■ L'augmentation est inévitable pour gagner la paix sociale. ■ Pour passer à 3.000 DH comme promis par le PJD dans son programme électoral, le salaire minimum devrait être valorisé de 25%. ■ Cette hausse ne peut être que progressive et étalée sur plusieurs années. La revalorisation du SMIG à 3.000 DH a été l'un des engagements majeurs du PJD lors de sa campagne électorale. Une fois au gouvernement, des ministres du parti de la lampe, ou des dirigeants de cette formation, ont vite temporisé pour annoncer que cette mesure est un objectif qui ne peut aboutir que progressivement et à la fin du mandat, c'est-à-dire en 2016. La déclaration gouvernementale doit prendre en considération l'avis des autres partis de la coalition. Mais vu la grogne existant aussi bien dans le secteur public que privé, l'exécutif pourrait céder pour gagner la paix sociale au moins pour ses premières années d'exercice du pouvoir. Techniquement, la hausse du salaire minimum est possible à ce niveau mais encore faut-il qu'elle soit compatible avec les finances de l'Etat. Déjà la hausse décidée, qui est de l'ordre de 15% au cours de l'année 2011, coûterait au budget de l'Etat plus de 12 milliards de DH. Il faut souligner que l'Etat a commencé à partir de 2011 à éliminer les basses échelles entre 1 et 5. Cette initiative a concerné plus de 40.000 fonctionnaires ou agents des collectivités locales. Elle a permis de hisser les salaires de cette catégorie de personnes au niveau au moins du SMIG. C'est un fardeau lourd que le nouvel exécutif doit négocier surtout lorsqu'on sait que les recettes publiques sont, certes, en croissance, elles n'arrivent cependant pas à couvrir les nouvelles charges. Dans le secteur privé, le patronat a accepté la dernière revalorisation avec réserve. Il était hors de question que cette hausse impacte la compétitivité de l'entreprise marocaine. Mais le climat de printemps arabe a poussé la CGEM à céder sur ses positions. La confédération a exigé la prise en considération des spécificités de certains secteurs gros employeurs de main-d'œuvre comme le textile ou le tourisme. A la commission emploi de la CGEM on affirme qu' «il faut plutôt mettre en débat la notion de revenu globale qui intègre le salaire de base, mais également l'ensemble des avantages et prestations sociales dont pourrait bénéficier le salarié. Par conséquent, cela pose la question du modèle social qu'il fallait mettre en place dans notre pays. Dans la situation actuelle du Maroc qui fait partie d'une économie mondiale, toucher à la compétitivité à travers une augmentation directe du salaire serait une initiative dangereuse pour les entreprises et par conséquent pour les emplois futurs». Il est clair que la compétitivité de l'entreprise est l'argument le plus tangible avancé par la CGEM. A près de 2.400 DH par mois à partir de 2012, le SMIG au Maroc se rapproche du niveau de certains pays ayant regagné dernièrement l'Union européenne. Il devance largement le niveau pratiqué par certains pays similaires comme l'Egypte, la Jordanie, la Tunisie ou l'Algérie voisine, pourtant un pays pétrolier. Le patronat défend l'idée d'un pouvoir d'achat décent, mais il n'y a pas uniquement la revalorisation des salaires pour le soutenir. Face à une vie chère, l'allégement de la fiscalité sur la consommation et la modernisation des circuits de distribution pour réduire les intermédiaires et les monopoles, permettent de donner un coup de pouce au panier de la ménagère. Le SMIG devrait atteindre en 2012 près de 2.400 DH. Il a gagné 25% depuis 2008. Pour passer à 3.000 DH, il devrait progresser de 25%. Il faut préciser que l'importance du SMIG se manifeste par le fait qu'une bonne partie des travailleurs sont payés au salaire minimum et cela pour les personnes déclarées et les entreprises structurées. Alors que dans l'informel et dans certains secteurs persistent toujours la sous-déclaration et les tarifs médiocres. Pour les syndicats, 3.000 DH sont insuffisants pour faire face à la flambée du coût de la vie. L'Union marocaine des travailleurs (UMT) et la Fédération démocratique du travail (FDT) ont milité clairement pour 3.500 DH, alors que la Confédération démocratique du travail (CDT) exige pas moins de 4.000 DH. ■