres littéraires et artistiques de l'évènement. Egalement commisssaire de l'exposition « Animal Dream » de l'édition 2010 de Marrakech Art Fair, ce fédérateur a tenu à relever ce curieux pari de réunir 7 artistes, tenants d'expressions différentes, graffiti, photographie, sculpture et peinture, déroulant comme seuls fils conducteurs les dimensions des œuvres, et les tandems avec les artisans. Un pari joliment réussi.