Les investissements directs effectués par le Maroc en Afrique connaissent depuis une dizaine d'années une nouvelle dynamique. Favorisés, entre autres, par la libéralisation progressive de la réglementation des changes permettant notamment aux résidents d'investir en Afrique jusqu'à 100 MDH, ils ont atteint leur vitesse de croisière ces dernières années. En 2010, les investissements directs marocains en Afrique ont en effet atteint un record avec 4,6 MMDH, représentant ainsi 92,2% du total des investissements directs marocains à l'étranger. En 2012, ces investissements s'élevaient à 1,7MMDH contre 0,9MMDH en 2011, en hausse de 88,9%. Dans tous les cas, le contient noir se taille une part importante des investissements directs à l'étranger. Gisements de croissance Selon les données provisoires de l'année 2013 révélées par l'Office des changes, les investissements directs marocains en Afrique s'établissent à 1,2 MMDH et représentent 44,1% du total des investissements directs marocains à l'étranger. La part de l'Afrique dans le total des investissements directs marocains à l'étranger dépasse dans la plupart des cas 50%. Les niveaux les plus élevés ont été enregistrés durant les années 2009 (79,4%) et 2010 (92,2%). Dans le détail, la répartition par pays des investissements effectués en Afrique fait apparaître la Côte d'Ivoire en tête des pays destinataires de ces investissements au cours des années 2012 et 2013 avec 52,1% et 36,7% des investissements directs marocains en Afrique. Pour les autres pays, le Cameroun a occupé le premier rang en 2011 avec 47,7% et le Mali en 2009 et 2010 avec 54,1% et 34,1%. Les investissements directs effectués par le Maroc en Afrique sont réalisés dans plusieurs secteurs, dont essentiellement le secteur bancaire et les télécommunications. Au cours des cinq dernières années, le secteur bancaire a occupé la première position du total des investissements directs en Afrique en 2008 avec 90,4%, en 2011 (65,3%), en 2012 (75,3%) et en 2013 (56,3%). Quant au secteur des télécommunications, il a été classé au premier rang en 2009 et en 2010 avec respectivement 59,9% et 42,5%. Au cours des deux dernières années, l'investissement dans le secteur immobilier prend de l'ampleur, sa part passe de 7,5% en 2012 à 19,6% en 2013. Retour sur investissement L'autre revers de la médaille est que les investissements marocains réalisés en Afrique se traduisent par des gains importants. Ainsi, ces placements ont donné lieu à des rapatriements de dividendes qui s'élèvent pour les années 2008 à 2012 à 1,9 MMDH, réalisant un taux d'accroissement annuel moyen de 55,5%. Par rapport aux stocks d'investissements directs en Afrique (8,5MMDH), les dividendes rapatriés représentent 22,4%. Les dividendes rapatriés en provenance des pays de l'Afrique subsaharienne se situent pour la même période à 1,3 MMDH et concernent principalement le secteur des télécommunications et le secteur bancaire. Ventilés par pays, les dividendes rapatriés proviennent du Mali à hauteur de 25,4% à 335,8 MDH. Ce montant, rapporté au stock d'investissements directs au Mali (2,2MMDH), représente 15,3%. Le Burkina Faso intervient pour 12,3% ou 162 MDH, soit 24,2% du stock d'investissements dans ce pays et le Congo pour 11,1% ou 147,3MDH ou 38,8% de son stock. Par ailleurs, il y a lieu de souligner qu'une partie des revenus dégagés par les investissements directs réalisés en Afrique a été réinvestie sur place. Selon les données de l'enquête sur les investissements directs étrangers entreprise par l'Office des changes pour les années 2011 et 2012, les bénéfices réinvestis totalisent 903,5 MDH, en forte augmentation par rapport à 2011 où ils se situent à 354,9 MDH. Les trois premiers pays subsahariens concernés sont le Mali (17% ou 153,9MDH), la Côte d'Ivoire (10,9% ou 98,4 MDH) et le Gabon (8,7% ou 78,5 MDH). Ainsi, les dividendes rapatriés et les bénéfices réinvestis au titre de l'année 2012, rapportés au stock d'investissement dans ces pays, représentent 16% pour le Mali, 8,8% pour la Côte d'Ivoire et 7,7% pour le Gabon. Globalement, les dividendes rapatriés et les bénéfices réinvestis au titre des investissements en Afrique subsaharienne s'élèvent à 793,4 MDH en 2011 et à 1MMDH en 2012, soit respectivement 11% et 13,5% du stock d'investissements de ces pays. L'Eldorado africain Durant les dix dernières années, les flux d'investissements directs étrangers réalisés en Afrique ont enregistré, selon les données de la CNUCED, une forte augmentation, réalisant un taux d'accroissement annuel moyen de 10,7% entre 2003 et 2012, taux supérieur à celui enregistré par ces flux au niveau mondial, soit 8,4%. Pour les pays développés, ce taux n'a été que de 3,8%. L'Afrique est ainsi l'une des rares régions à avoir connu en 2012 une croissance des flux d'IDE pour la deuxième année consécutive avec une augmentation de 5%. Ces flux se sont élevés à 50 milliards de dollars contre 47,6 milliards de dollars en 2011, alors qu'ils n'étaient que de 18,2 milliards de dollars en 2003. Les investissements se font essentiellement dans les industries extractives et de plus en plus dans les secteurs productifs et des services. Dans ce contexte marqué par l'importance des capitaux étrangers reçus par l'Afrique sous forme d'investissements directs, le Maroc réalise l'essentiel de ces investissements à l'étranger dans ce continent.