Les travaux concernant l'usine de fabrication de lubrifiants Shell de Casablanca ont été lancés, mardi, en présence du ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement Fouad Douiri. Selon Vivo Energy Maroc, ils permettront, dans 18 mois, de tripler la capacité de l'usine mais également d'élargir sa gamme de produits, aussi bien pour la consommation locale que pour l'export. Ce projet est un élément fondamental du développement stratégique de la société.Le triplement de la capacité va en effet servir à deux niveaux la stratégie de Vivo Energy, surtout au Maroc où la société figure dans le top 3 des sociétés du secteur de commerce de gros de combustibles (CA de 10,2 MMDH en 2011, chiffres Inforisk). Cela devrait renforcer ce leadership en volume et en parts de marché. En outre, la modernisation de l'usine permettra à la société d'évoluer vers des produits plus innovants, à savoir les huiles synthétiques. Aujourd'hui, la production concerne exclusivement d'huiles minérales qui répondent de moins en moins aux exigences du marché et de l'environnement. De nouveaux véhicules arrivent sur le marché marocain, et ceux-ci n'ont pas les mêmes besoins que les anciens véhicules. De nouveaux besoins L'usine permettra ainsi à terme d'élargir la gamme de produits Shell fabriqués au Maroc. En effet, la société Vivo Energy est aujourd'hui contrainte d'importer un certain nombre d'applications de lubrifiants qui ne peuvent être produits localement. L'usine permettra donc de remédier à ce problème. Vivo Energy pourra alors même exporter en Afrique cette large gamme de lubrifiants. Les besoins en nouvelles applications de lubrifiants se font de plus en plus sentir sur le continent, notamment dans les mines (machines d'extraction minières), le transport (terrestre, ferroviaire, maritime et aérien) et l'énergie (centrales de production d'énergie). La vision à terme de Vivo Energy est ambitieuse: «dans dix ans, où que l'on soit en Afrique, on risque de trouver un véhicule ou un équipement utilisant les lubrifiants Shell produits au Maroc».Il est à noter que le projet sera réalisé en parallèle avec la production normale. Le volume de production de lubrifiants Shell passera ainsi de 27.000 tonnes aujourd'hui à 90.000 tonnes, et devrait atteindre dans une dizaine d'années 150.000 tonnes annuelles. 80% de cette production sera destinée à l'export, en Afrique. Le site des Roches Noires génèrera, selon le management du groupe, plus de 100 millions de dollars de recettes par an en devises à partir de 2015. On projette le frêt de 5.400 conteneurs par an depuis les ports de Casablanca et de Tanger Med. Il faut souligner que 70% des nouvelles infrastructures de l'usine seront réalisées par des sociétés marocaines (sauf quelques machines importées). Plus de 20.000 heures de travail seront ainsi nécessaires pour mener à bien la modernisation de l'usine, modernisation qui doit générer près de 250 postes directs et indirects. Parminder Kohli, DG de Shell & Vivo Lubrifiants. Le Maroc, notre plus marché Les ECO : Que représente le Maroc pour votre groupe ? Parminder Kohli : Le Maroc représente aujourd'hui 25% de notre activité lubrifiants en Afrique. En termes de production, il représente près de 30%. Avec le projet d'expansion de l'usine de Casablanca, le Maroc deviendra encore plus important puisqu'il représentera 60% de notre production en Afrique. 80% de cette production seront destinés à l'export. Un investissement de 70 MDH est dédié au projet d'extension de l'usine. D'autres investissements sont-ils prévus ? Cet investissement sera consacré au projet d'extension de l'usine qui est d'une durée de 18 mois, mais il faut savoir que chaque année il y a des investissements qui sont consacrés à l'usine. Les centres de production ne sont pas les seuls concernés. Tous les ans, des investissements sont également réalisés au niveau du marketing et des ventes. À titre d'exemple, cette année, nous avons le projet de former 10.000 mécaniciens dans le conseil de l'utilisation de l'huile pour le client final. Cette formation représente également un investissement dans le pays. Quelle est la taille du Maroc par rapport au marché africain ? Le Maroc représente une part importante de notre activité en Afrique. Il est normal qu'il concentre aussi une part importante des investissements. Ces derniers s'élèvent, cette année, 70% de l'investissement de notre groupe en Afrique. L'ambition est d'exporter 80% de la production marocaine en Afrique. Quels sont les pays visés ? Ce sont, en premier, les marchés proches du Maroc, à savoir l'Algérie et les marchés de l'Afrique de l'Ouest. Le Niger nous intéresse énormément aussi. Les marchés en Afrique subsaharienne comme la Zambie sont également visés. En résumé, il s'agit essentiellement des marchés où la marque Shell n'est pas présente. Combustibles, le marché disputé par trois opérateurs Selon les chiffres d'Inforisk, le CA cumulé par les entreprises du secteur du «commerce de gros de combustibles» s'est établi à 96,67 MMDH en 2011. L'activité sectorielle a fortement progressé entre 2009 et 2011 (+46). Le secteur est dominé par trois opérateurs qui réalisent 71% du CA sectoriel, à savoir Samir (51%), Vivo Energy Maroc (11%) et Total Maroc (9%). Le niveau de marge opérationnelle (résultat d'exploitation/chiffre d'affaires) réalisée par les entreprises du secteur se situe à 3,3% en 2011. Contrairement au CA, la marge opérationnelle sectorielle a connu une dégradation depuis 2009, passant de 4,2% en 2009 à 3,3%, soit une baisse globale de 0,9 point. Le niveau de rentabilité nette (résultat net/chiffre d'affaires) atteint, lui, 2,1% la même année. Tout comme la marge opérationnelle, la rentabilité nette s'est progressivement détériorée, passant de 3% en 2009 à 2,6% en 2010, et à 2,1% en 2011.