L'histoire du Smig marocain est complexe. Le PJD en avait fait l'un de ses fondamentaux électoraux, en promettant de le porter à 3.000 dirhams. L'opposition l'accuse, depuis deux ans, d'avoir menti aux Marocains, puisqu'il n'a pas réalisé ce vœu pieux. En mai 2014, l'Exécutif s'est saigné budgétairement aux quatre veines pour exaucer ce qui est qualifié par des centaines de milliers de fonctionnaires et salariés du privé de droit. Le Smig est passé alors à 3.000 dirhams pour le public et un peu moins pour le privé. Or, cette même opposition crie au scandale. D'abord en dénonçant «le timing», qu'elle qualifie de pré-électoral. Ensuite, en considérant l'augmentation du Smig à 3.000 dirhams comme insuffisante. Quelques jours après, la CGEM estime que l'augmentation du Smig est inappropriée et dénonce «une mesure qui sape la compétitivité». Encore une fois, «notre» opposition monte au créneau pour rallier la position de la CGEM et accuser l'Exécutif de rendre l'entreprise marocaine non compétitive ! Franchement, l'opposition menée par le PAM, l'Istiqlal et l'USFP ne sait plus à quel saint se vouer. Ce genre de position où l'on réclame la chose et son contraire, juste parce que le gouvernement s'est exécuté dans un sens ou un autre, discrédite l'opposition et la renvoie dans la perception des Marocains à l'image d'une opposition à court d'arguments et surtout de programme. Pourtant, ce ne sont pas les dysfonctionnements du cabinet Benkirane qui font défaut. Encore faut-il ne pas être aussi paresseux pour les dénicher !