La Société commerciale de banques au Cameroun, filiale d'Attijariwafa bank, a couvert à elle seule 100 millions sur les 300 millions de dollars levés. La Société commerciale de Banques au Cameroun (SCB Cameroun) a de très loin été le principal souscripteur du dernier emprunt obligataire émis par l'Etat du Cameroun, baptisée «ECMR 5,50%, 2014-2019». Une opération dont les souscriptions allaient du 24 novembre au 23 décembre 2014. En effet, avec 50 milliards de FCFA (100 millions de dollars) de souscriptions au total, la filiale d'Attijariwafa bank aura couvert à elle seule le tiers des 150 milliards de FCFA (300 millions de dollars) mis en adjudication par le gouvernement camerounais. Une situation sans doute facilitée par le fait que cette banque, qui occupe le quatrième rang sur le marché camerounais en termes de total de bilan, ait été aussi l'arrangeur de cet appel public à l'épargne. Cette information a été communiquée à travers une conférence de presse organisée le 26 décembre dernier à Yaoundé par le ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey, pour donner les résultats de cette opération. À cette occasion, l'on a aussi appris que les souscriptions de la SCB Cameroun représentent la moitié de l'ensemble de la participation des établissements de crédits du pays, qui ont fourni environ 100 milliards de FCFA, soit 200 millions de dollars. «La prise ferme de 50 milliards de FCFA a été réalisée par SCB Cameroun comme elle l'avait annoncé lors du lancement de l'emprunt obligataire à Douala, elle le fait parce qu'également en 2010, elle avait été convaincue de l'intérêt d'accompagner l'Etat dans cette opération, elle a renouvelé son intérêt en 2013 et le renouvelle encore cette année», a commenté le ministre des Finances. Succès Pour le reste, l'opération aura connu «un succès retentissant», selon le gouvernement camerounais puisqu'elle aura permis de collecter en tout 153 milliards de FCFA (306 millions de dollars), ce qui représente un taux de couverture de l'ordre de 102%. Outre les établissements de crédits, les particuliers camerounais auront souscrit à hauteur de 21 milliards de FCFA. Pour Alamine Ousmane Mey, «cela témoigne de la confiance des investisseurs. La signature du Cameroun est la meilleure signature de la sous-région Afrique centrale». Le dépassement de la somme recherchée est un cas de figure prévu dans la note d'information de cet appel public à l'épargne. Ainsi, il y a deux possibilités : soit demander l'autorisation de la Commission des marchés financiers pour corriger le montant demandé afin de le placer à la hauteur des souscriptions, soit procéder, avec l'arrangeur, à une réduction des souscriptions, en retenant en priorité les personnes physiques et morales non bancaires. Pour l'heure, l'on ne sait pas encore quelle option sera choisie. Deuxième emprunt Quant à la SCB, c'est la deuxième fois qu'elle connaît une telle réussite dans l'arrangement d'un emprunt obligataire pour l'Etat du Cameroun. La première fois, c'était en décembre 2013, à la faveur du deuxième emprunt obligataire de l'histoire des finances publiques camerounaises (le premier, organisé en janvier 2010, avait permis de lever plus de 200 milliards de FCFA – 400 millions de dollars). La Banque avait alors réussi à faire lever 80 milliards de FCFA (160 millions de dollars) là où l'Etat avait besoin de 50 milliards de FCFA, réalisant alors un taux de couverture de 160%. Projets Pour ce qui est de l'usage des fonds collectés suite à ce troisième emprunt obligataire du Cameroun, ils sont destinés au financement de plusieurs projets de développement. Ainsi, d'après la note d'information qui accompagne cette émission de titres, plus de 63 milliards de FCFA sont destinés à la construction et la réhabilitation d'infrastructures routières. Pendant ce temps, 40,8 milliards de FCFA sont prévus pour financer des projets énergétiques tandis que 25 milliards de FCFA seront consacrés au financement de travaux portuaires, en particulier sur le chantier du futur port en eaux profondes de Kribi. L'Etat compte utiliser les 21 milliards de FCFA restants pour financer ses «participations» dans cinq entreprises publiques. Thierry Ekouti, Dir. pub - Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) La leçon du pétrole Réuni à Douala le 18 décembre dernier, le Comité de politique monétaire de la BEAC (la Banque centrale des Etats de l'Afrique centrale), a actualisé ses prévisions de croissance pour 2014, en ramenant le taux à 4,9% au lieu des 5,6% initialement prévus. L'institution explique cette revue à la baisse par la chute sur le marché international des cours du pétrole brut dont cinq des six Etats membres de la BEAC sont des producteurs, notamment le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad, le seul pays de la sous-région ne produisant pas de pétrole étant la République centrafricaine. Cette situation dommageable mérite d'être aussi interprétée comme une interpellation à l'endroit des gouvernements de la sous-région. Interpellation à diversifier plus que jamais leur tissu économique pour échapper à cette dépendance au pétrole qui les rend finalement si fragiles. Ce ne sont d'ailleurs pas les atouts qui manquent dans cette zone qui compte d'immenses richesses naturelles. C'est donc peut-être une occasion de procéder par exemple à une relance décisive de l'agriculture dans cette partie du continent. Agriculture entendue ici au sens large car englobant l'élevage et la pêche. Il n'y aurait alors qu'à profiter des vastes terres disponibles ici et là et n'attendant que d'être mises en valeur. Occasion aussi de relancer l'industrie de transformation des matières premières afin de profiter de la valeur ajoutée pour cesser d'être de simples territoires de production et d'exportation...