La troisième édition du Salon Clim met la lumière sur les défis du secteur de la climatisation et de l'air conditionné au Maroc. Un secteur dynamique mais battant de l'aile à la fois, faute de normalisation et de réglementation claires selon les acteurs. La politique du bas prix entrave toute la chaîne des métiers du secteur et fait baisser les volumes de vente de façon considérable au fil des années. Que ce soient les bureaux d'études, les installateurs, les distributeurs ou encore les fabricants, tous les acteurs du secteur de la climatisation et de l'air conditionné au Maroc s'accordent à dire que ce dernier souffre de problèmes structurels dus à un manque de normes. La troisième édition du salon Clim, qui se tiendra du 14 au 17 mai prochains est une occasion pour ces divers acteurs d'aller vers une synergie permettant l'établissement de normes et d'indicateurs transparents nécessaires au développement des métiers de la climatisation au Maroc. Ce constat a été confirmé par diverses entreprises partenaires du Salon, mais aussi par les bureaux d'études représentés par Yasser Berrada, président de l'Association marocaine du Conseil de l'ingénierie (AMCI), l'organisme représentant des bureaux d'études au Maroc. Dans ce sens, le programme de la troisième édition repose sur un volet scientifique et technique considérable, en partenariat avec la Faculté des sciences et techniques de Mohammédia, car il porte notamment sur l'efficacité énergétique dans le bâtiment et dans l'industrie, la normalisation des installations thermiques et le contrôle des réalisations. Urgence Outre le manque de normes et d'indicateurs transparents, le manque de représentativité est un autre aspect à régler pour une bonne structuration du secteur. À ce titre, un groupement de professionnels se mobilise pour la création de «l'Associaton marocaine de la climatisation, de la ventilation et du froid». Cette association permettrait de relever les défis du secteur de la climatisation de manière organisée et mutualisée, permettant par la même occasion la création d'une base de données pour répertorier les chiffres et indicateurs, la typologie des métiers du secteur, etc. Autant de données inexistantes pour l'instant et qui permettraient de faire le suivi d'un secteur dont le potentiel, les activités et l'apport à l'économie, se trouvent escamotés, alors qu'en termes d'importance, celui-ci compte autant d'acteurs que de secteurs tels que celui du BTP. Selon Fabrizio Mezzadri, le directeur commercial d'Air Clima, une entreprise familiale spécialisée dans l'importation et la distribution de gammes de produits conçus pour le conditionnement de l'air, la plomberie et l'énergie solaire depuis plus de 25 ans, «le secteur est anarchique et est la victime de la politique du bas prix, qui fait qu'on ne respecte pas les réglementations sur toute la chaîne des métiers du conditionnement de l'air». Ceci serait beaucoup plus la cause d'une baisse continuelle des volumes des ventes, qu'une quelconque dépendance du secteur vis-à-vis de la conjoncture ou à d'autres secteurs tels que l'immobilier, le tourisme ou le BTP. En effet, sur vingt ans, les prix de vente des appareils de climatisation à titre d'exemple ont été divisés par dix au Maroc. Que le marché de la climatisation au Maroc soit ouvert à autant d'entreprises de par le monde n'est pas sans impact sur les entreprises marocaines, qui ne briguent même pas 30% du marché local, comme expliqué par le directeur du pôle services du fabricant «Hachani», Abdeslam Bouasria. Pour assurer sur un marché ouvert et concurrentiel tant au Maroc qu'à l'international où souhaiterait s'exporter le savoir-faire marocain, la seule solution est la certification, selon Bousaria, qui regrette la pénurie de laboratoires agréés dans certains types d'études nécessaires à la certification de produits spécialisés dans le conditionnement de l'air et dans la climatisation. Quant aux laboratoires internationaux, souvent le coût est jugé «trop cher» pour des fabricants locaux comme «Hachani».