Un emprunt obligataire par appel public à l'épargne, dont les souscriptions courent jusqu'au 23 décembre 2014, vient d'être émis, avec pour arrangeur la Société commerciale de banques au Cameroun, filiale d'Attijariwafa bank. Comme ce fut déjà le cas en décembre 2013, la Société commerciale de banques au Cameroun (SCB Cameroun), filiale d'Attijariwafa bank, a été retenue par le gouvernement camerounais pour être l'arrangeur de l'emprunt obligataire qu'il vient d'émettre sur le marché de la Douala Stock Exchange (DSX), Bourse des valeurs mobilières de Douala. Une opération qui vise à lever la rondelette somme de 150 milliards de FCFA, soit environ 300 millions de dollars. Lancé le 24 novembre dernier, cet appel public à l'épargne court jusqu'au 23 décembre 2014 pour ce qui est des souscriptions. Quant au remboursement, il s'étalera sur cinq ans (2014-2019), avec une rémunération fixée à un taux annuel de 5,50%, un peu moins que celui des deux derniers emprunts obligataires lancés par le Cameroun en 2010 et en 2013 pour lesquels les taux d'intérêt étaient respectivement de 5,6% et 5,9%. Répondant à cette remarque faite par les investisseurs au moment de la présentation officielle de cette nouvelle opération, Alamine Ousmane Mey, le ministre des Finances, a indiqué que la signature du Cameroun est fiable et que le pays est en mesure aujourd'hui de lever des capitaux à des taux bien plus bas encore. Sur la qualité de la signature du Cameroun, l'on se souvient justement que, pour l'emprunt obligataire de décembre 2013, le pays avait enregistré 80 milliards de FCFA de souscriptions alors qu'il en sollicitait 50. Aussi n'exclut-on pas un nouveau dépassement du montant désiré. D'où l'autorisation, demandée et obtenue auprès de la Commission de marchés financiers (CMF) par l'arrangeur, d'utiliser tous les fonds qui seront mobilisés au terme des souscriptions à ce nouvel emprunt.Pour cette opération, SCB Cameroun a constitué un syndicat de placement comprenant 10 institutions financières: Financia Capital S.A., Afriland First Bank, Banque atlantique Cameroun, UBA Cameroon, BICEC, EDC investment Corporation, Cenainvest, CBC, Société générale Cameroun, et bien sûr SCB Cameroun. C'est auprès de ces établissements que les investisseurs intéressés peuvent effectuer leurs souscriptions.Les fonds recherchés sont destinés au financement de plusieurs projets de développement. Ainsi, d'après la note d'information qui accompagne cette émission de titres, plus de 63 milliards de FCFA sont destinés à la construction et la réhabilitation d'infrastructures routières. Pendant ce temps, 40,8 milliards de FCFA sont prévus pour financer des projets énergétiques, tandis que 25 milliards de FCFA seront consacrés au financement de travaux portuaires, en particulier sur le chantier du futur port en eaux profondes de Kribi. L'Etat compte utiliser les 21 milliards de FCFA restants pour financer ses «participations» dans cinq entreprises publiques. Parmi celles-ci, l'on cite la Cameroon Airlines Corporation (Camair-CO), la compagnie nationale de transport aérien qui, depuis le début de ses vols en 2011, vit essentiellement de subventions. Cela n'est pas forcément du goût de la CMF qui a récemment indiqué qu'elle préfèrerait que ces entreprises émettent elles-mêmes des titres sur le marché de capitaux du pays ou de la sous-région pour financer leur développement. Un rêve qui est encore loin de devenir une réalité, dans la mesure où la culture de la Bourse a du mal à s'imposer auprès des entreprises et des opérateurs économiques d'Afrique centrale, tant et si bien que, dix ans après sa création, la DSX ne compte que trois entreprises cotées.En attendant, le Cameroun entend continuer à exploiter l'épargne locale pour le financement de ses programmes de développement. C'est ainsi que le projet de budget 2015, actuellement en débat au Parlement, prévoit des emprunts obligataires pour un montant de 320 milliards de FCFA (environ 640 millions de dollars), soit 14% de plus que les prévisions contenues dans le budget 2014. Le Maroc incompris ? Depuis que l'organisation de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) 2015 a été retirée au Maroc et attribuée à la Guinée équatoriale, des voix s'élèvent un peu partout à travers le continent pour demander de «lourdes» sanctions à l'encontre du royaume chérifien. En effet, on ne comprend pas que ce pays ait refusé d'organiser la CAN en évoquant la menace du virus Ebola alors qu'en même temps, il s'apprête à accueillir sur son sol la Coupe du monde des clubs. Cependant, il semblerait bien que le Maroc soit incompris dans cette affaire. En effet, les partisans de cette thèse oublient généralement de remarquer que les équipes participant à la Coupe du monde des clubs ne viennent pas de pays où l'on a enregistré des cas de virus Ebola. Dans les débats sur cette question, l'on oublie généralement aussi de noter que le Maroc n'a pas refusé d'organiser la CAN, mais qu'il a tout simplement demandé son report à cause de la menace Ebola. Or, dans ce contexte, il est tout à fait légitime que le royaume demande du temps. Par exemple, pour mettre en place un dispositif sanitaire à même de contenir, pendant ce tournoi qui draine des foules venant de partout, les éventuels cas d'une fièvre hémorragique dont le virus tue plus de 50% des personnes qu'il contamine. La passion et l'émotion du football ne doivent tout de même pas faire perdre de vue le fait que la santé des populations passe avant tout. Thierry Ekouti, Dir. pub - Le Quotidien de l'Economie (Cameroun)