L'entreprise marocaine a été retenue pour participer à la réalisation du Plan d'urgence triennal que vient de lancer le gouvernement camerounais en vue de l'accélération de la croissance du pays. Le groupe marocain Alliances vient de décrocher un contrat de réalisation d'infrastructures de santé et de logements sociaux au Cameroun. L'information est tombée en fin de semaine dernière après une rencontre jeudi entre les responsables d'Alliances et ceux du ministère camerounais de l'Economie, de la planification et de l'aménagement du territoire. Rencontre suivie vendredi d'une audience accordée à la délégation marocaine par le président de la République du Cameroun, Paul Biya. Au sortir de cette audience, Alami Lazraq, président-directeur général (PDG) d'Alliances a révélé à la presse camerounaise les détails de ce contrat : «mon groupe va réaliser huit hôpitaux à travers votre pays, en plus de la restructuration des plateaux techniques des centres hospitaliers universitaires (CHU) de Yaoundé et de Douala. En même temps, nous réaliserons des logements sociaux dans chacune des régions». Plus concrètement, il s'agit pour Alliances de construire un hôpital de référence dans chacun des huit chefs-lieux de région (provinces) qui n'en disposent pas encore. À savoir Bafoussam, Bamenda, Bertoua, Buéa, Ebolowa, Garoua, Maroua et Ngaoundéré. Le site internet de la présidence de la République du Cameroun ajoute qu'outre la restructuration de leurs CHU, les deux autres chefs-lieux de région que sont Douala et Yaoundé enregistreront la remise à niveau des plateaux techniques de leurs hôpitaux de référence respectifs. Enfin, l'on apprend qu'un ensemble de 100 logements sociaux seront érigés autour de chaque nouvel hôpital construit. Ce qui fait un total de 800 logements sociaux à réaliser. 380 millions de dollars Que ce soit chez le ministre de l'Economie ou chez le président de la République, la délégation marocaine, conduite par l'ambassadeur du Maroc au Cameroun, Lahcen Saile, comprenait aussi le PDG du groupe Banque atlantique, Léon Koffi Konan. C'est en effet cette institution qui a la charge de mettre à disposition les 190 milliards de FCFA (environ 380 millions de dollars) nécessaires au financement de ces différents projets, dont le délai de réalisation sera de trois ans, à compter de janvier 2015. Mise à niveau Ces projets à réaliser par le groupe Alliances entrent dans le cadre du Plan d'urgence triennal annoncé par le chef de l'Etat camerounais le 9 décembre dernier au cours d'un conseil ministériel. Un plan d'urgence né du constat dressé par le gouvernement en décembre 2013 selon lequel au rythme de son évolution actuelle, l'économie camerounaise ne pourrait pas permettre au pays de devenir émergent d'ici 2035 comme il le souhaite. Ce plan dont la finalité est de booster le taux de croissance du pays, qui stagne depuis plusieurs années à environ 5%, porte sur un montant global de 925 milliards de FCFA (1,85 milliard de dollars). Une enveloppe à fournir avec le concours de quatre banques opérant au Cameroun et à l'étranger. Infrastructures Outre la Banque atlantique, les établissements de crédits impliqués sont la Standard Chartered Cameroun, qui s'est engagée à injecter 300 milliards de FCFA, BGFI Cameroun (100), Ecobank Cameroun (35) et la Deutsch Bank (8). Les projets cités par le chef de l'Etat comme devant être financés par le plan d'urgence sont nombreux. En plus de la construction d'hôpitaux de référence et la réhabilitation de plateaux techniques d'établissements sanitaires existants, il y a la réfection de routes secondaires et l'éclairage public dans les grandes villes. Sans oublier la construction de puits et forages dans 30 villes, ainsi que la mise en place d'abattoirs et d'entrepôts frigorifiques à travers le pays. Les conventions de financement de ces différents projets ont été signées le vendredi 19 décembre dernier entre ces banques et le gouvernement camerounais, représenté par le premier ministre Philémon Yang. «Nous sommes très fiers de participer à ce plan d'urgence qui est une idée exceptionnelle», s'est réjoui le PDG d'Alliances après la signature de ces conventions. Thierry Ekouti, Dir. pub - Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Exemple L'inauguration le 16 décembre dernier du pont Henry Konan Bédié à Abidjan en Côte d'Ivoire a eu un retentissement tout particulier au Cameroun. Ce pont autoroutier réalisé en trois ans environ (le chantier commencé en 1999 puis immédiatement interrompu à cause du coup d'Etat de décembre 1999 n'a repris qu'en 2011) fait pâlir d'envie les Camerounais sur les réseaux sociaux : eux qui sont habitués à des retards dans les projets de développement de leur pays. L'un des exemples les plus vivants est la construction de l'autoroute Douala-Yaoundé dont le début des travaux, prévu pour l'année 2012, est toujours attendu en fin 2014. L'autre illustration est le port en eaux profondes de Kribi, qui avait été annoncé pour être opérationnel dès le mois de juin 2014. Or, tel n'est pas le cas alors que nous nous apprêtons à entrer dans l'année 2015. Si ledit port est techniquement opérationnel, il ne peut, sur le plan pratique, recevoir aucun navire commercial. Les services traditionnels (manutention, stockage, douanes, etc.) n'étant pas encore en place. Tout comme la route de 30 km qui relie le port à la ville de Kribi, qui est encore en chantier alors qu'elle aurait pu être construite au même moment que le port lui-même. À Douala, l'on en est encore à construire le deuxième pont sur le Wouri, prévu pourtant depuis les années 1980. La Côte d'Ivoire qui sort d'une longue période d'instabilité parle décidément au Cameroun.